mardi 3 novembre 2009

GDF Suez entretient ses relations en Chine - Emilie Torgemen

Le Soir - 1E - ECONOMIE, mardi, 3 novembre 2009, p. 20

Energie. L'énergéticien courtise l'Empire du Milieu

Sous les plafonniers en cristal de l'hôtel Shangri-La, Gérard Mestrallet (PHOTO), le patron de GDF Suez, joue les représentants de commerce : Shanghai prévoit de construire un nouveau quartier d'affaires ? « Notre groupe peut permettre de limiter l'impact environnemental dès la conception. »

L'homme participait dimanche à l'International Business Leaders Advisory Council, comme quelques grands patrons internationaux qui une fois par an conseillent le maire de Shanghai devant les caméras. En coulisses, on entretient ses « guanxi » - c'est-à-dire ses relations -, précieuses pour vendre ses projets comme des parts de sa compagnie.

Or GDF Suez intéresse le fonds chinois China Investment Corp (CIC). Gérard Mestrallet l'a confirmé mi-octobre en se déclarant favorable à une collaboration capitalistique. Samedi en visite sur le pavillon français de la future exposition universelle de Shanghai, il a de nouveau tendu la main à de possibles investisseurs chinois : « Une participation a été évoquée », expliquait-il. « Si la CIC décidait d'investir, elle serait la bienvenue. » Il n'y aurait pas encore d'offre concrète, « à ma connaissance ils n'ont pris aucune décision », assurait le PDG de GDF Suez.

GDF Suez a investi un million d'euros de mécénat dans la future Expo 2010, une nouvelle occasion pour ce leader dans l'énergie et dans l'environnement de montrer ses réalisations. Dans le pavillon belge, ses filiales Laborelec et Electrabel présenteront par exemple la station polaire « zéro émission » de CO2.

Étrangement GDF Suez est absent du très alléchant marché chinois du nucléaire. La Chine qui produit 9 GW environ prévoit d'atteindre les 70 GW en 2020. « Nous sommes présents au Moyen-Orient, nous ne pouvons pas être partout », élude Gérard Mestrallet oubliant de préciser que la Chine reste un pari risqué. Les prix de l'électricité contrôlés par Pékin ne garantissent pas la rentabilité des investissements très lourds impliqués par chaque centrale. Sans compter que dans ce secteur hautement sensible, la signature d'un contrat ne suffit pas toujours. Areva en a fait l'expérience en 2008, quand un an après la vente de deux réacteurs EPR, son partenaire chinois a exigé un transfert de technologie sur le traitement des combustibles.

Hormis un petit bureau de représentation à Pékin, GDF Suez est uniquement implanté en Chine via sa filiale Suez environnement (détenue à hauteur de 35 %). Laquelle a pris pied sur le marché il y a trente ans, compte aujourd'hui 7.000 employés pour un revenu de 750 millions d'euros. La filiale vient encore de remporter un contrat pour la ville de Chongqing sur l'efficacité énergétique et environnementale. Avec 34 millions d'habitants, il s'agit de l'agglomération la plus peuplée du monde, sa superficie dépasse celle du Benelux. En février, Suez environnement avait déjà acquis 15 % de la compagnie municipale d'eau avec son partenaire historique, le hong-kongais New World. Et qui conseille le maire de Chongqing ? Gérard Mestrallet (PHOTO), bien sûr.

© Rossel & Cie S.A. - LE SOIR Bruxelles, 2009

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