L'annonce que Bruxelles pourrait prolonger les taxes sur les chaussures pour quinze mois irrite les autorités chinoises mais aussi une partie des Européens.
Le ministre du Commerce chinois ne décolère pas. L'intention de la Commission européenne de prolonger de quinze mois les taxes antidumping sur les chaussures à dessus de cuir en provenance de Chine et du Vietnam a fait l'effet d'une déclaration de guerre à Pékin : « La proposition de la Commission, si elle est approuvée, porterait atteinte aux intérêts des fabricants de chaussures chinois », a déclaré vendredi le porte-parole du ministère du Commerce de Pékin. « La Chine s'y oppose et exprime son fort mécontentement. »
Ces taxes de 16,5 % sur les produits chinois et de 10 % sur les vietnamiens avaient été introduites en octobre 2006 pour deux ans. Elles avaient ensuite été prolongées le temps que Bruxelles les réexamine. Les importations de chaussures de Chine et du Vietnam représentent, selon la Commission, de 25 % à 30 % du marché européen.
Des divergences
Paradoxalement, à la mi-novembre, une majorité de pays européens - 15 sur 25 -s'étaient prononcés contre la prolongation de cette mesure, lors d'une réunion d'un comité d'experts. En effet, de grands fabricants comme Adidas, Puma ou Timberland, mais aussi des PME, font fabriquer leurs modèles en Asie. Rassemblés dans l'Alliance européenne de la chaussure, ils ont, eux aussi, manifesté leur mécontentement contre la prolongation des taxes. L'Alliance s'est étonnée dans un communiqué que « la Commission ait choisi d'ignorer l'opinion d'une majorité d'Etats membres de l'UE. Cela montre non seulement un mépris absolu à l'égard de l'opinion des Etats membres de l'UE et des intérêts des consommateurs et des entreprises européens, mais aussi un nouveau degré de cynisme ».
En fait, il y a divergence en Europe entre les pays qui n'ont plus d'industrie de la chaussure comme les pays du nord de l'Europe et ceux qui en ont encore, comme l'Italie, et qui sont favorables à la prolongation des taxes. La décision pourrait être prise le 22 décembre, lors d'une réunion des ministres de l'Environnement de l'UE, la dernière réunion au niveau ministériel de l'année. Une certitude : les déclarations d'intention entendues à la réunion ministérielle de l'OMC à Genève, au début de la semaine dernière, en faveur de la libéralisation des marchés, paraissent bien loin.
MARIE-LAURE CITTANOVA
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire