Il s'en est fallu d'une voix seulement. Mardi, quinze pays européens sur vingt-sept ont voté la prolongation pour quinze mois des taxes antidumping qui avaient été imposées pour deux ans, en octobre 2006, sur les chaussures à dessus de cuir importées de la Chine et du Vietnam. Ces taxes, de 10 % pour les produits vietnamiens et de 9,7 % à 16,5 % pour les produits chinois, ne vont pas changer la face du commerce entre l'Europe et l'Asie. Mais elles ont piqué Pékin au vif. La Chine a donc immédiatement répliqué hier en décidant d'imposer des suppléments de droits douaniers de 16,8 % à 24,6 % sur certains types d'aciers européens, visant notamment les attaches, les vis et les boulons.
Premiers producteurs mondiaux d'acier, les Chinois, eux-mêmes soupçonnés de dumping par leurs concurrents, ne manquent pas de souffle. Ils accusent l'Europe de pratiquer un protectionnisme qui « nuit à la confiance mutuelle » et va « conduire à des pertes pour les deux parties ». Ils veulent également porter l'affaire devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Profiter de la division
Beaucoup de bruit pour des chaussures, dira-t-on. Surtout que cette industrie, contrairement au Vietnam où elle fait travailler 650 000 personnes, n'est pas vitale pour la Chine. Mais ces chaussures sont doublement symboliques. D'une part, elles mettent une fois de plus en lumière les nombreux coups de canif que Pékin porte aux règles des échanges internationaux depuis son adhésion à l'OMC en 2001. Mais elles soulignent d'autre part des divisions au sein de l'Europe dont la Chine entend bien profiter.
Si quelques pays, comme l'Italie, ont toujours une industrie de la chaussure bien à eux, d'autres, à l'image de la Grande-Bretagne, ont définitivement tourné la page. Timberland, Adidas, Puma, et bien d'autres producteurs européens fabriquent désormais leurs chaussures en Asie. Du coup, ce sont les consommateurs qui paient les taxes, ironise Pékin.
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