Les économistes du CEPR, un think tank britannique, estiment que le protectionnisme s'accentue, notamment vis-à-vis de l'Asie. Avec pour conséquence de menacer la contribution des exportations à la reprise.
Aucun doute, le Center for Economic Policy Research (CEPR), un « think tank » londonien, se montre beaucoup plus pessimiste - ou moins diplomatique - que l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Celle-ci estime en effet que, pendant la crise, le recours au protectionnisme a été limité et ne concerne guère que 1 % du volume du commerce mondial. Le CEPR, au contraire, dans son troisième rapport « Global Trade Alert » (GTA), a relevé un nombre croissant de mesures protectionnistes adoptées ou en cours d'adoption, y compris au moment où les grandes économies paraissent au seuil de la reprise.
Le rédacteur du rapport, Simon Evenett, reconnaît certes que l'on est loin du niveau de protectionnisme des années 1930, mais souligne que cette tendance a des conséquences néfastes : elle ferme des marchés et accentue donc la crise initiale, et pourrait limiter la contribution des exportations à la reprise économique. De plus, une fois ces réflexes protectionnistes éveillés, il est très difficile d'inverser la tendance.
Selon cette troisième édition du GTA, plusieurs pays ont multiplié les mesures protectionnistes, 297 au total. Parmi les grands pays développés, c'est le cas du Royaume-Uni, du Japon et des Etats-Unis. La Chine, le Mexique, l'Inde, l'Indonésie et la Russie ne sont pas en reste parmi les pays en développement. Dans les deux cas, les membres du G20 sont en première ligne, malgré leurs engagements de ne pas céder au protectionnisme. En outre, d'autres dispositions sont en préparation. En termes de secteurs, les métaux et produits chimiques de base sont les plus touchés.
La Chine particulièrement visée
Sans grande surprise, le pays le plus visé par ces différentes politiques est la Chine. Le premier exportateur mondial a été la cible de 146 mesures, imposées par 58 pays. Il faut réunir les 27 pays européens pour avoir une deuxième victime de 140 mesures. Inversement, la Chine, avec l'Indonésie et la Russie, figure parmi les pays qui ont pris le plus de mesures dommageables pour les autres économies.
MARIE-LAURE CITTANOVA
PHOTO - Reuters Pictures - Pascal Lamy (L) Director General of the World Trade Organization (WTO) talks to Indonesia's Trade Minister Mari Pangestu before the closing ceremony of the 7th WTO ministerial meeting in Geneva December 2, 2009.© 2009 Les Echos. Tous droits réservés.
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