mardi 23 février 2010

La Chine passe le cap du milliard d'utilisateurs de téléphone - Julie Desné

Le Figaro, no. 20392 - Le Figaro Économie, mardi, 23 février 2010, p. 23

Ce marché gigantesque est totalement contrôlé par des opérateurs chinois qui privilégient des équipementiers locaux.

Le colossal marché chinois de plus d'un milliard de personnes n'est plus un rêve mais bien une réalité pour l'industrie des télécommunications. La Chine a totalisé, en 2009, 1,06 milliard d'utilisateurs de téléphones, selon les chiffres publiés hier par le ministère de l'Industrie et des Technologies de l'information. Le grand gagnant est la téléphonie mobile, qui a enregistré une progression nette record de 106 millions d'utilisateurs, soit 747 millions au total, tandis que le nombre de lignes fixes recule à 268 millions d'abonnés, soit 27 millions de moins que l'année précédente. Un recul qui touche aussi bien les zones rurales qu'urbaines.

Ce gigantesque marché procure une base sans égal aux acteurs chinois du secteur. Aucun étranger ne peut être opérateur en Chine, les groupes chinois se partagent donc le gâteau. China Mobile écrase le secteur de sa toute-puissance avec 72 % de parts de marché contre 20 % pour China Unicom, son traditionnel rival, et 8 % pour China Telecom, le grand opérateur des lignes fixes arrivé sur le marché du mobile en 2008. Non seulement China Mobile domine par sa présence, mais c'est aussi lui qui enregistre les marges les plus significatives, de l'ordre de 20 % contre une croissance à un chiffre pour ses deux concurrents. « Il y a pour China Unicom et China Telecom une forte pression sur la rentabilité. Le coût de l'investissement pour la 3G (troisième génération de mobile) est très lourd et les dépenses publicitaires sont très élevées. Des coûts que China Mobile peut absorber en faisant des économies d'échelle vu sa taille », estime Fang Meiqin, analyste pour BDA China, cabinet de conseil en stratégie spécialisé dans les télécommunications, à Pékin. La marge de progression reste prometteuse puisque le taux de pénétration est de 56 %, selon les données de BDA China. Un chiffre élevé pour un pays émergent mais loin derrière ceux des marchés matures.

Taux de pénétration de 56 %

Les équipementiers ont aussi bénéficié de cette explosion du secteur en 2009, due principalement à l'arrivée tant attendue de la 3G. Le no 1 Huawei, qui a bâti son succès en se développant à l'étranger avec des produits à bas coût, a tiré 47 % de son chiffre d'affaires en Chine l'an dernier - soit 10 milliards de dollars, contre 25 % en 2008. Son grand rival ZTE aurait enregistré une croissance de ses ventes de 25 %, selon les premières estimations, grâce aux commandes de China Telecom pour le développement de ses équipements 3G. Les deux compagnies basées à Shenzhen, juste à côté de Hongkong, n'ont pas semblé affectées par la crise. À elles deux, elles totalisent la moitié des parts du marché chinois (fixes et mobiles compris), tandis que les grands noms étrangers peinent à se faire une place. Ericsson et Nokia-Siemens sont ex aequo à 13 %, tandis qu'Alcatel-Lucent compte pour 11 %. Les Chinois ont particulièrement investi sur la norme chinoise de 3G, TD-SCDMA, fermant toute une partie du réseau aux étrangers. Selon des analystes, le nombre d'utilisateurs de portables 3G pourrait être multiplié par quatre d'ici à la fin de l'année en Chine, avec 60 millions d'abonnés.

PHOTO - Chinese models show off the 'VEVA', a luxury mobile telephone by Chinese phone maker QXM at a ceremony in Beijing on April 16, 2009. QXM is a fast-growing luxury mobile handset manufacturer based in Beijing, with an average selling price of almost 270 USD, QXM's stylish VEVA brand, launched in May 2008, is designed mainly for China's fashion-conscious and upwardly mobile professional women aged 25-45, who have a disposable income of 10,000 USD.

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