Il est repassé devant la Chine en tant que premier détenteur de bons du Trésor américain.
La Chine s'enorgueillit de financer le déficit public américain chaque fois que l'occasion lui est donnée de croiser le fer avec les États-Unis. Et les occasions sont nombreuses.
Mais, depuis hier, et pour la première fois depuis septembre 1988, ce n'est plus elle le premier détenteur d'obligations d'État aux États-Unis, mais le Japon. Fin décembre dernier, les créanciers nippons, tant publics que privés, détenaient en effet, selon les chiffres du département du Trésor à Washington, 768,8 milliards de dollars de bons du Trésor, soit 1,5 % de plus qu'au mois de novembre. Les Chinois, hors Hongkong, n'en détenant plus que pour 755,4 milliards de dollars, soit 4,3 % de moins que le mois précédent. Le troisième détenteur, le Royaume-Uni, arrive loin derrière, avec 302,5 milliards de dollars.
Pékin veut garder la main sur le yuan
Ce basculement n'est pas sans signification. Il prouve d'abord que les Japonais, en dépit de la crise qu'ils traversent, ne placent pas tout leur argent chez eux mais augmentent régulièrement le montant des dettes publiques américaines qu'ils détiennent sans craindre de s'exposer outre mesure.
À l'inverse, il montre clairement la volonté de la Chine de marquer une certaine distance avec les États-Unis. C'est en réalité au tout début de l'été dernier qu'elle a commencé à le faire. En mai 2009, la Chine détenait encore pour 801,5 milliards de dollars de dettes publiques américaines. Mais, fin juin, ce chiffre était tombé à 776,4 milliards de dollars. Et, depuis, il n'a cessé de baisser.
« Clairement, les Chinois cherchent ailleurs qu'aux États-Unis des marges pour leurs investissements », note un économiste de Miller Tabak, à New York, interrogé par l'agence Bloomberg. C'est aussi pour eux une manière de montrer aux Américains qu'ils ont les moyens de résister aux pressions des États-Unis qui les accusent de ne pas respecter les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et de volontairement sous-évaluer leur monnaie, le yuan, pour gagner des parts de marché à l'étranger.
Le mois dernier, Chen Deming, ministre chinois du Commerce, leur répondait d'ailleurs froidement en affirmant que seul un taux stable du yuan aiderait l'économie mondiale à sortir de la crise et que la Chine entendait régler le problème des taux de change de sa monnaie « de manière graduelle et contrôlable, basée sur l'offre et la demande du marché ».
Pékin, en réduisant ses achats de bons du Trésor, donne un signal fort à Washington. Alors que la Chine commence à tester une semi-convertibilité du yuan à Hongkong et à Macao, elle veut impérativement garder la haute main sur sa monnaie.
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Le Monde - Economie, mardi, 16 février 2010, p. 15 Tokyo Correspondant - Le Japon a enregistré une sensible progression de son produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre 2009, un gain qui lui permet de conserver son rang de deuxième économie mondiale, devant la Chine. La croissance, de 1,1 % par rapport au trimestre précédent et de 4,6 % en glissement annuel, dépasse les prévisions des économistes, qui s'attendaient à 3,7 %. Entre juillet et septembre, la croissance avait été de 1,3 % en glissement annuel. Le bon chiffre du quatrième trimestre a fait dire à Keisuke Tsumura, du Bureau du gouvernement, que « les risques de rechute s'amenuisent un peu ». Une position prudente, car l'activité a beaucoup bénéficié des aides gouvernementales. « Les conditions économiques réelles restent difficiles », a ajouté le porte-parole du gouvernement, Hirofumi Hirano. La croissance enregistrée met fin à une année difficile pour le pays. Le PIB a reculé en termes réels de 5 % en 2009, un repli jamais observé depuis 1955. Il s'établit à 474 924 milliards de yens (3 871 milliards d'euros). Celui de la Chine atteignait, fin 2009, 33 500 milliards de yuans (3 594 milliards d'euros). Le passage de témoins entre les deux premières économies asiatiques est attendu en 2010, voire 2011, en raison de la vigueur de la croissance chinoise, très supérieure à celle du Japon. Cependant, cette perspective ne suscite pas de drame dans l'Archipel, où le discours dominant est plutôt : « Qu'importe la position, du moment que nous conservons nos spécificités. » Le rebond d'activité observé au Japon doit beaucoup à la vitalité de la Chine, qui est aujourd'hui son premier partenaire commercial. Les industriels de l'Archipel bénéficient dans ce pays de débouchés qu'ils ne trouvent plus en Amérique du Nord ou en Europe. La hausse de 5 % des exportations entre octobre et décembre en est l'illustration. Une évolution qui a favorisé la progression - la première depuis le premier trimestre 2008 - de 1 % des investissements des entreprises. La hausse du pouvoir d'achat des Chinois sert la politique touristique du Japon, qui a assoupli en juillet 2009 les règles d'octroi de visas. En 2009, l'Archipel a enregistré une baisse de 18,7 % du nombre de touristes. Seuls les Chinois ont été plus nombreux à venir. La croissance entre octobre et décembre a également bénéficié d'une consommation des ménages en hausse de 0,7 %. Les particuliers ont accru leurs dépenses, notamment dans l'automobile et l'électronique, deux domaines qui faisaient l'objet d'aides gouvernementales. Ces bons chiffres compensent le recul de 1,6 % des investissements dans les travaux publics. Pour la Banque du Japon (BoJ), la progression du PIB est une bonne nouvelle. L'établissement central est soumis à une pression certaine pour alléger sa politique monétaire, en raison notamment du retour de la déflation depuis le début 2009. Or, son taux directeur reste à 0,1 % et ses marges de manoeuvre paraissent réduites. La question est de savoir si la bonne dynamique observée fin 2009 peut se poursuivre. Malgré les incertitudes sur la solidité de la reprise en Amérique du Nord et en Europe, le Japon peut compter sur le dynamisme chinois et des autres nations émergentes pour ses exportations. Le gouvernement mise par ailleurs sur sa politique d'octroi d'allocations diverses pour soutenir la consommation. La déflation et le renforcement du yen risquent néanmoins de peser sur les résultats des entreprises, qui pourraient décider de nouvelles baisses des rémunérations. En 2009, le salaire mensuel moyen versé par les entreprises privées a reculé, pour la troisième année consécutive (- 3,9 %), à 315 164 yens (2 600 euros). De nouvelles réductions, ajoutées à l'affaiblissement de l'effet des plans de relance du gouvernement, nuiraient à la consommation. Il en est de même du chômage (5,1 % de la population active): de nombreuses entreprises reconnaissent être en sureffectif, et ilpourrait augmenter. La production industrielle reste sous le niveau d'avant la crise et elle ne devrait pas atteindre les 90 % de ce niveau avant la fin de l'année. Dans ce contexte, les économistes attendent une croissance moins soutenue aux deux premiers trimestres 2010. Pour l'exercice fiscal 2010, qui commence le 1er avril, le gouvernement l'estime à 1,4 %.
Le Japon reste la deuxième économie du monde grâce à sa forte croissance fin 2009 - Philippe Mesmer
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