La région administrative spéciale craint des bulles spéculatives et prépare des mesures pour enrayer tout risque de surchauffe.
Pour le meilleur et pour le pire. La formule consacrée des mariages va comme un gant à Hongkong. La Chine, avec sa formidable croissance (10,7 % au dernier trimestre 2009), tire certes la reprise de la Région administrative spéciale (RAS), politiquement inféodée à Pékin mais économiquement et financièrement indépendante. Toutefois, elle menace aussi de précipiter le territoire dans la spirale de la surchauffe.
« Le risque potentiel de voir se former des bulles spéculatives est grand », reconnaît Norman Chan, directeur exécutif de l'Autorité monétaire de Hongkong.
En Chine, les prix s'envolent depuis plusieurs mois déjà de manière excessive, et de nombreux experts mettent en garde le pays contre les dangers d'une rechute. Mi-janvier, à l'occasion de l'Asian Financial Forum, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), appelait à la mise en place de mesures de contrôles des capitaux en Asie en précisant : « Tant que c'est temporaire, c'est probablement le seul moyen » d'éviter que ne se forme une bulle. Pékin ne fait pas autre chose lorsqu'il limite le crédit bancaire à 7 500 milliards de yuans (773 milliards d'euros) en 2010, contre 9 590 milliards de yuans (966 milliards d'euros) l'an denier.
« Les Chinois dépensent sans compter »
Le gouvernement de Hongkong se croyait à l'abri. Mais c'était oublier que les deux puissances « sont liées par des intérêts à double sens parfaitement compris d'un côté comme de l'autre », comme le rappelle Victor Visot, président des conseillers du Commerce extérieur de la France.
La ville est un chantier permanent. « 500 immeubles sortent de terre chaque année, observe Edward Yau, ministre de l'Environnement, en pointant du doigt les tours en construction autour de son bureau. Tout en hauteur et en respectant de nouvelles normes écologiques », précise-t-il, soucieux de faire remarquer que 70 % du territoire reste sauvage.
Même à 710 000 dollars de Hongkong (66 700 euros) le mètre carré pour un appartement avec vue sur la mer, les programmes s'arrachent comme des petits pains. Les Chinois du continent sont les premiers clients des promoteurs de Hongkong. « Tout l'establishement de Pékin et de Shanghaï, tous les grands managers ont un pied-à-terre ici qu'ils y disposent ou non d'une entreprise, affirme Edward Leung, économiste en chef au Hongkong Trade Development Council. Ce sont eux qui achètent les biens les plus chers et ils ont permis que, contrairement à la crise financière de 1997-1998, les prix de l'immobilier ne s'effondrent pas. »
Ils investissent d'autant plus facilement que les autorités chinoises ont autorisé les banques du continent à s'installer à Hongkong. Dans les magasins de luxe du quartier de Central, on reconnaît tout de suite les Chinois à leur mandarin, alors que tout le monde ici parle cantonais. « Ils ont de l'argent, ils le dépensent sans compter et assurent aujourd'hui 60 % des ventes des plus grandes marques », estime Victor Visot.
Après avoir baissé de 20 % à l'automne 2008, les prix de l'immobilier flambent à nouveau, observe Helen Chan, économiste pour le gouvernement. Surtout dans le haut de gamme, où ils ont augmenté de 30 % en 2009, en même temps que les transactions explosaient, portées par des taux d'intérêt très bas (0,5 % de taux de base).
Certes, « le risque d'une bulle n'est pas imminent, » temporise un spécialiste de Nomura sur place. Mais il est suffisamment réel pour que les autorités de Hongkong, tout en affirmant « ne pas contrôler les mouvements de capitaux », envisagent de prendre des mesures administratives pour enrayer toute surchauffe. Comme elles l'avaient fait en octobre dernier, en augmentant les dépôts sur les appartements les plus luxueux.
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