RIO TINTO et Google. Ces derniers mois, deux affaires sont venues rappeler spectaculairement que l'environnement des affaires, ici, avait bien ses fameuses « caractéristiques chinoises », plus souvent pour le pire que le meilleur. Et qu'il avait même tendance à devenir de plus en plus dur pour les entreprises étrangères, avec un accès restreint au marché, un interventionnisme politique lourd et un système légal opaque.
Les signaux d'alarme sont tirés un peu partout, des États-Unis à l'Australie en passant par l'Europe. Fin janvier, le secrétaire américain au Commerce, Gary Locke, a dénoncé les trop nombreux « casse-tête » auxquels sont confrontés les entrepreneurs américains et étrangers en Chine, en dénonçant les « obstacles » liés à l'application de la loi et l'instauration de nouvelles règles restreignant l'accès au marché chinois. « Dans le déséquilibre commercial avec la Chine, il y a bien sûr des problèmes généraux, comme la monnaie ou la structure de nos industries, confie au Figaro Serge Abou, ambassadeur de l'Union européenne à Pékin, mais il y a aussi le fait que le marché chinois n'est pas assez ouvert, pas aussi ouvert que le nôtre. »
Depuis longtemps, les entreprises étrangères se plaignent du terrible processus de certification, le CCC (Chinese Compulsory Certificate), aussi coûteux que lourd, et de plus en plus complexe. « Qu'il s'agisse d'une machine-outil ou d'un hélicoptère, on vous demande tous les plans et les éléments les plus précis, confie un homme d'affaires, et le panel qui examine tout cela est composé notamment de vos concurrents! C'est surréaliste... » Mais les inquiétudes étrangères se focalisent aujourd'hui sur la nouvelle directive de 2009, qui donne aux entreprises affichant une « innovation indigène », donc chinoises, une préférence pour tous les appels d'offres publics en Chine. Un enjeu de taille pour les Occidentaux, compte tenu de la taille du secteur public chinois.
Protéger ses champions
Lors de la remise de son dernier rapport, le président de la Chambre de commerce européenne en Chine, Joerg Wuttke, a dénoncé un protectionnisme déguisé, des « procédures d'appels d'offres si brumeuses qu'il est très facile d'être techniquement disqualifié » et excluant de facto les étrangers. Notamment dans les secteurs privilégiés par le plan de relance chinois, dont celui du « Vert ». Légalement, la Chine n'a il est vrai aucune obligation puisqu'elle n'a pas encore adhéré au « Code des marchés publics » de l'OMC (Organisation mondiale du commerce). Mais ces pratiques sont en parfaite contradiction avec le discours officiel, dénonçant les mesures protectionnistes contenues dans le plan de relance américain (le « buy american »).
Malheureusement, les acteurs étrangers s'attendent à ce que les conditions pour opérer sur le marché chinois se durcissent encore. « Nos entreprises ont sans doute mangé leur pain blanc sur le marché chinois, estime Jacques Gravereau, président d'HEC Eurasia Institute, après avoir longtemps engrangé capitaux et technologies venus de l'extérieur, la Chine entreprend maintenant de protéger ses champions nationaux, quitte à s'asseoir sur les principes d'une OMC dont elle a pourtant quémandé l'admission pendant quatorze ans. »
Cette nouvelle donne est une des explications de la tension sino-américaine actuelle, qui se cristallise autour du brûlant sujet de la sous-évaluation du yuan. « Longtemps, les milieux d'affaires américains, ou européens d'ailleurs, tempéraient les hommes politiques pour qu'ils ne gênent pas le business en importunant la Chine sur les droits de l'homme par exemple, commente Lai I-Chung, du Taiwan Thinktank, aujourd'hui, la crise étant passée par là, ils en ont assez d'un déséquilibre de traitement où ils gagnent de moins en moins, et ce sont eux qui poussent Washington ou Bruxelles à hausser le ton contre Pékin. »
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1 commentaires:
Quand les américains ou les européens vont ils enfin se décider à attaquer la Chine devant l'OMC ?
When USA and Europe are they going to decide to sue China at the WTO ?
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