mercredi 10 mars 2010

La Chine sceptique sur le rendement de l'or à long terme - Massimo Prandi

Les Echos, no. 20632 - Marchés, mercredi, 10 mars 2010, p. 33

Les autorités de Pékin n'ont pas l'intention de remplir leurs coffres de métal jaune. Si elles reconnaissent l'appréciation de ce véhicule de placement ces dernières récentes années, elles doutent de sa capacité d'apporter un bon rendement sur des longues périodes. Sur trente ans par exemple.

Les investisseurs qui spéculent depuis plusieurs années sur une demande additionnelle d'or de la part de Pékin en sont pour leurs frais. S'exprimant hier devant la session annuelle du Parlement, Yi Gang, le responsable de l'administration étatique des changes, a reconnu que le métal jaune n'est pas un mauvais actif, mais il ne représentera jamais une grosse portion des réserves de change chinoises. Fin décembre, les 1.054 tonnes d'or conservées dans les coffres de l'Etat chinois ne comptaient que pour environ 1 % du total des réserves de change du pays. Un pourcentage minuscule comparé à ceux des Etats-Unis (69 %), de l'Allemagne (65 %), de l'Italie (63 %) ou de la France (64 %). Yi Gang a souligné que « le marché international de l'or est très limité. Si j'en achète à une échelle massive, ses prix vont s'envoler ». Dès lors, même si « un grand nombre de nos amis nous ont dit que nous devrions accroître nos réserves en or, nous adopterons une approche prudente en la matière, conformément aux conditions de marché », a-t-il poursuivi. Prudence d'autant plus opportune que « le rendement de l'or n'est pas très bon sur une période de trente ans », en dépit de sa « très jolie appréciation des dernières années ». Le représentant du gouvernement a particulièrement stigmatisé la volatilité des cours à longue échéance. « Il est, de fait, impossible que l'or devienne un débouché d'investissement important pour les réserves de change de la Chine », a-t-il tranché. « J'ai 1.000 tonnes actuellement et même si je doublais ce montant, compte tenu des cours actuels, cela ferait environ 30 milliards de dollars. Cela ne ferait que porter la part de l'or dans les réserves chinoises à environ 2 %, contre le niveau actuel de 1 % », a-t-il détaillé. Dans l'heure qui a suivi ces propos, le cours du métal jaune a chuté de 3 dollars l'once. La baisse a été partiellement résorbée par la suite car plusieurs opérateurs avaient déjà anticipé la position chinoise.

Le pari sur l'or du FMI

Les espoirs d'une incursion de Pékin sur le marché du métal jaune avaient été ravivés en avril 2009 quand les autorités avaient fait part de l'augmentation de 454 à 1.054 tonnes entre 2003 et 2009 des réserves de change exprimées dans ce précieux. Plus récemment, certains investisseurs ont parié sur la Chine parmi les états qui pourraient se porter candidats à l'achat d'une partie des 191 tonnes d'or qui restent à vendre par le FMI. Un pari dont la pertinence est loin de faire l'unanimité. De retour d'une série de rencontres en Asie, Aaron Regent, le patron du premier groupe aurifère mondial Barrick Gold, a déclaré récemment aux « Echos » : « Je ne crois pas que la banque centrale chinoise se portera candidate à l'or du FMI. Je ne crois pas non plus que Pékin diversifie rapidement ses réserves de change en faveur du métal jaune. La relation avec le dollar est trop forte et les Chinois n'agissent jamais sous la pression. Une hausse brutale de 20 % des réserves officielles chinoises en or pourrait se traduire par une dépréciation de 5 % du billet vert. » Une éventualité qui rebute Pékin.

MASSIMO PRANDI

PHOTO - A man touches a 220 kg (485 pounds) gold bar, worth around $7.9 million at today's price, on display at the Jinguashi Gold Ecological Park in Taipei County March 5, 2010. The Jinguashi Gold Ecological Park said the gold bar is Taiwan's largest. Spot gold was at $1,132.70 an ounce by 0258 GMT, up $1.25 from New York's notional close on Thursday, when it extended losses as investors booked profit from this week's rally to a 6 week high.

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