Après deux ans d'ennuis judiciaires, le fils du fondateur de l'empire Samsung, âgé de soixante-huit ans, reprend du service. Il devra trouver des relais de croissance, alors que la concurrence malmène le leader coréen.
Le patriarche est de retour. A soixante-huit ans, Lee Kun-hee vient de retrouver son fauteuil de président-directeur général de Samsung Electronics, la plus grande firme de Corée du Sud. Il revient à un poste qu'il a occupé de 1987 à 2008, mais qu'il avait dû quitter en pleine tempête judiciaire. Le patron du premier groupe d'électronique mondial, fondé par son père, s'est retrouvé au centre d'un scandale, soupçonné d'avoir oeuvré secrètement pour favoriser son propre fils et héritier, Lee Jae-young, devenu depuis vice-président.
La famille Lee possède 3,38 % de Samsung Electronics, mais un système complexe de participations croisées lui permet de contrôler le groupe. L'an dernier, le très influent homme d'affaires a été blanchi de tous les chefs d'accusation lancés à son encontre, y compris de celui d'évasion fiscale.
Gagner en visibilité
S'il revient à présent à la tête du groupe au lieu de prendre sa retraite, c'est précisément parce que Samsung a besoin d'un nouveau souffle. « Nul ne sait ce qui pourrait advenir de Samsung à un moment où même des groupes globaux volent en éclat », indiquait hier le porte-parole, sur un ton volontiers dramatique. Avec ses 277.000 employés, Samsung a plutôt bien traversé la crise et s'attend pour 2010 à une nette progression de son résultat opérationnel et de ses ventes. En outre, l'entreprise, qui se développe dans les « smartphones », a commencé ce mois-ci à commercialiser ses premiers téléviseurs 3D aux Etats-Unis.
Mais le chaebol, numéro deux mondial de la téléphonie mobile et leader pour les téléviseurs à écran plat, doit faire face à la pression exacerbée de ses concurrents. « D'ici à dix ans, si nous ne faisons rien, nos produits et nos activités, ce qui fait Samsung aujourd'hui, seront dépassés. Nous n'avons pas de temps à perdre, il faut aller de l'avant », a indiqué hier le président. La concurrence, selon les domaines, n'est pas que taïwanaise ou japonaise. LG, par exemple, l'autre grand chaebol coréen de l'électronique, a démarré en mars 2009 la production de dalles-mères à cristaux liquides de huitième génération, et déjà atteint 100.000 unités par mois. Cela ne lui permet pas encore de rattraper le joint-venture Samsung-Sony (210.000), mais un récent investissement devrait lui permettre d'atteindre 220.000 unités par mois en juillet 2011. Si l'on y ajoute un projet d'usine à Canton (sud de la Chine), la capacité totale de LG Display sera en 2012 de 408.000 panneaux par mois.
Le retour de Lee doit déjà redonner de la visibilité au groupe, estiment les spécialistes, qui voient également dans la présence du descendant du fondateur le retour d'une caution familiale à la tête de l'entreprise. Une notion toujours importante en Asie. Il devra aussi trouver de nouveaux relais de croissance pour les vingt prochaines années. Tout en assurant, bien sûr, le passage de témoin à son fils.
MICHEL DE GRANDI
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