New Delhi veut créer un fonds souverain pour financer ses acquisitions pétrolières.
L'éléphant ne court pas encore aussi vite que le dragon, mais l'Inde avance sans complexe sur les traces de la Chine en Afrique. Le ministre de l'Énergie indien, qui souhaite que la société nationale Oil and Natural Gas Corp (ONGC) accélère ses acquisitions à l'étranger cette année, a officiellement demandé à son collègue des Finances de mettre en place un fonds souverain, le premier pour l'Inde, qui permette au pays de concurrencer la Chine sur les marchés des matières premières.
Rien n'a filtré sur la date à laquelle il pourrait être lancé, ni sur son ampleur, mais il devrait être financé en grande partie par les 254 milliards de dollars de réserves de change indiennes.
En ligne de mire, l'Afrique, où ONGC a passé en janvier un accord d'investissement de 359 millions de dollars au Nigeria et où New Delhi convoite les sous-sols de l'Angola, du Soudan et de l'Ouganda. Les ambitions de l'Inde n'ont, certes, rien de comparable avec celles de la Chine - qui avait investi, fin 2008, 7,8 milliards de dollars en Afrique et importé pour 32 milliards de dollars de pétrole, de charbon et de minerais -, mais elle propose aujourd'hui, elle aussi, de rénover des raffineries, de reconstruire des voies de chemin de fer, d'ouvrir des routes.
Les Bric reprennent du poil de la bête
Depuis la crise, les Bric, acronyme qui désigne le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, ont repris du poil de la bête. Ces pays, qui ont mieux résisté que les autres à l'effondrement des subprime, deviennent d'énormes pompes aspirantes des ressources naturelles dont ils ont impérativement besoin pour assurer leur développement industriel. L'Inde, qui a réussi à maintenir une croissance de plus de 7 % en 2009-2010, prévoit que son PIB (produit intérieur brut) progressera de 8,5 % cette année et de 9 % en 2011-2012. Elle envisage même une croissance à deux chiffres à partir de 2013!
Cette croissance, il lui faut bien évidemment l'alimenter. Or le pays dépend à 75 % de l'étranger pour ses approvisionnements pétroliers, un chiffre nettement supérieur aux 52 % de la Chine.
La Russie vient de lui promettre 16 réacteurs nucléaires, dont la moitié pourraient être livrés entre 2012 et 2017, mais en attendant, l'Inde doit sécuriser ses sources d'énergie quel qu'en soit le prix.
Pour commencer, le gouvernement, qui n'a pas les moyens des Chinois, forts de leurs 2 400 milliards de dollars de réserves de change, veut avancer prudemment. « Nous demandons à nos sociétés pétrolières de réaliser au moins un gros rachat par an », précise un responsable du ministère de l'Énergie interrogé par l'agence Bloomberg, qui se félicite de l'entrée, le mois dernier, d'Oil and Natural Gas Corp dans un gisement au Venezuela.
Mais l'Inde, comme la Chine, ne va pas s'arrêter au pétrole. Elle s'intéresse à toutes les matières premières, notamment au phosphate du Sénégal, pays où elle a récemment décidé de recapitaliser la société qui était son principal fournisseur.
Elle multiplie également les prêts aux pays africains qui ont besoin d'argent, comme l'Angola à qui elle a avancé 70 millions de dollars.
La somme en soi n'est pas importante, comparée aux 10 milliards prêtés par Pékin. Mais « nous sommes un pays bien plus petit que la Chine, donnez-nous vingt ans et nous allons les rattraper », promet l'ambassadeur indien dans ce pays.
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