L'Administration américaine reproche à Stanley Ho, le magnat chinois des casinos, d'entretenir des liens avec les triades.
Arnaud de La Grange
Le « roi du jeu » de Macao, Stanley Ho, serait au mieux avec les redoutables triades chinoises. C'est du moins ce qu'affirme le rapport d'une administration américaine rendu public cette semaine. Bien sûr, ce n'est pas la première fois que l'on prête des relations sulfureuses au célèbre tycoon, qui règne sur les casinos de l'ancienne colonie portugaise depuis quatre décennies. Dans ce secteur d'activités, officient peu d'enfants de choeur. Mais ces lourdes accusations provenant d'une autorité américaine font tache.
Ces liaisons dangereuses sont mises en avant par un rapport rédigé en mai 2009 par le bureau en charge des jeux du département de la Justice de l'État du New Jersey. À l'époque, il se penche sur une coentreprise associant MGM Mirage et la fille du magnat de Macao, Pansy Ho. Et sur des opérations de vente concernant un énorme complexe hôtelier d'Atlantic City, la deuxième ville du jeu des États-Unis.
Le rapport stipule que Stanley Ho a permis « au crime organisé d'opérer et de prospérer à l'intérieur de ses casinos », notamment en créant à partir des années 1980 des « salles de jeux VIP ». Des relations étroites auraient ainsi été tissées avec des membres des triades 14K et Sun Yee On. D'autres sources parlent aussi de blanchiment d'argent pour les Nord-Coréens. La conclusion est que Pansy Ho est un « partenaire inapproprié », du fait de sa dépendance financière avec son père.
L'homme est une institution, au mieux avec les autorités de Pékin. Depuis 2008, il est d'ailleurs membre de la CCPPC (Conférence consultative politique du peuple chinois).
En 2007, il a déboursé 8,8 millions de dollars pour acquérir une tête de cheval, l'une des fameuses pièces pillées au palais d'Été de Pékin en 1860 par les troupes franco-britanniques et qui ont fait tant parler d'elles lors de la vente de la collection Bergé-Yves Saint Laurent. Avant de l'offrir à la Chine, qui a salué un « geste patriotique ». Lors du passage de la flamme olympique à Macao, en 2008, il était l'un des relayeurs.
À 88 ans, il a d'ailleurs gardé une élégante silhouette. Et une forme entretenue par une heure de natation quotidienne, jusqu'à de récents problèmes de santé. Il est toujours sous étroit contrôle médical, après être sorti ce mois-ci de l'hôpital où il a fait un long séjour après une lourde opération neurologique. Il a eu 17 enfants de quatre femmes, et la presse de Hongkong relatait récemment comment toute sa famille était insérée dans de puissants réseaux politiques et financiers.
Stanley Ho, qui détenait jusqu'en 2002 le monopole sur les casinos de Macao, a toujours nié toute collusion mafieuse et n'a jamais été inquiété par la justice. Le rapport du New Jersey n'apporte d'ailleurs aucune preuve à l'appui. Selon le magazine Forbes, il aurait été le milliardaire de la région le plus touché par la dernière crise, sa fortune fondant de 89 % pour tomber à un milliard de dollars en 2009. Depuis, les affaires auraient salutairement repris.
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