Dans une étude présentée hier, la Chambre américaine de commerce affirme que ses membres se plaignent de l'application hasardeuse des lois et règlements en Chine.
L'iPad n'a pas encore été officiellement lancé en Asie. Mais, trois semaines seulement après sa mise en vente aux Etats-Unis, les consommateurs chinois peuvent déjà acheter des copies de la tablette d'Apple dans les malls d'informatique des grandes villes du pays. Sur quelques sites de vente en ligne, des modèles très inspirés du produit original sont également négociables à 2.580 yuans (410 dollars). Si ces ventes restent pour l'instant anecdotiques, elles ne vont pas manquer d'alimenter le ressentiment des entreprises américaines qui se sont publiquement inquiétées, hier, d'une certaine dégradation du climat des affaires en Chine.
Présentant son « livre blanc » annuel, la Chambre américaine de commerce en Chine a indiqué que ses membres avaient le sentiment de ne pas être protégés équitablement contre la contrefaçon, qui touche tous les secteurs économiques. « Les autorités ont tendance à défavoriser les détenteurs étrangers de droits » dans les conflits sur la propriété intellectuelle, a même commenté Lester Ross, un avocat, membre de la Chambre de commerce.
Les discriminations avantageant les groupes locaux se multiplieraient, a pointé le juriste. Il a ainsi dénoncé la lenteur des procédures d'approbation des opérations étrangères de fusions-acquisitions qui tranche avec la légèreté ou « même l'absence » d'enquête pour les opérations chinoises. De même, les lois sur la protection de l'environnement sont désormais appliquées avec plus de rigueur sur les investisseurs non chinois, a expliqué l'avocat. Dans les appels d'offres portant sur des marchés publics, les étrangers se sentent aussi officieusement écartés. « Si la plupart des groupes continuent d'être optimistes sur le potentiel du marché chinois, beaucoup commencent à s'interroger sur leur viabilité en Chine à long terme quand ils font face aux obstacles liés à un environnement réglementaire de plus en plus difficile », confirme l'étude, qui regrette que des mêmes lois soient appliquées différemment d'une région du pays à l'autre.
Un impact négatif
Interrogeant régulièrement ses membres sur leur perception de l'environnement des affaires, la chambre a découvert que pour la première fois en douze ans, ces problèmes réglementaires apparaissaient, cette année, comme les plus redoutés et supplantaient les traditionnelles angoisses sur la hausse des salaires ou l'important turnover des effectifs locaux.
Dans ce contexte compliqué, les groupes américains souhaiteraient que Washington use de son influence politique pour pousser Pékin à mieux protéger leurs investissements ou à ouvrir plus généreusement certains des marchés encore partiellement interdits aux étrangers plutôt que pour réclamer une réévaluation du yuan. « Ce n'est pas une priorité » pour les entreprises américaines travaillant en Chine, a insisté Christian Murck, le président de la chambre de commerce, avant d'expliquer qu'une appréciation de la devise chinoise ne provoquerait pas la création de beaucoup d'emplois aux Etats-Unis et aurait même un impact négatif sur les grands distributeurs qui achètent massivement des marchandises « made in China ». « Mettre l'accent sur ce seul sujet est probablement une erreur », a renchéri le responsable qui se rendra la semaine prochaine aux Etats-Unis pour présenter les conclusions de son « livre blanc » à l'administration Obama et au Congrès.
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