La pandémie grippale n'est pas sa première épreuve du feu et elle n'est pas près d'abandonner. Directrice exécutive de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis le 9 novembre 2006, le docteur Margaret Chan, 63 ans, défend la ligne qu'elle a toujours tenue : l'OMS n'a pas surréagi face au nouveau virus grippal A(H1N1) et elle n'a pas agi sous influence. Néanmoins, le docteur Chan a dû concéder la mise en place d'un comité d'experts indépendants sur la réponse de l'OMS au virus - entre autres, sur le fonctionnement du comité d'urgence mis en place à partir de l'alerte mondiale devant la flambée épidémique due à la grippe A(H1N1).
Hongkongaise, Margaret Chan a fait ses études de médecine au Canada, pays dont elle possède aussi la nationalité, tout comme son mari, également originaire d'Hongkong. Elle débute sa carrière en 1978 dans les services de santé de l'ancienne colonie britannique, rétrocédée depuis à la Chine populaire. Elle est nommée directrice de la santé du territoire en 1994, un poste qu'elle occupera durant neuf ans. Elle fut, de ce fait, en première ligne en 1997 lors de l'épidémie locale de grippe aviaire due au virus H5N1. Margaret Chan fit abattre plus d'un million et demi de poulets. Une option radicale qui mit un terme à la flambée épidémique.
Elle fut de nouveau la principale décisionnaire face à l'épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), qui frappa durement Hongkong en 2003. Sa gestion de la crise fut controversée. En 2004, une commission d'enquête la mit en cause, estimant son action « non satisfaisante » parce qu'elle n'avait pas détecté les signaux précoces de l'épidémie qui couvait depuis novembre 2002 dans la province chinoise voisine du Guangdong. Pour sa défense, Margaret Chan avait alors souligné la difficulté à obtenir des informations de Chine, un point sur lequel elle s'accordait avec l'OMS, dirigée alors par le docteur Lee Wong-jook.
Elle rejoint l'OMS en 2003 comme directeur du département protection de l'environnement humain. Nommée, en juin 2005, directrice pour les « maladies transmissibles : surveillance et action », elle devient aussi représentante du directeur général chargé de la grippe pandémique. Elle obtient par la suite la haute main sur les maladies transmissibles, avec un titre de sous-directrice générale.
Gestion imparfaite
Son élection en 2006, après le décès subit du docteur Lee, constitue la première nomination d'une citoyenne chinoise à la tête d'une institution du système des Nations unies. A l'époque, l'OMS dispose depuis 2005 d'un nouveau règlement sanitaire international, devenu un outil juridiquement plus contraignant à l'égard des Etats.
La décision de Margaret Chan de lancer, le 24 avril 2009, une alerte mondiale devant la flambée épidémique due à un nouveau virus grippal au Mexique et aux Etats-Unis, qui aboutira à la proclamation d'une situation de pandémie le 11 juin 2009, n'en aura que plus de poids. Accueillant, le 12 avril, les vingt-neuf membres du comité d'experts indépendants au siège de l'OMS, Margaret Chan a affirmé : « Nous voulons savoir ce qui a bien fonctionné. Nous voulons savoir ce qui n'a pas bien marché, et dans l'idéal, pour quelles raisons. »
Une manière de reconnaître que tout n'a pas été parfait dans la gestion de cette crise par l'OMS. Le mandat du docteur Chan à la tête de l'OMS court jusqu'en juin 2012.
Paul Benkimoun
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