Réunis pour jeter les bases d'une coopération économique plus intense, les trois voisins d'Asie de l'Est n'ont guère progressé dans leur dialogue.
Sans surprise, la question de la Corée du Nord s'est invitée tout au long des deux jours de débats entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Pour sa troisième édition, le sommet trilatéral organisé en Corée du Sud durant le week-end devait jeter les bases d'une coopération économique plus intense entre les trois puissances d'Asie de l'Est. Un texte-cadre intitulé « Vision 2020 » a bien été paraphé, dans lequel figurent une série de propositions destinées à renforcer la cohésion régionale. Les enjeux sont réels puisque c'est effectivement en Asie de l'Est que se trouvent les deuxième et troisième économies mondiales et les plus grosses réserves de change au monde. Cette zone est également l'un des moteurs de la croissance mondiale grâce, essentiellement, à la Chine. Enfin, le Japon et la Corée du Sud figurent en tête des puissances mondiales pour la recherche et le développement.
En théorie, une plus grande coopération suppose d'accroître les flux d'échanges et d'investissement et de jeter les bases à un futur accord de libre-échange à trois. Le document pousse même le détail jusqu'à mentionner les énergies vertes ou la définition de standards environnementaux régionaux comme premières bases de discussion. Dans la pratique, la réalité apparaît bien différente.
Préalables
Les trois partenaires ont d'emblée posé un certain nombre de préalables sur la nature des secteurs commerciaux à inclure dans l'accord global. Or ces prénégociations risquent de durer, tant les spécialisations industrielles des trois voisins tendent à se chevaucher. Ils se retrouvent de plus en plus en concurrence directe dans l'électronique grand public, les semi-conducteurs, le photovoltaïque, l'automobile ou la construction navale. En outre, il est difficile d'envisager une segmentation des marchés où la Chine se contenterait de l'entrée de gamme, la Corée du milieu et le Japon du haut de gamme. Ensuite, ces trois puissances sont des rivaux régionaux aux relations historiquement chaotiques. Sur ce point, la Corée du Nord n'a fait qu'accroître encore leurs divergences.
Reconnue coupable par une commission d'enquête d'avoir coulé, en mars, un bâtiment de guerre sud-coréen, Pyongyang a mis depuis plusieurs jours son armée en alerte maximale face aux demandes de sanctions de Séoul et Tokyo.
Une fois n'est pas coutume, Séoul et Tokyo font front commun contre Pyongyang, alors que Pékin se range aux côtés de son voisin dont il est le premier partenaire commercial et surtout un allié politique indéfectible. « Le plus urgent est de faire baisser progressivement les tensions et tout tenter pour éviter un conflit », a déclaré le Premier ministre chinois Wen Jiabao à l'issue du sommet. Cet acte de guerre contre le bateau sud-coréen « pose un défi qu'il faut régler correctement. J'attends du Japon et de la Chine une totale et large coopération sur ce point », a dit, pour sa part, le président sud-coréen Lee Myung-bak. « Ce n'est pas parce que nous n'avons pas peur de la guerre que nous la voulons pour autant », a poursuivi le responsable coréen. Le Japon pour sa part a estimé qu'« un règlement approprié » de ce sujet doit pouvoir maintenir la sécurité dans la zone.
Sans attendre de nouveaux développements, le président de la Corée du Sud va adresser cette semaine une lettre au président du Conseil de sécurité des Nations unies pour faire part, officiellement, de ses réclamations.
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