mercredi 16 juin 2010

Les entreprises japonaises s'inquiètent des salaires chinois

Les Echos, no. 20699 - Idées, mercredi, 16 juin 2010, p. 14

Dans la presse étrangère

Une hausse de salaire de 32 % dans une usine Honda ! Pour comprendre cette généreuse augmentation, le grand quotidien de Tokyo « Asahi Shimbun » a envoyé un reporter à l'usine chinoise du constructeur nippon, à Foshan. Atsushi Okudera raconte le quotidien des jeunes ouvriers payés 100 euros par mois, hébergés dans des dortoirs à quatre par chambre. Ils échangent des informations par SMS avec leurs amis travaillant dans d'autres usines. L'un d'entre eux explique : « J'ai entendu que les Japonais envoyés dans cette usine gagnent au moins 50.000 yuans par mois [l'équivalent de 6.000 euros]_ Je ne dis pas que les salaires des Japonais devraient être diminués, je veux juste que les nôtres soient augmentés. »

De fait, le salaire minimum dans la région de Shanghai a doublé en six ans. En outre, « l'attitude et le pouvoir des autorités chinoises changent ». Dans l'usine Honda, les autorités locales n'ont pas réussi à dissuader les ouvriers de lancer leur grève. Ce revirement inquiète les entreprises japonaises, nombreuses à avoir bâti des usines chez le voisin chinois. Fast Retailing, la maison mère du roi japonais de l'habillement Uniqlo, fabrique par exemple 85 % de sa production en Chine, mais son président souhaite réduire cette part. « Nous voulons finalement mettre un tiers de nos sites de production hors de Chine », assure-t-il. Tout le monde n'est pas du même avis. Le dirigeant d'une autre entreprise japonaise explique ainsi que sa société a investi « des centaines de milliards de yens en Chine. Pour vendre nos produits sur le plus grand marché mondial, c'est mieux de les fabriquer en Chine ». Débat à suivre.

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