mardi 1 juin 2010

L'OMC ménage la politique commerciale chinoise - Arnaud Rodier

Le Figaro, no. 20475 - Le Figaro Économie, mardi, 1 juin 2010, p. 21

L'organisme se garde bien d'envenimer la querelle sur le yuan.


On se serait attendu à une volée de bois vert sur le yuan, accusé d'être volontairement sous-évalué par les Américains et les Européens. Il n'en est rien. Le rapport qu'a rendu public hier l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur la Chine l'évoque, mais se retranche, sans prendre parti, derrière les souhaits du Fonds monétaire international (FMI) de voir Pékin accepter, un jour, de réévaluer sa monnaie.

Pour son troisième rapport sur la politique commerciale de la Chine depuis l'adhésion de cette dernière à l'organisation en décembre 2001, l'OMC ménage Pékin et insiste davantage sur les efforts qu'elle a faits que sur les conflits qu'elle a provoqués.

Elle souligne qu'elle a levé de nombreuses restrictions sur les investissements étrangers, dans les services, les télécommunications et le tourisme « même s'il en subsiste encore ».

Elle observe que la Chine prend petit à petit conscience de l'importance de la propriété intellectuelle en même temps qu'elle fait tomber un grand nombre de barrières douanières.

Tout au plus, l'organisation regrette-t-elle que l'abandon des restrictions gouvernementales n'aille « pas aussi vite pour les exportations que pour les importations ». Elle dénonce en particulier les interdictions qui pèsent sur les ventes de matières premières et « donnent un avantage déloyal aux entreprises chinoises ». En faisant cela, Pékin les rend « plus chères pour les industriels étrangers et plus avantageuses pour ses propres usines ».

Pas un mot sur Doha

Mais l'OMC reconnaît en même temps que la Chine, très dépendante de ses exportations, est particulièrement vulnérable face à la crise qui secoue l'Europe et les États-Unis. Elle rappelle que l'an dernier les exportations chinoises ont chuté de 16 % tandis que ses importations baissaient de 11 %. Une situation qui, remarque-t-elle, peut être une source de conflit au sein des membres de l'organisation en ajoutant que l'an dernier les Chinois ont été impliqués dans 15 plaintes, 4 en tant que plaignants et 11 comme accusés.

Loin d'attaquer Pékin, l'OMC lui conseille plutôt de rééquilibrer progressivement ses deux moteurs de croissance que sont les exportations et la consommation intérieure. Mais pour y parvenir, il lui faudra d'abord, insiste-t-elle, réaliser des réformes sociales en profondeur, notamment en matière de couverture maladie et d'indemnités de chômage.

Pas un mot non plus sur le cycle de Doha pour la libéralisation du commerce, dont le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, avoue qu'il est « dans l'impasse », notamment à cause des Chinois.

PHOTO - World Trade Organisation (WTO) director general Pascal Lamy looks on during a press conference on March 26, 2010 at the agency's headquarters in Geneva. World trade is expected to grow 9.5 percent in 2010, after suffering its biggest collapse since World War II in 2009, the head of the World Trade Organisation Pascal Lamy said. China overtook Germany last year to become the world's top exporter with some 1.20 trillion dollars worth of merchandise exported, World Trade Organization data showed.

© 2010 Le Figaro. Tous droits réservés.

Bookmark and Share

0 commentaires: