mercredi 7 juillet 2010

La Chine domine les introductions en Bourse - Marina Alcaraz

Les Echos, no. 20714 - Marchés, mercredi, 7 juillet 2010, p. 27

Les introductions en Bourse en Asie comptent pour plus de 60 % des montants levés au cours du premier semestre, selon Ernst & Young. Et la tendance va continuer avec l'IPO géante d'Agbank. L'Hexagone est encore très en retrait.

L'Asie continue de dominer nettement les introductions en Bourse. L'Asie-Pacifique a représenté plus de la moitié (56 %) des 46,1 milliards de dollars levés au deuxième trimestre, selon une étude d'Ernst & Young (E&Y). Sur le semestre, 331 des 590 opérations viennent d'Asie. Les entreprises de ce continent ont levé 61,1 des 98,8 milliards de dollars (62 %), ce qui en fait - et de loin -la première région en matière d'IPO.

La Chine et Hong Kong comptent presque 36 milliards dans ce total semestriel. Trois des 10 plus grosses opérations de l'année sont chinoises. « La forte croissance de la Chine se lit dans le marché primaire », souligne Franck Sebag, associé d'E&Y. Et la tendance devrait continuer avec l'entrée à la cote imminente d'Agricultural Bank of China (Agbank), qui pourrait être une des plus grosses introductions dans le monde, voire la plus importante de tous les temps, devant une autre banque chinoise, ICBC, et l'émetteur de cartes Visa. Selon les premiers éléments recueillis par les agences de presse, elle pourrait lever un peu plus de 22 milliards de dollars si l'option de surallocation est exercée (lire page 24).

Le nombre total des introductions à Shanghai et Shenzen pourrait atteindre 300 en 2010 (contre 99 en 2009), selon PricewaterhouseCoopers. Au total, les entreprises pourraient lever quelque 500 milliards de yuans (74 milliards de dollars) cette année. Les montants au premier semestre dépassent déjà ceux de l'an dernier, si bien que certains professionnels voient un engorgement préjudiciable à la place. Et c'est sans compter les augmentations de capital géantes, comme celle de près de 9 milliards de dollars de Bank of China, annoncée en fin de semaine dernière. Les grandes banques chinoises pourraient lever quelque 70 milliards de dollars, selon Bloomberg.

Même si le flux restera limité, quelques entreprises occidentales pourraient nourrir le flot d'introductions en Asie, dans la foulée de Rusal ou de L'Occitane, ou encore des russes EN+Group et Petropavlovsk. Une cotation des activités chinoises d'Auchan est également possible (« Les Echos » du 9 juin).

Léthargie française

Rien d'étonnant dans ce contexte à ce que Shenzhen s'adjuge la première place mondiale des introductions en Bourse au premier semestre, tant en valeur qu'en nombre d'introductions. En montant, elle devance ainsi Tokyo - qui a accueilli le mastodonte Dai-Ichi Life Insurance, en mars -Shanghai et New York. La première place européenne, Varsovie, n'apparaît dans le classement d'Ernst & Young qu'à la 8e position, devant Londres. C'est d'ailleurs une des tendances récentes : la montée en puissance de la Pologne (avec notamment PZU, la troisième plus grosse opération du semestre, et bientôt Tauron). « Même si elle reste très en retrait par rapport à l'Asie, l'Europe - via notamment l'Est -est revenue sur le devant de la scène des grosses introductions », souligne Franck Sebag.

Dans un contexte qui reste difficile, l'Hexagone est très en retrait dans la hiérarchie des places mondiales. Selon le classement de Thomson Reuters, Alternext Paris n'arrive qu'à la 26e place sur le semestre (en montant levé). « Le marché primaire en Europe est un peu sorti de sa léthargie, mais pas encore la France, sans qu'il y ait de raison fondamentale pour expliquer la différence avec les autres pays. Ce ne sont en tout cas pas les différences de réglementation qui expliquent ce retrait, les autorités françaises ayant fait beaucoup d'efforts dans ce domaine, avec notamment la création du marché professionnel », résument Erwan Barre et Samia Sellam, avocats chez Paul Hastings.

« A l'exception de la scission d'Accor (Edenred), il n'y a pas eu de grosses opérations comme dans d'autres pays tels que l'Allemagne, mais plutôt la cotation de valeurs moyennes. On a vu notamment beaucoup de biotechnologies en France, sur de petits montants, comme Novagali Pharma, qui va bientôt faire ses premiers pas », ajoute Franck Sebag. Les banquiers d'affaires n'attendent pas d'énormes opérations dans les tout prochains mois.

MARINA ALCARAZ

© 2010 Les Echos. Tous droits réservés.

Bookmark and Share

0 commentaires: