À Shanghaï, les Chinois ont défendu la nécessité d'une appréciation très progressive du yuan.
Les banquiers centraux du monde entier s'étaient donné rendez-vous à Shanghaï, hier, pour discuter de stabilité financière. La question est d'actualité, alors qu'Américains, Européens et Asiatiques semblent prêts à livrer une guerre des changes et que les économies développées peinent à mettre en place leur plan de sortie de crise face à une Asie en pleine croissance.
« L'esprit de coopération doit être maintenu, sans cela la reprise est en péril », a mis en garde, d'emblée, Dominique Strauss-Kahn, directeur du Fonds monétaire international (FMI). Alors que les réunions du G20 à Séoul approchent, FMI et banquiers centraux se sont efforcés de montrer un visage uni. « Il n'y a pas de guerre des changes », a assuré John Lipsky, premier directeur général adjoint du FMI, à la sortie de la réunion. « Nous avons trouvé un consensus sur de nombreuses questions », a ajouté Yi Gang, vice-gouverneur de la banque centrale chinoise, citant l'appel à la coopération, les efforts communs pour diminuer les risques systémiques et le besoin de clarifier les responsabilités.
Afflux de capitaux
La conférence tenue dans le très chic hôtel Shangri-La, le long de la rivière Huangpu, était consacrée aux politiques macroprudentielles, vues d'Asie. Un lieu tout désigné puisque « la transformation de l'économie mondiale en cours, qui place l'Asie comme poumon économique, s'est accélérée sous l'effet de la crise », commentait Dominique Strauss-Kahn en conclusion de la journée shanghaïenne.
C'est précisément vers l'Asie que la plupart des flux de capitaux se dirigent aujourd'hui, « une superbe opportunité mais aussi un grand défi », a souligné le directeur général du FMI. Il relaye notamment les inquiétudes chinoises qui évoquent le risque d'afflux de capitaux spéculatifs pour justifier ses choix économiques, notamment celui d'une appréciation très graduelle de sa monnaie.
La question de la réévaluation du yuan a d'ailleurs été mise de côté. « Nous continuerons d'augmenter la flexibilité du taux de change. Nous nous appuierons de plus en plus sur le marché. Mais il est important que cette progression du renminbi soit progressive », a répété Yi Gang aux journalistes.
À Shanghaï, le FMI s'est donc efforcé de fédérer les banques centrales, amenées à jouer un rôle déterminant dans la mise en place d'instruments prudentiels, mais leur cadre de mise en place reste à préciser. John Lipsky n'a fermé aucune porte. Les accords régionaux, comme la Chiang Mai initiative signée entre la Chine et les pays de l'Asean (Association des nations de l'Asie du Sud-Est), pourraient jouer un rôle important.
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