jeudi 18 novembre 2010

Briquets chinois : Bic porte plainte à Bruxelles - Alexandre Counis




Les Echos, no. 20807 - Industrie, jeudi, 18 novembre 2010, p. 19

Confronté à la concurrence des briquets chinois très peu chers, le groupe français met en avant la question de la sécurité. Il accuse les Pays-Bas de laisser entrer en Europe les briquets sans procéder aux contrôles adéquats et vient de saisir Bruxelles à ce sujet.

Confronté depuis plusieurs années aux importations massives de briquets jetables à bas prix fabriqués en Chine, Bic hausse le ton. Avec un argument clef : la sécurité. Soutenu par ses concurrents suédois Swedish Match et espagnol Flamagas, le fabricant français a déposé plainte le 8 septembre auprès de la Commission européenne à l'encontre des Pays-Bas, accusés de laisser entrer, via le port de Rotterdam, plus de la moitié des briquets importés en Europe, sans procéder aux vérifications adéquates.

Or, selon les tests réalisés par l'ONG Prosafe pour le compte de la Commission, 76 % des modèles importés ne sont pas conformes à la norme ISO 9994, qui fixe les contraintes techniques à remplir pour éviter tout risque d'explosion ou brûlure (hauteur et stabilité de la flamme, taux de remplissage inférieur à 85 % pour permettre la dilatation du gaz, temps d'extinction inférieur à deux secondes, etc.).

« Cette norme est désormais obligatoire, puisqu'il faut s'y conformer pour respecter la réglementation européenne qui oblige tous les briquets commercialisés dans l'Union à être sans danger pour les enfants », estime François Clément-Grandcourt, l'un des responsables de la division briquets de Bic, conseillé sur ce dossier par Fidal. En 2007, Bruxelles avait calculé que la manipulation de briquets par de jeunes enfants causait de 34 à 40 accidents mortels et de 1.500 à 1.900 blessures en Europe chaque année.

Pression sur les autorités locales

Après avoir cherché à discuter avec les autorités néerlandaises pendant près de deux ans et demi, Bic a décidé de porter l'affaire devant la Commission en désespoir de cause. Le fabricant accuse les Pays-Bas de manquer à leurs obligations de vérification à l'arrivée des briquets en Europe, mais aussi sur leur marché domestique. Il leur reproche de tarder à interdire à la vente les briquets les plus dangereux. Bic espère ainsi faire pression sur les autorités locales pour qu'elles procèdent aux contrôles qui s'imposent. A défaut, la Commission pourrait décider d'ouvrir une procédure d'infraction.

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