mercredi 10 novembre 2010

DOSSIER - Écoles de commerce : Le palmarès 2011

L'Express, no. 3097 - économie ÉCOLES DE COMMERCE, mercredi, 10 novembre 2010

Comme chaque année, L'Express présente les meilleurs établissements classés par L'Etudiant, ceux qui délivrent un diplôme de grade de master. Alors que les salaires d'embauche baissent, un outil idéal pour comparer les performances.

Bienvenue dans le carré VIP. Les 41 écoles que nous avons classées ici constituent, parmi les 207 qui existent en France, les meilleures écoles de commerce. De la première à la dernière place, elles ont toutes un point commun, qui fonde notre "ticket d'entrée" dans ce palmarès : elles délivrent un diplôme bac + 5 tamponné "grade de master". Traduire : une distinction exigeante octroyée depuis 2003 par une commission nationale, qui estime la qualité globale de ces formations commerciales, notamment sur le plan académique. Un label qui est devenu le laissez-passer officiel pour intégrer la sélecte Conférence des grandes écoles.

Aujourd'hui, ce "peloton de tête", qui rassemble 48 000 élèves, ne représente qu'une goutte d'eau au milieu des 2,3 millions d'étudiants français. Même parmi les 350 000 jeunes qui étudient, en France, la gestion dans une école ou à l'université, les élèves de ces grandes écoles ne forment qu'un petit noyau.

Entrée à tous les niveaux

Pour autant, il ne faut pas croire que ce "clan des meilleures" ne pioche ses disciples qu'à l'intérieur des élitistes classes préparatoires. La moitié des diplômés sont passés par l'université (licence ou DUT, diplôme universitaire de technologie) ou par un BTS (brevet de technicien supérieur), et ont intégré ces écoles via les "admissions parallèles", concours qui ouvrent de plus en plus de places au fil des ans, mais qui restent sélectifs, car de plus en plus convoités. En outre, dix de ces écoles sont accessibles dès le bac, et proposent un cursus en cinq ans.

Pour guider vos choix, nous avons réalisé cette année deux classements. Un premier est axé sur l'excellence académique : il confère un poids important à la recherche et aux accréditations - Equis (European Quality Improvement System), AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business)... Ces labels exigeants, décernés par des organismes internationaux après plusieurs audits, sont de véritables sésames à l'international. Un second classement est centré sur la reconnaissance de l'école auprès des entreprises et tient compte des salaires de sortie des diplômés, de la taille du réseau d'anciens, ou encore des donations (chaires, fondations, taxe d'apprentissage...).

HEC au top, suivi des "parisiennes"

Le résultat ? HEC fait la course en tête, sur tous les plans. L'école de Jouy-en-Josas (78), Graal de l'élève de prépa, est la plus "riche" de toutes (100 millions d'euros de budget) et a noué de nombreux partenariats prestigieux à l'étranger. Elle capitalise aussi sur ses diplômés, qui ont tissé des réseaux au coeur des plus hautes sphères du pouvoir. L'Essec, l'école la plus proche de HEC, est suivie par l'ESCP Europe, l'EM Lyon et l'Edhec. Ces écoles dominent le paysage.

Rien de nouveau sous le soleil, mais constatons que leurs différences sont plus marquées sur le plan académique que professionnel. En clair : ce qui distingue HEC de l'Edhec tient plus à la composition de leurs corps professoraux (rayonnement de la recherche, pourcentage de professeurs étrangers) qu'au salaire de leurs diplômés.

Audencia et l'ESC Grenoble, très proches dans notre palmarès, se placent dans une position intermédiaire. Si elles sont presque au niveau du "top 5" sur le plan académique, elles sont plus en retrait dans notre indice "professionnel". Plus récentes, leurs réseaux d'anciens sont moins fournis, et les salaires de leurs diplômés légèrement inférieurs. Néanmoins, ces écoles, notamment grâce à la qualité de leurs partenaires internationaux et à leurs réseaux dans le monde de la recherche, obtiennent de meilleurs scores que leurs consoeurs du groupe suivant.

Celui-ci réunit quelques "Sup de co" de métropoles régionales, comme l'ESC Toulouse et l'EM Strasbourg, et les écoles du concours Ecricome (Euromed, BEM...). Au coude à coude, Rouen Business School et Sup de co Reims peuvent être considérées comme quasi jumelles. L'Escem, qui a connu une actualité tourmentée l'an passé (elle avait perdu son accréditation Equis, a fait appel, puis l'a obtenue de nouveau en octobre 2010), confirme sa place au sein de cette tribu.

L'Ieseg dopée par sa recherche

Quant à l'Ieseg, école postbac de l'université catholique de Lille, elle se hisse parmi ces happy few grâce à ses excellents résultats en recherche : elle est la seule école (avec HEC) à disposer d'un laboratoire CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Son score est cependant moins élevé que celui de ses homologues de Rouen Business School ou d'Euromed en matière de reconnaissance par les entreprises.

Enfin, la fusion entre l'ESC Lille et le Ceram de Nice, qui a donné naissance à la rentrée 2009 à Skema, n'a pas eu d'effet spectaculaire dans notre classement. La nouvelle entité se place au même niveau académique (entre BEM, l'EM Strasbourg et l'ESC Rennes) que ses deux composantes dans notre palmarès de l'an passé. Néanmoins, elle se démarque de ses concurrentes sur l'axe "professionnel" grâce à l'effet "réseau d'anciens" ainsi décuplé.

Un troisième ensemble réunit dans un mouchoir de poche des écoles de villes moyennes (ESC Troyes, ESC La Rochelle, ESC Brest...) et des "postbac" parisiennes (ESG, Advancia, ESCE...). Des établissements tournés vers la formation et l'insertion professionnelle de leurs étudiants, mais qui n'ont pas forcément les moyens financiers de se lancer dans la course aux publications et aux partenariats de prestige.

L'Inseec se distingue dans ce groupe : onzième dans notre palmarès professionnel, elle possède un vaste réseau de diplômés, tandis que ses ex-étudiants enregistrent de belles progressions de salaires trois ans après leur embauche. A noter également la présence, pour la première année, de l'EBS, école postbac parisienne qui a obtenu en 2010 l'autorisation de délivrer un diplôme "master".

De nombreuses écoles jumelles

Outre l'existence de "groupes" d'écoles, l'autre enseignement de cette enquête est le suivant : hormis les quelques finalistes, quis se distinguent nettement, les différences entre ESC, sont relativement peu marquées. Beaucoup de ces établissements ont des positionnements très proches, avec de faibles écarts de points. Et offrent donc la même assurance qualité. C'est le cas de l'Essca, de l'ICN, de l'ESG et de l'ESC Montpellier ; de Negocia, de l'EM Normandie et de l'ESC La Rochelle ; ou encore des ESC de Chambéry, d'Amiens et de l'Esiee Management.

Une insertion similaire à la sortie

De même, il est intéressant de remarquer qu'à la sortie les résultats d'insertion de tous les diplômés de ces écoles sont globalement similaires. D'après l'enquête menée par le cabinet Towers Watson auprès de recruteurs, la majorité des diplômés des grandes écoles débutent avec des rémunérations annuelles brutes comprises entre 31 000 € et 35 000 €. Seules les "Parisiennes" rehaussent ces statistiques.

De l'avis de nombreux experts, les salaires perçus sont beaucoup plus fonction de la taille de l'entreprise, de sa localisation (à Paris, en région, à l'étranger) et de son secteur d'activité... que du nom de la grande école mentionnée sur le CV. Par conséquent, si vous hésitez entre deux écoles proches, attachez-vous à leur projet pédagogique, à leurs options, à l'attractivité de la ville et au sentiment que vous aurez en vous rendant sur place...

La méthode de l'Enquête
jessica gourdon

Notre palmarès concerne 41 écoles de commerce délivrant un diplôme de grade de master. Il a été établi à partir d'un questionnaire que nous avons envoyé aux établissements en juin 2010. Jusqu'en octobre, nous avons vérifié, analysé et recoupé ces informations. Comme les années précédentes, seule l'ESC Pau n'a pas souhaité répondre à notre questionnaire. Il n'est nulle part fait référence au classement de l'an passé, car les indicateurs ont été profondément modifiés. Vous trouverez toutes les explications sous les tableaux de résultats.


Cinq nouvelles tendances
Jessica Gourdon

International, doubles parcours, entrepreneuriat, apprentissage... Les ESC offrent tout un éventail de possibilités à leurs étudiants. Voici les plus en vue pour 2011.

1 Plus de diversité dans les cours

Si les fondamentaux sont les mêmes dans toutes les écoles (marketing, gestion...), la tendance est à l'ouverture. Avec le même mot d'ordre : initier les étudiants à d'autres disciplines, développer l'esprit critique, leur donner ce "supplément d'âme" qui manque parfois aux cours de comptabilité ou de finance de marché. Ainsi, l'ESC Grenoble fait désormais de la géopolitique son cheval de bataille et a intégré cet enseignement à tous les niveaux. L'ESG Paris mise sur la culture générale, avec des conférences de sociologues, d'hommes politiques, d'écrivains, et tout un programme de visites (musées, entreprises...) intégré dans la scolarité. Quant à Euromed, elle est l'une des plus actives sur le plan de la responsabilité sociale et du développement durable : les cours sur ces thématiques représentent 16 % du tronc commun et 30 % des cours optionnels.

Certaines écoles vont même jusqu'à créer des doubles parcours. L'ESC Amiens a créé en 2009 une filière musique et théâtre avec le conservatoire d'Amiens et permet à ses étudiants de monter sur les planches jusqu'à huit heures par semaine, validées dans la scolarité. Audencia Nantes offre une multitude de parcours croisés avec des écoles d'ingénieurs, les Beaux-Arts, l'école d'architecture de Nantes... HEC a lancé l'année dernière des doubles diplômes avec Sciences po Paris, l'ENS Ulm et les Mines ; l'Essec, avec Centrale, Saint-Cyr et l'Ecole du Louvre. Enfin, l'ESC Grenoble propose depuis deux ans des doubles diplômes avec une école de design et a inauguré à la rentrée 2010 une filière journalisme économique avec Sciences po Grenoble.

2 L'international à la carte

Si le séjour hors des frontières, en université ou en stage, est devenu un passage obligé, les formules se déclinent de plus en plus à la carte. Ainsi, à l'ESC Rennes, la moitié d'une promo choisit de partir deux fois, dans le cadre d'un parcours spécifique. "Ils réalisent par exemple un semestre dans une université à Shanghai, puis un autre à São Paulo", illustre Olivier Aptel, le directeur. Les étudiants peuvent aussi opter pour l'option double diplôme (22 possibilités), et passent une année complète dans un même pays. Dernière voie possible : suivre un seul semestre à l'étranger, puis terminer sa scolarité en anglais à Rennes, en validant un diplôme de l'Open University (Grande-Bretagne) via l'enseignement à distance.

A noter également que de plus en plus d'écoles ouvrent leur propre campus à l'étranger. Les étudiants s'y rendent pour un semestre, avec des cours dispensés par des professeurs de l'école. L'ESC Toulouse est installée à Barcelone ; Skema, en Chine et sur la côte Est des Etats-Unis depuis 2010 ; l'Inseec est basé à Londres depuis 2009 ; l'EM Lyon, à Shanghai... Une formule rassurante pour ceux qui veulent partir avec leurs camarades de promo ou qui souhaitent suivre une spécialisation particulière proposée par l'école. Mais qui ne remplace pas forcément un autre séjour plus "dépaysant".

3 L'audit plutôt que la finance de marché

Autre tendance : avec la crise, les traditionnels secteurs d'embauche des diplômés des ESC ont été légèrement bousculés. "Certains secteurs ont souffert, à commencer par la finance de marché, le marketing, les ressources humaines. Du coup, les diplômés se sont reportés sur d'autres, comme l'audit, les fonctions commerciales et la banque de détail", raconte Jean-Philippe Ammeux, directeur de l'Ieseg. De plus, pour la première fois depuis des années, le salaire moyen d'embauche des diplômés des ESC a baissé (32 500 euros, au lieu de 35 200 en 2009), d'après la dernière enquête de la Conférence des grandes écoles. Tandis que la part de ces jeunes en CDI (contrat à durée indéterminée) six mois après le diplôme est passée, quant à elle, de 79 % à 70 %. Ce qui reste honorable.

4 Des filières pour monter son entreprise

Dans tous les cas, il semblerait que ce contexte économique morose titille l'ingéniosité et l'esprit entrepreneur des étudiants. Pierre Kosciusko-Morizet, tout jeune patron de Price Minister et icône de cette nouvelle génération d'"entrepreneurs 2.0", l'a constaté : "Je croise de plus en plus d'étudiants qui ont envie de monter leur boîte. Beaucoup plus qu'il y a dix ans", a-t-il lancé en octobre devant les anciens de HEC.

D'après notre enquête, les diplômés 2008, 2009 et 2010 des écoles de commerce ont créé près de 400 entreprises : de la vente en ligne d'espadrilles à la location de box de stockage, en passant par des sociétés de paris sportifs, d'organisation de mariage, ou le commerce équitable. La raison de ce nouvel engouement ? Arnaud Langlois-Meurinne, directeur de Rouen Business School, a son idée : "Avec la crise, les entreprises offrent moins de ponts d'or pour recruter les jeunes diplômés, tandis que l'image du jeune entrepreneur est plus valorisée qu'il y a quelques années. Et puis, le salariat dans les multinationales du CAC 40 fait moins rêver. Les étudiants perçoivent un décalage entre le discours et la réalité." Résultat : de plus en plus d'écoles, comme celles de Rouen ou de Toulouse, ouvrent des filières entrepreneuriat, et complètent celles qui existaient déjà à Advancia, à l'ESC Troyes et à l'EM Lyon.

5 Le boom de l'apprentissage

Autre remède anticrise : l'apprentissage, qui consiste à alterner semaines de cours et en entreprise pendant une période donnée (entre un et deux ans, en général). En cinq ans, le nombre de jeunes qui optent pour ce mode d'études a été multiplié par deux dans les écoles de commerce. Dans certaines (Essec, Advancia), cette voie concerne près du tiers d'une promo ! Pour Raphaël, 21 ans, en deuxième année à l'ESC Dijon, ce choix était presque une évidence : "Pendant un an et demi, mes frais de scolarité sont pris en charge par l'entreprise, et je perçois un salaire."

D'après Daniel Peyron, directeur de l'ESC La Rochelle, le phénomène aurait même un impact direct sur l'insertion, "dans le sens où ces diplômés décrochent des salaires de départ légèrement supérieurs". De quoi gagner sur tous les plans.


Les indicateurs utilisés

Accréditations obtenues (coefficient 10) : accréditations Equis (European Quality Improvement System, 3 points), AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business, 2 points) et Epas (EFMD Programme Accreditation System, 1 point).

Durée d'attribution du grade de master (coefficient 10) : nombre d'années pour lesquelles l'école est autorisée à délivrer un diplôme de grade master.

Niveau de recrutement (coefficient 15) : note moyenne obtenue au bac par les admis en première année.

Etoiles CNRS (coefficient 20) : cumul des "équivalents étoiles" attribués aux articles de recherche signés par les professeurs permanents. Ces étoiles correspondent aux catégories utilisées par la section 37 du CNRS pour classer ses revues.

Références documentaires (coefficient 5) : nombre de bases de données, revues ou logiciels accessibles aux étudiants et professeurs, parmi une liste de 20 références. Le tout est noté sur 20.

Cas déposés (coefficient 5) : nombre de "cas" (supports de cours brevetés) déposés par les professeurs et répertoriés à la Centrale des cas et des médias pédagogiques ou à la European Case Clearing House.

Nombre de livres réédités (coefficient 5) : nombre d'ouvrages publiés par les professeurs permanents et réédités au moins une fois depuis 2008.

Partenaires étrangers Equis, AACSB, Epas (coefficient 10) : établissements étrangers accrédités (Equis, AACSB ou Epas) avec qui l'école a échangé des étudiants ou des professeurs en 2009-2010.

Part de professeurs étrangers de haut niveau (coefficient 10) : nombre de professeurs titulaires d'un doctorat obtenu dans une université étrangère accréditée (Equis, Epas, AACSB), rapporté au nombre de professeurs permanents.

Double-diplômés accrédités (coefficient 10) : étudiants ayant obtenu en 2009 un double diplôme de niveau master avec une université accréditée.

en hausse - International : l'EM Strasbourg

En cinq ans, l'école est passée de 19 à 52 partenaires étrangers accrédités, et de 6 à 174 étudiants double-diplômés. Son statut universitaire, original en France, est un atout : la quasi-totalité des grandes Business Schools dans le monde sont rattachées à une université.

les indicateurs utilisés

Salaire brut annuel minimal/maximal à l'embauche (coefficient 20) et salaire brut médian à trois ans (coefficient 20) : données de l'enquête du cabinet Towers Watson pour L'Expansion, menée auprès de 350 recruteurs.

Taxe d'apprentissage (coefficient 15) : montant moyen annuel de la taxe d'apprentissage (hors quota, en milliers d'euros) récoltée durant les deux dernières années par l'école.

Participation des entreprises (coefficient 15) : montant moyen annuel accordé par les entreprises à une école sur les deux dernières années (chaires, contrats de recherche, etc., en milliers d'euros), hors formation continue.

Diplômés de l'école en activité (coefficient 15) : nombre de diplômés du programme "grande école" en activité, indicateur qui permet de mesurer la taille du réseau d'anciens.

Créations d'entreprises (coefficient 10) : nombre d'entreprises créées par les diplômés 2008-2010 de l'école.

Stages obligatoires (coefficient 5) : nombre minimal de mois de stages nécessaire pour obtenir le diplôme, pondéré en fonction de la durée du cursus (écoles en trois/cinq ans). .

en hausse - Ouverture sociale : l'Esc montpellier

L'école accueille 303 apprentis en 2010, contre 121 il y a cinq ans. Avec 19 % de boursiers et la création de plusieurs concours spécifiques, elle est l'une des plus volontaristes dans ce domaine.


D'autres critères pour choisir

Frais de scolarité, périodes à l'étranger, admissions parallèles : chaque école a ses caractéristiques. Et n'est pas classée de la même manière par tous les médias.

Pour compléter votre collecte d'information , nous vous donnons rendez-vous sur le site Letudiant.fr, rubrique Guide des études, puis Ecoles de commerce. Vous y trouverez, en particulier : le palmarès, présenté de manière interactive. Vous pouvez ainsi établir votre propre classement en fonction du critère qui vous intéresse le plus ; davantage de tableaux avec d'autres critères, comme le taux de boursiers dans chaque école, le nombre d'apprentis ; "Où vont les meilleurs élèves ?", "Quelles écoles accueillent le plus de bacheliers technologiques ?" ou encore "Quelles sont les écoles les plus efficaces en matière d'ascenseur social ?" ; une fiche complète pour chaque établissement.


A chaque école ses atouts
Jessica Gourdon

Les classements sont une approche déterminante, mais partielle. D'autres informations permettent de découvrir ce que ne peuvent traduire les chiffres.

Le Top ESCP Europe, Essec, HEC

L'ESCP Europe, qui appartient, comme HEC, à la chambre de commerce de Paris, mise sur l'international. L'école possède quatre autres campus (Londres, Berlin, Madrid, Turin), tandis que la moitié de ses étudiants ne sont pas français. Dans ses enseignements, elle met l'accent sur l'acquisition d'une culture européenne, avec une importance particulière donnée à la connaissance de l'environnement extérieur au monde des affaires. Sur les trois années de scolarité, les étudiants passent en moyenne un an et demi à l'étranger, soit sur les autres campus de l'école, soit dans le cadre d'échanges universitaires. L'Essec dispose d'autres atouts, à commencer par l'apprentissage, particulièrement développé (un étudiant sur trois). L'école est très portée sur la création d'entreprise, avec une filière complète de cent cinquante heures et un fonds d'amorçage pour les projets prometteurs. L'Essec offre également une spécialisation en entrepreneuriat social et a développé des doubles parcours avec Centrale, l'Ecole du Louvre et les Ponts et Chaussées. Enfin, HEC propose depuis peu de nouvelles filières sectorielles (énergie, immobilier, luxe et social business). L'école a aussi lancé des doubles diplômes avec les Mines, Polytechnique, l'ENS Ulm, Sciences po et, depuis un an, elle est entièrement gratuite pour les boursiers. C'est également une école à choisir pour profiter de ses multiples possibilités de doubles diplômes avec des universités étrangères très cotées, comme le MIT (Massachusetts Institute of Technology).

Les challengers Audencia, Edhec, EM Lyon, ESC Grenoble

Derrière le trio de tête, quatre écoles se partagent les faveurs des étudiants. Audencia revendique une tradition d'humanisme (cours sur l'éthique, le sens du management...) et a développé diverses doubles filières en droit, ingénierie, art, architecture... Elle est aussi l'une des rares à imposer trois langues étrangères à ses étudiants. L'Edhec a ouvert à la rentrée 2010 son nouveau campus tout confort à Lille, dans un style néo-industriel, avec piscine, salle de sport, résidences étudiantes, le tout dans un vaste parc verdoyant. L'école est réputée pour sa spécialisation en finance et pour sa vie associative foisonnante - Course croisière et l'un des plus gros bureaux des élèves (BDE) de France. La marque de fabrique de l'EM Lyon ? L'entrepreneuriat, avec un parcours spécifique, appuyé par son incubateur. L'école propose aussi une filière Entreprendre en Asie, avec des cours sur son nouveau campus, à Shanghai. Dernière particularité : elle est engagée dans une stratégie de rapprochement avec Centrale Lyon. Enfin, l'ESC Grenoble est tournée vers le management de la technologie et utilise dans ses cours des outils modernes (iPad prêtés aux étudiants, salle de marchés en partenariat avec Bloomberg...). L'école propose également des spécialisations originales (musique et management, avec l'orchestre universitaire) et des doubles diplômes en maths, droit, philosophie ou encore en histoire.

Les Ecricome BEM, Escem, Euromed, ICN, Rouen Business School, Sup de co Reims

Rassemblées dans les mêmes concours (Ecricome pour les prépas, Tremplin pour les admissions parallèles), ces écoles ont chacune leur personnalité. BEM (Bordeaux) lance cette année un Indian Track (six mois de cours spécifiques à Bordeaux, puis six mois en Inde) et un African Track (spécialisé en microfinance, développement durable, sécurité alimentaire...) au travers duquel les étudiants suivront des cours sur le campus de l'école, à Dakar. L'Escem ouvre une nouvelle filière en entrepreneuriat social et propose un double diplôme avec une école d'ingénieurs portant sur la finance de marché. Euromed joue la carte de l'école éthique et mène de multiples initiatives pour développer des cours de management "responsable" à tous les niveaux. L'ICN cultive sa proximité avec les milieux de la banque et de l'audit en Allemagne, en Suisse et au Luxembourg. Elle est aussi très portée sur le développement personnel - elle abrite une école de coaching et chaque étudiant est épaulé par un tuteur enseignant - et fait travailler ses élèves tous les vendredis avec ceux de l'Ecole d'art et l'Ecole des mines de Nancy. Rouen Business School, réputée dans le domaine de la finance et de l'expertise comptable, attirera ceux qui veulent se frotter au monde de la recherche en gestion (parcours recherche) ou qui rêvent de monter leur entreprise (parcours entrepreneuriat). Son école jumelle, Sup de co Reims, a, quant à elle, organisé toute sa scolarité à la carte, et a créé cette année une classe à horaires aménagés pour les étudiants qui souhaitent suivre en même temps des cours à la fac (en droit, notamment) ou travailler pour financer leurs études. L'école, qui propose de nombreuses conférences de culture générale, a deux domaines de prédilection : la finance et le luxe.

Les Parisiennes en trois ans Inseec, ISG, ISC

Le point commun entre ces écoles ? Elles sont toutes trois basées à Paris (ainsi qu'à Bordeaux, pour l'Inseec), ne dépendent d'aucune chambre de commerce et recrutent la majorité de leurs étudiants hors prépas via des concours indépendants. L'Inseec vient de fusionner avec l'International University of Monaco, où elle prévoit d'envoyer des étudiants pour des spécialisations en finance ou en luxe. Elle permet aussi à ses élèves de suivre un semestre à l'Institut Marangoni (école de mode et design), qui appartient au même groupe. L'école inaugure une nouvelle spécialisation, humanitaire et ONG, et propose des initiatives originales (concours de joutes oratoires, jeux de rôle de simulation de gestion de crise la nuit en temps réel, immersion des étudiants dans une école militaire...). L'ISG possède une prépa intégrée, accessible dès le bac, et propose désormais une voie spéciale avec cours intégralement en anglais. Enfin, l'ISC est réputée pour sa vie associative : en première année, tous les étudiants intègrent une "entreprise étudiante" pour appliquer les connaissances apprises en cours. Tous ces projets, évalués et notés, occupent les étudiants la moitié de leur journée en première et deuxième années.

Les indépendantes ESC Toulouse, Skema

Si elles recrutent principalement dans les prépas, ces deux écoles ont la particularité de faire cavalier seul pour leurs concours d'admissions parallèles. Un an après sa création, Skema, issue de la fusion entre l'ESC Lille et le Ceram, se positionne comme une école "multicampus" : les étudiants choisissent d'étudier à Nice, à Lille ou à Paris, ou sur les campus de Skema à l'étranger (Chine, Etats-Unis, Maroc). Son credo : le multiculturel, la gestion de l'innovation, l'utilisation des nouvelles technologies dans les cours, le management on line... L'ESC Toulouse est réputée pour ses connexions dans les domaines de l'aéronautique et de la finance, et a lancé un programme spécial pour les jeunes entrepreneurs. Elle permet aussi à ses élèves de passer du campus toulousain au barcelonais et au marocain. Enfin, elle demande à tous ses étudiants de s'investir pendant cinquante heures dans un projet social : soutien scolaire, Restos du coeur ou autres activités associatives en dehors de l'école.

Les écoles qui montent EM Normandie, ESC Clermont, ESC Dijon, ESC Montpellier, ESC Rennes, Telecom EM

Le point commun à toutes ces écoles ? Hors prépas, elles recrutent environ la moitié de leurs étudiants via le même concours : Passerelle. Parmi elles, l'EM Normandie a un positionnement spécifique, car elle est accessible dès le bac en poche. C'est d'ailleurs auprès des lycéens que sa cote a le plus grimpé : en trois ans, le nombre de ses candidats a augmenté de 60 %. L'école normande utilise la pédagogie HEC Entrepreneur : par groupes de trois, les étudiants réalisent chaque année une mission d'un mois en entreprise, au cours de laquelle ils planchent sur des cas réels (études marketing, conseil, réalisation de business plans). L'EM Strasbourg capitalise sur le poids de son université de rattachement (l'université de Strasbourg) et a énormément développé son réseau de partenaires à l'international. De fait, tous les étudiants partent pour un an dans une université à l'étranger. En raison de son financement en partie public, c'est l'une des écoles les moins chères. L'ESC Dijon est réputée pour ses filières en audit et comptabilité, ainsi que pour sa spécialisation en management du vin. L'ESC Rennes, très internationale, accueille de nombreux étrangers sur son campus. Ils représentent 30 % des étudiants et 80 % des professeurs. L'ESC Clermont revendique deux points forts : la formation de managers généralistes pour les PME (petites et moyennes entreprises) et une spécialisation en ressources humaines. Autre particularité : près de la moitié des étudiants suivent leur dernière année en apprentissage. Enfin, Telecom EM est axée sur le management des technologies et profite des synergies avec son école d'ingénieurs jumelle, Télécom SudParis. Les étudiants se mélangent dans les associations ou dans l'incubateur d'entreprises, qui accueille de plus en plus de projets mixtes. Elle est aussi une des écoles les moins chères, notamment en raison de son statut d'école publique, rattachée au ministère de l'Industrie.

Les ESC à taille humaine ESC Amiens-Picardie, ESC Brest, ESC Chambéry, ESC La Rochelle, ESC Saint-Etienne, ESC Troyes

Ces six écoles recrutent majoritairement leurs étudiants en dehors des classes préparatoires, via le concours Passerelle, et assez peu dans les prépas. L'ESC Brest est très tournée vers l'apprentissage, avec 90 % des élèves de dernière année qui suivent cette voie, ce qui leur permet d'économiser une année de frais de scolarité. L'ESC Chambéry joue la carte du Web 2.0 (spécialisation "buzz marketing"...) et développe des jeux de simulation professionnelle en ligne, utilisés dans la pédagogie. Elle est aussi idéale pour les métiers du sport et de la montagne, grâce à ses liens avec les entreprises du secteur. L'ESC Amiens attire les littéraires, avec ses filières management et lettres modernes, théâtre, et musique. Et, en première année, les boursiers ne paient pas de frais de scolarité. L'ESC Saint-Etienne, tournée vers les métiers de l'industrie (23 % des diplômés travaillent dans ce secteur), cultive sa proximité avec le milieu des écoles d'ingénieurs et de design. L'ESC La Rochelle est quant à elle très dirigée vers les métiers du tourisme, du sport et de l'événementiel. Tous ses étudiants doivent obligatoirement s'investir pendant trois mois dans une action humanitaire ou sociale, directement sur le terrain. Enfin, l'ESC Troyes revendique une spécialisation en entrepreneuriat, grâce à son incubateur de jeunes entreprises et à ses multiples initiatives dans ce domaine. Quelque 70 % de ses professeurs sont étrangers, tandis que tous les étudiants passent au moins un semestre dans une université à l'international.

Les écoles parisiennes postbac Advancia, Negocia, EBS, EDC, ESCE, ESG

Ces six écoles basées à Paris ou à la Défense (Hauts-de-Seine) recrutent via différents concours (Atout + 3, Sésame ou indépendants). Negocia (spécialisée commerce-vente) et Advancia (dédiée à la formation de créateurs d'entreprise), deux écoles soeurs de la chambre de commerce de Paris, sont organisées en deux cycles. Au bout de trois ans, les élèves obtiennent un diplôme visé par l'Etat. Certains étudiants poursuivent dans ces écoles, d'autres passent le concours Passerelle pour intégrer une autre ESC ou un master à l'université. L'EBS, dernier établissement à avoir obtenu le grade master (en juin 2010), met en place cette rentrée un parcours 100 % en anglais sur les cinq années. Elle profite aussi de son appartenance au réseau des EBS, présentes dans onze pays. L'EDC dispose d'un sérieux atout : son vaste réseau d'anciens. L'école est très tournée vers l'entrepreneuriat : onze entreprises étaient "incubées" par l'école l'année dernière, tandis qu'un fonds d'investissement, piloté par des anciens, soutient les projets prometteurs. De son côté, l'ESCE est tournée vers le commerce international et prévoit de longues périodes à l'étranger, avec diverses possibilités de double diplôme. A la rentrée, elle a ouvert une filière théâtre, avec cinq heures de cours hebdomadaires, entrant en compte dans la scolarité ! Enfin, l'ESG a mis en place des ateliers sur la connaissance de soi. Elle organise régulièrement des conférences sur l'actualité, où elle invite des hommes politiques, des écrivains, des philosophes. Son parcours double diplôme permet à certains étudiants de passer jusqu'à deux ans à l'étranger sur tout le cursus.

Les écoles du concours ACCES Esdes, Essca, Ieseg

Rassemblées dans le même concours (Acces), ces écoles postbac en cinq ans, liées aux universités catholiques, attirent de plus en plus de candidats. L'Ieseg (Lille) et l'Essca (Angers), qui ont toutes deux inauguré récemment leurs nouveaux campus à Paris, sont les plus demandées (5 000 candidats en 2010, 8 % d'admis), tandis que l'Esdes, moins sélective, était convoitée cette année par 2 000 lycéens. Cette dernière attire avant tout des bacheliers des sections ES et se distingue par la part importante qu'elle accorde aux sciences sociales (psychologie, sociologie...). Autre particularité : tous les étudiants passent un semestre dans une université anglophone dès la deuxième année.

L'Ieseg affiche une orientation plus scientifique (62 % des admis ont un bac S). Dans son concours, elle accorde un fort coefficient à l'épreuve de mathématiques, en cohérence avec le contenu de sa formation. L'école est montée en puissance ces dernières années : en dix ans, son budget a été multiplié par cinq, et le nombre d'étudiants a bondi de 600 à 2 400. De son côté, l'Essca joue la carte de l'international : elle possède des campus à Budapest et à Shanghai, et ses étudiants réalisent au moins une année complète à l'étranger. L'école leur permet de commencer une troisième et même une quatrième langue étrangère, comme le mandarin. Enfin, elle vient d'ouvrir une spécialisation en Web marketing et lancera dans l'année 2010-2011 son incubateur d'entreprises.


en hausse - Relations avec les entreprises : l'ESSCA

En 2009-2010, l'école a récolté 335 000 euros auprès des entreprises : création de chaires, lancement de nouveaux partenariats, forums... une progression impressionnante, alors que les compteurs étaient à zéro il y a encore cinq ans.

en hausse - Recherche : l'ESC Amiens

Cette école monte en gamme dans le domaine académique, avec 27 articles publiés par ses professeurs entre 2008 et 2010(contre aucun il y a cinq ans...).Une ascension fulgurante !

un cas à part - sciences : l'Esiee

Dans le paysage des écoles de commerce, l'Esiee Management a choisi une orientation singulière. Installée à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), elle recrute uniquement des scientifiques - issus de prépas maths, bio ou physique, DUT, BTS, licences ou masters sciences - qui veulent s'initier au management. Elle leur propose quatre filières : biotechnologies, énergies renouvelables, matériaux et systèmes d'information.

Dossier réalisé par Jessica Gourdon, avec Olivier Monod et Pierre Falga

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