Pour leur septième rencontre en moins de deux ans, ils n'ont pas franchement l'air d'être ravis de se revoir : Barack Obama et Hu Jintao, le tandem forcé de l'attelage déséquilibré de l'économie mondiale. Dès son arrivée à Séoul, le président américain s'est entretenu avec le numéro un chinois. Les caméras ont saisi quelques mots convenus. Il faudra préparer le " cadrage " de votre visite aux Etats-Unis, a dit Barack Obama. " Je sais que ce sera un succès ", lui a répondu Hu Jintao.
Séoul, Londres, Toronto... Les rencontres Hu-Obama se suivent et se ressemblent. " C'est toujours très planifié ", confie un responsable américain. " Mais on avance, assure-t-il. On n'a pas besoin de revoir tous les points à chaque fois. On connaît les positions. " L'entretien à Séoul a duré une heure vingt, bien au-delà de l'horaire prévu. Et le " gros de la discussion ", selon le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, a porté sur les taux de change, un sujet sur lequel les Chinois estiment que les Américains n'ont pas de leçon à leur donner.
L'administration américaine estime que la relation qu'entretiennent la Chine et les Etats-Unis est " compliquée ", et qu'elle ne peut être jugée qu'en mettant de part et d'autre les signes positifs, et d'autres sujets sur lesquels les Chinois sont " moins coopératifs ", selon l'expression de Jeff Bader, le chargé de l'Asie au Conseil national de sécurité.
Sur la monnaie, les Etats-Unis ont demandé à Pékin de faire un geste de réévaluation avant le G20 de Toronto. La Chine a fait un geste, mais qui n'a abouti qu'à une hausse de 1,5 % en quatre mois. Washington a demandé un effort supplémentaire. A Séoul, Hu Jintao a réaffirmé son engagement au régime de change plus flexible mis en place le 19 juin, et il a noté que des " progrès " avaient été accomplis. Trop lents aux yeux de Washington.
Barrières douanières
Sur l'Iran, les Américains ont eu l'agréable surprise de constater que les Chinois ne compensaient pas les effets du désinvestissement des entreprises dans le secteur de l'énergie. " Ils jouent le jeu, dit un officiel. Il n'y a pas eu d'annonce ou d'expansion des investissements chinois. " En revanche, sur la Corée du Nord, Pékin s'est remis à freiner, estimant que les pressions de Washington risquent de déstabiliser le régime.
Pressé par le Congrès de déclarer que la Chine " manipule " sa monnaie, Tim Geithner, secrétaire au Trésor, s'y est constamment refusé. Au dernier jour de sa session, la Chambre s'est lassée d'attendre, et elle a adopté une loi condamnant Pékin et demandant à l'administration d'en référer à l'Organisation mondiale du commerce (OMS) afin d'obtenir l'imposition de barrières douanières. Le Sénat a envisagé de se saisir du texte pendant la session d'automne. Mais les experts voient mal comment le Congrès adopterait cette loi, quelques semaines avant la visite d'Etat de Hu Jintao.
Même si l'administration Obama a créé un partenariat stratégique avec la Chine, une partie de l'appareil d'Etat continue de la voir comme une menace à la sécurité nationale. En 2009, l'Agence de sécurité nationale (NSA) a mis en garde AT & T contre un fournisseur chinois. Plusieurs sénateurs républicains ont aussi fait une démarche pour dissuader la compagnie de téléphone Sprint de choisir le géant chinois Huawei. Les Américains ne veulent pas dépendre de firmes chinoises dans les industries sensibles.
L'administration américaine s'efforce d'obtenir que la montée en puissance de la Chine s'effectue " dans le respect des normes internationales ", dit Jeff Bader.
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