Il y a cinq ans, les investisseurs ne voyaient pas bien l'intérêt pour les établissements bancaires occidentaux d'entrer au capital de banques chinoises passées un peu plus tôt par la faillite. C'est au tour des Chinois de se poser ce genre de questions. Certaines sources ont ainsi confié à Reuters que le constructeur automobile SAIC Motor s'apprêtait à dépenser 600 millions de dollars (440 millions d'euros) pour prendre 1 % du capital de General Motors (GM) à l'occasion de l'entrée en Bourse du groupe américain.
L'introduction de GM serait dopée par cette prise de participation. Le groupe américain est un acteur majeur du secteur automobile en Chine : il représente 13 % d'un marché dont la croissance est la plus dynamique du monde. GM est déjà actionnaire à 49 % de la filiale commune montée avec SAIC, et les deux sociétés opèrent ensemble en Inde. Ceux qui investiront en Bourse devraient se réjouir de voir GM multiplier les partenariats dans les régions du monde en forte croissance.
Rentabilité discutable
Mais que gagnerait SAIC à l'affaire ? L'accès à un réseau de distribution planétaire est un avantage, mais une participation de 1 % n'est pas suffisante pour garantir quelque droit que ce soit de ce côté-là. Ceux qui ont pris des intérêts dans les banques chinoises savent que détenir 20 % des parts ne garantit pas un traitement privilégié quand il est question de développer les ventes croisées. GM possède un savoir-faire technologique sophistiqué sur lequel SAIC a sûrement des vues, mais il y a peu de chances que le groupe américain le partage avec un actionnaire aussi modeste. Quant à la rentabilité financière de l'opération, elle est discutable. GM a relevé le prix d'introduction de 23 % depuis son annonce initiale alors que la firme de Detroit n'a pas dégagé un dollar de profit depuis 2004.
SAIC pourrait trouver un meilleur usage pour ses liquidités. Car à 33 dollars l'action GM - l'extrémité haute de la fourchette - il faudra débourser 627 millions de dollars, l'équivalent des deux tiers des bénéfices nets du groupe en 2009. Le constructeur ferait mieux d'investir sur son marché national, où le produit des ventes devrait progresser de 15 % en 2011.
Il est sans doute trop tard pour que SAIC recule sans faire de vagues, mais rien ne dit que l'affaire est bouclée. Il lui faut en effet d'abord obtenir l'approbation du ministère chinois du commerce. Ce qu'il n'a toujours pas obtenu. Et au vu des déceptions que les Chinois ont déjà essuyé dans des opérations du même type - la souscription de China Investment Corp à l'entrée en Bourse du groupe de capital-investissement Blackstone - Pékin pourrait la refuser. Ce qui ne serait pas une mauvaise chose pour SAIC.
Sur BreakingViews.com
Wei Gu
(Traduction de Christine Lahuec)
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