Wen Jiabao négocie aujourd'hui à Moscou avec Vladimir Poutine le prix du gaz que Pékin veut importer. La Chine a besoin des approvisionnements russes.
Derrière les sourires de façade, les difficiles négociations. Reçu aujourd'hui par Vladimir Poutine à Moscou, Wen Jiabao tentera de progresser sur le principal dossier pesant sur la relance des relations Sino-Russes : les deux Premiers ministres doivent fixer le prix du gaz que la Chine veut importer. Le géant russe Gazprom, qui prévoit de construire vers ce voisin un nouveau gazoduc afin d'augmenter des exportations pour le moment limitées, a déjà signé un contrat pour quelque 30 milliards de mètres cubes par an sur trente ans à partir de 2015. Un contrat permettant à la Russie de diversifier ses ventes en dehors de l'Europe. Mais Pékin a prévenu : il veut un prix plus faible que celui facturé aux Européens.
Longues et âpres, les négociations portent en fait sur toutes les énergies dont la Chine a besoin pour son industrie. Moscou, lui, cherche des financements pour développer de nouveaux gisements en Sibérie orientale dont les réserves seront destinées aux marchés asiatiques et non plus européens, comme c'était le cas pour les champs vieillissants de Sibérie occidentale. Les entreprises publiques pétrolières russes Rosneft et Transneft ont déjà obtenu un crédit de 25 milliards de dollars, financé par Pékin, en échange de contrats de livraison sur vingt ans. Cet été, geste symbolique, Vladimir Poutine a ouvert la section russe de l'oléoduc Sibérie-Pacifique dans la région du fleuve Amour. Le pétrole doit commencer à couler en janvier (300.000 barils par jour). La Chine pourrait rapidement devenir le principal marché du pétrole russe.
Un certain malaise
Des partenariats sont en cours pour le charbon : la Chine a signé en octobre un prêt de 6 milliards de dollars pour le développement de nouveaux gisements russes. En retour : des exportations de 15 millions de tonnes par an d'ici à 2015. La Chine devra pareillement accroître ses importations d'aluminium. Rusal ne cache pas ses ambitions alors que certains de ses fourneaux se trouvent près de la frontière chinoise.
Mais, derrière ces échanges investissements-approvisionnements, se cache un certain malaise entre le plus gros consommateur asiatique d'énergie et le producteur russe aux vastes ressources naturelles.
« Pékin méprise le modèle russe de sortie du communisme et regarde de haut Moscou », prévient un observateur occidental des relations sino-russes. « D'autant plus que, mise à part l'énergie, la Russie n'a pas grand chose à offrir. » La Russie a certes construit une centrale nucléaire en Chine. Mais les relations commerciales entre les deux pays restent limitées, loin des niveaux de celles entre Pékin et les Etats-Unis ou l'Europe. La Russie n'est que le treizième partenaire de la Chine, représentant moins de 10 % du commerce extérieur du pays. Mais ce pourcentage ne tient pas compte des nouveaux contrats dans l'énergie.
Benjamin Quénelle
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