mercredi 10 novembre 2010

Une foncière franco-chinoise mise gros sur Châteauroux - Stéphane Frachet

Les Echos, no. 20802 - Entreprises et régions, mercredi, 10 novembre 2010, p. 22

Un joint-venture franco-chinois réserve plusieurs centaines d'hectares et investit 100 millions d'euros à Châteauroux afin d'y attirer des entreprises chinoises. Une trentaine d'entrepreneurs ont visité samedi le site de l'aéroport de fret.

Une trentaine d'entreprises chinoises ont visité Châteauroux (Indre), son aéroport de fret et sa piste d'atterrissage de 3.500 mètres de long, samedi. Sous l'égide de la World Eminence Chinese Business Association (Wecba), un syndicat professionnel rassemblant les 500 premières entreprises et des collectivités locales, ce déplacement précède la création d'une zone d'activité de 850 hectares d'ici à 2017.

Pour donner du poids à ce projet de zone économique franco-chinoise annoncé fin 2009, ses promoteurs ont lâché des chiffres aussi astronomiques qu'incertains : 500 millions d'euros d'investissements et 4.000 emplois directs, faisant naître des doutes dans la population. Ce qui est sûr, c'est que la société Sino-Française de Développement Economique de Châteauroux (SFDEC) a mobilisé 100 millions d'euros afin d'attirer des entreprises asiatiques dans l'Indre. Elle espère un retour sur investissement en moins de dix ans. « Les entreprises asiatiques recherchent des têtes de pont en Europe, et notre projet était en concurrence avec ceux de Rotterdam et de Berlin, détaille Peng'en Chao, détenteur de 60 % de la SFDEC. Une implantation dans le centre de la France leur offre des possibilités vers le sud de l'Europe et vers l'Afrique. »

Ce joint-venture privé, contrôlé par l'homme d'affaires chinois, qui détient d'autres actifs dans l'énergie et l'immobilier, est dirigée par un associé français, Jacques Gautherie, ancien responsable de filiales de multinationales françaises du BTP en Chine. « Nous avons levé des fonds auprès de la Banque de développement, l'équivalent français d'Oséo, et la Fédération des industries légères a rejoint notre tour de table », résume Jacques Gautherie.

Sur l'ancienne base de l'Otan

Le premier coup de pioche sera donné fin 2011 et les travaux vont s'étaler sur cinq ans. Assistée par le cabinet d'architecture Arval, la SFDEC assure la maîtrise d'ouvrage déléguée d'une zone d'activité englobant une base militaire qui fermera mi-2012. Les collectivités locales s'engagent de leur côté à aménager une centaine d'hectares en haute qualité environnementale. « Trois ou quatre entreprises vont précéder le mouvement dès l'an prochain, dont le leader chinois de production de thé. Elles s'installeront sur des zones d'activité déjà aménagées par l'agglomération », selon un proche du dossier.

Outre sa piste apte à accueillir des avions gros-porteurs et son ciel peu encombré, l'autre atout de l'ancienne base de l'Otan est d'être classée en zone franche. « Les investissements seront défiscalisés », affirme Peng'en Shao.

La SFDEC, la Webca et les pouvoirs publics français ont identifié trois types d'entreprises : des sociétés informatiques, des plates-formes logistiques et des industriels des énergies renouvelables. Parmi les critères imposés : les investisseurs s'engagent à recruter 80 % de leur personnel sur place.

STEPHANE FRACHET

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