jeudi 16 décembre 2010

Le Japon réorganise sa défense face à la menace chinoise

Les Echos, no. 20827 - Dernière, jeudi, 16 décembre 2010, p. 16

Le gouvernement japonais a enclenché cette semaine une profonde révolution de sa stratégie de défense. Le pays, qui avait focalisé depuis la guerre froide son organisation militaire autour d'une éventuelle menace russe, a annoncé qu'il allait désormais concentrer ses efforts sur ses territoires situés au sud et à l'ouest de l'archipel, où la puissance militaire de la Chine se fait de plus en plus pressante. Dans son Plan de défense nationale, qui définit les axes de sa stratégie militaire sur les dix prochaines années, Tokyo prévoit de réduire les effectifs de ses troupes basées au nord de l'île d'Hokkaïdo pour créer des unités plus mobiles pouvant être dépêchées rapidement dans les îles du Sud mais également sur les îlots de la mer de Chine orientale revendiqués à la fois par le Japon et la Chine. Pour faire face à la modernisation de l'armée chinoise et à ses nouvelles ambitions maritimes, le gouvernement nippon compte aussi doper sa flotte de sous-marins, acquérir de nouveaux avions de combat et multiplier les bases militaires sur les terres situées au large d'Okinawa. Le pays devrait aussi chercher de nouvelles alliances avec les Etats-Unis, qui voient revenir vers eux, depuis quelques mois, plusieurs nations asiatiques qui, comme l'Inde ou le Vietnam, semblent toutes se méfier des nouvelles ambitions chinoises. Si cette réorganisation de la défense japonaise était d'ailleurs en débat depuis plusieurs années à Tokyo, les dernières provocations de Pyongyang et la récente poussée d'arrogance de la Chine dans la région auront achevé de convaincre les dirigeants japonais d'oser enclencher une réforme qui était critiquée par une partie de l'état-major. Le pays, qui avait un temps voulu croire au doux discours de « l'émergence pacifique » formulé depuis le début des années 2000 par le pouvoir chinois, a été choqué par la violente réponse de la diplomatie de Pékin à l'arrestation, en septembre dernier, du capitaine d'un chalutier chinois qui avait délibérément percuté un patrouilleur japonais dans une zone maritime revendiquée par les deux nations. Les autorités communistes s'étaient alors montrées très menaçantes et avaient laissé se multiplier les manifestations antijaponaises dans leurs grandes villes avant de calmer le jeu au moment où elles ont compris que leur agressivité réduisait à néant leur longue campagne de séduction dans la région.

YANN ROUSSEAU

PHOTO - Japanese Maritime Self-Defense Force members (L) chat with their counterparts from the U.S. Navy (C) on the MSDF helicopter carrier Hyuga in the Pacific near Minamidaito Island in Okinawa Prefecture, southern Japan, December 9, 2010, during a joint drill with the U.S. military.

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