Le bureau politique a officiellement donné la priorité à la « prudence », vendredi. Une façon de confirmer ce que la Bourse de Shanghai avait déjà compris : l'heure est au serrage de vis monétaire face aux risques d'inflation et de bulle immobilière.
Rarement la politique économique chinoise aura fait l'objet d'un consensus aussi clair. Depuis que le bureau politique du Parti communiste a annoncé, vendredi, que le pays allait désormais opter pour une politique monétaire « prudente », par opposition à celle, « relativement accommodante », qui prévalait jusqu'à présent, ce sont tous les grands acteurs du pilotage du pays, mais aussi les observateurs, qui parlent à l'unisson : gouvernement, banque centrale, économistes indépendants, marchés et même Fonds monétaire international (FMI) n'ont plus de divergence quant à la nécessité et l'imminence, d'un serrage de vis monétaire.
Les chiffres d'inflation d'octobre ont tout changé. Avec une hausse des prix à 4,4 % sur un an, qui menace encore de s'accélérer et, surtout, des prix alimentaires en augmentation de plus de 10 % sur douze mois, il n'y a désormais plus le moindre doute, pour Pékin, sur la nécessité d'enrayer, autant que possible, le phénomène.
Hausse des taux « indiscutable »
Ce changement de doctrine s'est d'ailleurs vérifié ces dernières semaines. La banque centrale a ordonné pas moins de cinq hausses des réserves obligatoires des banques cette année, dont deux depuis un mois, et elle a surtout opté, en octobre, pour la première hausse de ses taux directeurs depuis 2007. Désormais, tous les économistes pensent que ce mouvement n'était que le premier d'une série qui va se poursuivre en 2011. Ainsi, Wang Tao, chez UBS, estime-t-il que le scénario d'une nouvelle hausse des taux est devenu « indiscutable ». Elle pourrait intervenir « très prochainement ». Vendredi, c'est Andy Xie, un économiste indépendant réputé sur la Chine, qui a mis les pieds dans le plat, en évoquant la nécessité d'une hausse des taux « d'au moins » 3 points au cours des douze prochains mois. Nécessité double : il s'agit non seulement de lutter contre l'inflation, mais également de mieux rémunérer les dépôts bancaires, afin de mettre un terme à l'appauvrissement actuel de tous les épargnants chinois, dont le pécule en banque est rémunéré à des taux réels devenus négatifs.
Le vent a donc tourné, y compris au plan international : vendredi, le FMI a, à son tour, appelé Pékin à prendre des mesures ambitieuses. Il estime nécessaire de relever les taux d'intérêt, mais également de taxer la propriété immobilière. Les mesures actuelles pour limiter la spéculation immobilière, « au mieux, traitent les symptômes [_], mais pas les causes sous-jacentes et structurelles » du phénomène, estime le FMI.
Les autorités ont pourtant multiplié les initiatives, cette année, pour tenter de freiner les achats d'appartements, en bloquant par exemple les prêts pour tout achat d'une troisième résidence. Cela n'a pas empêché le promoteur Vanke d'annoncer, vendredi, qu'il avait déjà franchi les 100 milliards de yuans de ventes cette année, une première pour un groupe immobilier chinois, et surtout un chiffre atteint quatre ans avant l'objectif. Shou Chuanhua, l'un des responsables de la politique fiscale au ministère des Finances, a donc annoncé, vendredi, que le douzième plan quinquennal prévoyait l'introduction « graduelle » d'une taxe sur la propriété.
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