Les importations de métal jaune pourraient être multipliées par six cette année. Il apparaît comme un refuge face à l'inflation. Son succès traduit l'opulence nouvelle des classes aisées.
La nouvelle ruée vers l'or a lieu dans le « Far East ». C'est le constat qui s'impose à la lecture des chiffres communiqués, hier, par le président de la Bourse de Shanghai, Shen Xiangrong. D'après ce dernier, les importations en Chine du précieux métal ont atteint 209 tonnes au cours des dix premiers mois de cette année. Un chiffre à comparer aux 45 tonnes importées sur_ l'ensemble de l'année 2009. D'après certaines projections, il faut désormais s'attendre à ce que l'année 2010 se solde par une multiplication par six des importations d'or par rapport à 2009.
Les investisseurs recherchent manifestement la sécurité, car l'argent, le palladium ou encore le platine sont également à la hausse. Il y a là des causes internationales, notamment le regain d'inquiétude autour de la péninsule coréenne et de la zone euro. Mais, dans le cas chinois, un autre facteur intervient : l'envolée de l'inflation. Après avoir augmenté de 4,4 % en octobre, un record en vingt-cinq mois, les prix pourraient même déraper de 5 % en décembre, si l'on en croit une récente étude de Bank of America-Merrill Lynch.
L'alcool de riz en plein boom
Or, pour Pékin, cette dérive est potentiellement inquiétante sur le plan politique, puisqu'elle pénalise en priorité les ménages les plus modestes. Les mesures pour ralentir la machine économique, et notamment bloquer le crédit bancaire, se sont donc succédé ces derniers mois. Au point de toucher la Bourse de Shanghai qui, après plusieurs mois d'enthousiasme, est entrée dans une phase de doute à la mi-novembre.
Investir en Bourse apparaît donc désormais risqué. Au même moment, les autorités prennent des mesures sérieuses pour combattre la spéculation immobilière. Et les dépôts bancaires restent rémunérés à des niveaux inférieurs à l'inflation. Dans un pays que seuls l'Azerbaïdjan, la Libye et le Koweït dépassent en matière de propension à l'épargne (si l'on rapporte le niveau de celle-ci au PIB), l'or est donc devenu un investissement séduisant.
Les particuliers mènent la danse : à la Bourse de Shanghai, le volume des transactions sur l'or est en hausse de 43 % sur les dix premiers mois de l'année, mais de 247 % si l'on s'intéresse exclusivement aux transactions effectuées pour le compte de particuliers. Un engouement qui traduit également la nouvelle opulence de certaines classes chinoises. Laquelle se répercute sur toutes sortes de marchés, dont certains peuvent sembler inattendus. L'investissement dans l'alcool de riz local est actuellement en plein boom. Récemment, une bouteille de ce nectar s'est adjugée à 1 million de yuans.
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