vendredi 3 décembre 2010

La Chine monte en puissance dans les puces - Maxime Amiot

Les Echos, no. 20818 - High-tech & Médias, vendredi, 3 décembre 2010, p. 26

La Chine avale les compétences les unes après les autres. Déjà poumon mondial de l'électronique grand public, elle devient également l'un des centres de l'industrie des semi-conducteurs, comme le révèle une étude du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC). L'empire du Milieu est d'abord le plus grand utilisateur de puces au monde, avec 41 % de la consommation mondiale en 2010, contre 38 % en 2009, et un marché local de 101 milliards de dollars. Loin devant les Etats-Unis (17 % de la consommation mondiale), le Japon (16,9 %) et l'Europe (13,2 %). Le développement fulgurant des industriels de la high-tech dans l'empire du Milieu -allant des géants locaux, comme Lenovo ou Huawei, aux sous-traitants des grands groupes internationaux, comme Foxconn ou Quanta -, qui fabriquent tous des produits à base de semi-conducteurs, a naturellement favorisé cette tendance. Les chiffres sont d'ailleurs impressionnants : en 2009, selon PwC, 44,9 % des téléphones portables produits dans le monde étaient fabriqués en Chine. Ce chiffre atteint 60,9 % pour les PC, 48,3 % pour les téléviseurs et 80 % des appareils photos.

150 « fabs »

Mais l'expertise chinoise se situe désormais dans toute la chaîne de l'électronique. Ces dernières années, les grands groupes de semi-conducteurs y ont accéléré la relocalisation de leur process de fabrication. D'abord des activités à faible valeur ajoutée -assemblage, test -, mais de plus en plus des métiers de production, voire de R&D. La Chine concentre désormais 9,4 % de la capacité mondiale de production de puces, à 1,7 million de plaque de silicium par mois. En 2003, le pays ne pesait que 3 % des capacités mondiales. On y dénombre 150 « fabs », ces usines de fabrication qui requièrent un investissement unitaire compris entre 1 et 5 milliards de dollars. Les industriels les plus implantés ? Intel, le leader mondial des microprocesseurs, avec 2,3 milliards de dollars de revenus en 2009, en hausse de 50 %. Loin devant Hynix-Numonyx, SMIC et Freescale. Jusqu'ici centrée sur des sites d'assemblage de test et de R&D -son centre de R&D pour toute l'Asie est à Zizhu, à proximité de Shanghai -, Intel accroît encore sa présence cette année, avec l'ouverture, en octobre dernier, de sa première « fab », à Dalian, dans le nord-est du pays.

Certes, la Chine a encore des marges de progression. A l'échelle mondiale, ce sont le Japon et Taiwan qui disposent des plus grandes capacités de production de semi-conducteurs, suivis des Etats-Unis. Mais l'appétit chinois n'est certainement pas rassasié.

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