En Bourse, la croissance économique ne paie pas toujours. En Chine, elle finit même par coûter cher aux actionnaires. 2010 devrait être fameuse pour les résultats des entreprises et le produit intérieur brut attendu en hausse de plus de 10 %, faisant du pays la deuxième puissance mondiale devant le Japon et le premier consommateur d'énergie devant les Etats-Unis. Le score annuel de l'indice Composite de la Bourse de Shanghai s'annonce aussi à deux chiffres, mais en négatif. En queue de peloton de ses voisins asiatiques et à rebours des places émergentes qui affichent un gain de 16 % depuis janvier selon l'indice MSCI Emerging Markets, le marché chinois a perdu 13 % par rapport à son sommet annuel du 5 janvier.
Bien que lancée dans les fusions-acquisitions, l'innovation financière et l'internationalisation progressive de sa monnaie, la place chinoise reste coincée par les manoeuvres de sa banque centrale. Pour calmer la surchauffe économique qui fait déraper l'inflation sans pour autant tuer la poule aux oeufs d'or, la People's Bank of China mène une politique monétaire que le bureau politique du PC a récemment qualifiée de « relativement accommodante ». Dans la pratique, un dosage assez déstabilisant qui marie d'un côté six hausses du taux de réserves obligatoires des banques et un relèvement des taux directeurs il y a deux mois, le premier depuis près de trois ans, et de l'autre une croissance toujours débridée du crédit (+22,9 % sur un an en novembre) et de la masse monétaire M2 (+22,5 %) contreparties de l'explosion non stérilisée des réserves de changes.
La Bourse qui a horreur de l'incertitude ne sait trop ce qui la menace le plus l'an prochain la rigueur monétaire ou l'abondance de liquidités, et elle saisit dans l'instabilité de son voisin coréen le dernier prétexte pour reculer. L'année du tigre de métal synonyme de fébrilité inhabituelle dans tous les domaines aura tenu sa promesse. Elle s'achève le 2 février.
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