Pressions diplomatiques et manoeuvres militaires visent à enfoncer un coin entre la Chine et son allié nord-coréen.
Isoler Pékin pour faire plier Pyongyang. Barack Obama a fait monter la pression d'un cran sur la Chine, hier, pour qu'elle raisonne son turbulent allié.
Deux semaines après le bombardement nord-coréen en mer Jaune, le président américain a demandé au téléphone à son homologue Hu Jintao d'envoyer « un message clair » à Kim Jong-il. « Ses provocations sont inacceptables », a martelé l'hôte de la Maison-Blanche, à quelques semaines seulement d'une visite très attendue du dirigeant chinois à Washington. Le dossier nord-coréen fait partie des priorités sur lesquelles les États-Unis veulent voir des progrès tangibles d'ici là. L'objectif est de forcer le royaume ermite à stopper sa course au nucléaire, condition sine qua non pour que l'Amérique revienne à la table des négociations à six parrainées par la Chine.
Depuis l'attaque contre l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, l'Administration Obama mène un travail de sape pour enfoncer un coin dans l'axe Pékin-Pyongyang, dont la fragilité a été mise en lumière par certaines fuites de WikiLeaks.
Sur le plan diplomatique, elle a construit un front antichinois avec Tokyo et Séoul afin de bloquer toute reprise sans condition des pourparlers à six. Hier à Washington, les ministres des affaires étrangères sud-coréen et japonais ont affiché leur détermination lors d'une réunion trilatérale avec Hillary Clinton. « La Corée du Nord représente une menace immédiate pour la région », a dit la secrétaire d'État américaine.
Nouvelles règles d'engagement
Sur le front militaire, les alliés bandent leurs muscles pour dissuader à la fois une nouvelle attaque du Nord et aiguillonner les stratèges chinois, excédés par ce retour en force de l'US Navy au large de leurs côtes. Depuis vendredi, 44 500 militaires américains et japonais conduisent des manoeuvres aéronavales de grande ampleur au large de l'île d'Okinawa. Et hier, la Corée du Sud a entamé des exercices à tir réels, notamment en mer Jaune, bravant les avertissements du régime socialiste. « En cas de nouvelle provocation, nous mènerons des frappes aériennes », a prévenu le nouveau ministre de la Défense sud-coréen, Kim Kwan-jin. Séoul a changé ses règles d'engagement pour permettre à ses chasseurs F15 et F16, qui n'étaient pas intervenus à Yeonpyeong, de répliquer sans délai.
« La folie provocatrice ennemie a mené la péninsule coréenne dans une situation incontrôlable et extrême », a répliqué le régime socialiste, qui se présente à sa population comme une citadelle assiégée.
Une analyse reprise en filigrane par Hu Jintao pour répliquer aux pressions de Barack Obama. Le dirigeant chinois a plaidé au téléphone pour une réponse « calme et rationnelle », soulignant le risque que les tensions « échappent à tout contrôle ». Cette critique de la démonstration de force américaine indique que Pékin n'est pas prêt à lâcher son allié nord-coréen. Mais les États-Unis vont continuer leur travail de sape, « car ils n'ont pas d'alternative à la Chine pour régler la crise », glisse un diplomate.
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