mercredi 12 janvier 2011

EXPLICATION - La Chine demeure l'usine des Etats-Unis et de l'Europe

La Croix, no. 38866 - Explication, mardi, 11 janvier 2011, p. 17

L'excédent commercial de la Chine a été de 140 milliards d'euros en 2010. Son ampleur devrait alimenter les discussions la semaine prochaine entre les présidents chinois et américain à Washington. Les douanes chinoises ont estimé hier que le « commerce extérieur prend d'une manière générale une direction équilibrée », l'excédent du premier exportateur mondial étant en repli de 10 milliards d'euros par rapport à l'année précédente.

Quel est le détail des échanges ?

La Chine n'est pas excédentaire avec tous ses partenaires commerciaux. Son excédent est de 140 milliards d'euros avec les États-Unis, de 110 milliards d'euros avec l'Europe. Ces chiffres s'expliquent par les achats de produits chinois de consommation, mais ils comportent des disparités : l'Allemagne a des échanges pratiquement en équilibre avec la Chine, car elle exporte des biens d'équipement pour les usines chinoises.

Dans le même temps, la Chine importe de plus en plus de matières premières et de marchandises. Elle est en déficit de 42 milliards d'euros avec le Japon et de 12 milliards d'euros avec les autres pays asiatiques. Ces déficits sont le résultat du partage international du travail. La Chine importe, par exemple, du Japon, des écrans plats que ses ouvriers assemblent pour les exporter vers l'Europe ou les États-Unis. Avec le continent africain, la Chine est également déficitaire de 5 milliards d'euros, car elle importe pour 46 milliards d'euros de matières premières, dont du pétrole.

Comment expliquer cet excédent ?

« Les produits peu sophistiqués, comme les textiles ou les jouets, restent le socle des exportations chinoises », constate Bei Xu, chez Natixis. Les coûts salariaux chinois demeurent faibles, même si les salaires minima, différents d'une province à l'autre, ont été augmentés de 20 % l'année dernière. Le minimum salarial le plus élevé se situe à Shanghaï, avec une rémunération mensuelle de 128 €, le plus faible étant à moins de 77 € dans une province de l'intérieur. Les zones côtières chinoises commen cent à connaître une pénurie de main-d'oeuvre, ce qui contribue à augmenter les salaires.

En Chine, on observe deux mouvements industriels : certaines capacités de production se délocalisent vers l'intérieur du pays et, dans le même temps, des activités partent vers des voisins où la main-d'oeuvre est moins chère, comme le Vietnam ou le Cambodge. « Mais même si l'on regroupe les capacités de tous ces nouveaux pays, on ne peut se passer de la puissance industrielle chinoise », observe Bei Xu.

Quel est le rôle de la monnaie ?

La monnaie chinoise, collée au dollar, reste sous-évaluée. L'appréciation du yuan a été de 20 % entre 2005 et 2008, date à laquelle les autorités de Pékin ont cessé leur mouvement de réévaluation. La semaine prochaine, la reprise de ce mouvement devrait être au centre des discussions entre les présidents chinois et américain. Pour Bei Xu, « une nouvelle appréciation de 20 % de la monnaie chinoise poserait de vrais problèmes de marges aux entreprises à faible valeur ajoutée ».

COCHEZ Pierre

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