Les exportations de vins de Bordeaux se redressent, portées par l'Asie, notamment la Chine et Hong Kong. Un mouvement qui ne profite pas à tous les professionnels du vin, comme ceux qui vendent uniquement en vrac.
Après avoir sévèrement reculé en 2009 (- 14 % en volume et - 29 % en valeur), les exportations de vins de Bordeaux reprennent. A fin octobre 2010, elles étaient déjà montées à 1,68 million d'hectolitres, soit une progression de 10 % par rapport à la période précédente (de récolte à récolte), pour 1,39 milliard d'euros (+ 7 %), selon le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB).
Ces indicateurs, regardés à la loupe, puisque l'export pèse un tiers des volumes à Bordeaux, masquent toutefois d'énormes différences. Ainsi, le redressement en Europe reste modeste avec des progressions à un chiffre en Allemagne (+ 1 %) et au Royaume-Uni (+ 4 %) où l'on enregistre même une baisse du chiffre d'affaires. Quant aux Etats-Unis, les ventes reviennent seulement au niveau de l'année précédente. « C'est un marché très cyclique avec une forte sensibilité au millésime », explique Jean-Philippe Code, responsable du service économique du CIVB.
Les vins de Bordeaux progressent en revanche notablement en dehors de l'Europe avec l'Asie comme véritable locomotive et principalement la Chine (+ 71 % sur un an, à 190.000 hectolitres) dont les ventes ont été multipliées par vingt depuis 2005 et par quatre pour Hong Kong. Le Japon a aussi fortement progressé, de 14 % sur un an. Toutefois si le prix d'une bouteille de bordeaux est de 5 euros au départ pour la Chine, il grimpe à 25 euros pour Hong Kong. Conséquence, « si l'on agrège la Chine et Hong Kong, ce pays devient le premier marché à l'export en 2010. Aussi bien en valeur, à 24 %, que désormais en volume, avec 15 % », insiste Jean-Philippe Code. La cote d'amour des Chinois pour le bordeaux permet ainsi à cette appellation de progresser plus vite que l'ensemble des vins tranquilles français qui n'augmentent que de 2 % à l'export sur la même période.
La contrefaçon se développe
Malgré cela, la place de Bordeaux ne parvient pas à rééditer ses performances de 1998, lorsque l'export représentait 40 % des volumes. Cette croissance comporte aussi des risques, comme le note le consultant Christophe Macra, de retour d'un long séjour dans l'empire du Milieu : « En Chine, le vin, c'est la France, et la France, c'est Bordeaux. C'est une chance incroyable. En revanche, si la distribution se développe, même au fin fond de la Chine, elle n'est absolument pas formée. On voit aussi beaucoup d'opportunistes attirés par des gains faciles. La contrefaçon se développe et constitue un réel danger. Et sur les quantités de bordeaux exportées en Chine, je suis certain qu'une partie finit dans des bouteilles de vin chinois tout comme une bonne partie du vin chilien. »
Enfin, cette embellie, essentiellement tirée par le négoce, laisse une bonne partie du vignoble bordelais sur le côté. « Certains souffrent beaucoup, notamment ceux qui vendent uniquement en vrac, via le négoce, sans avoir de partenariat et qui sont soumis aux aléas des cours », reconnaît Jean-Philippe Code. La réforme du marché du vrac constitue d'ailleurs le chantier le plus important mis en place par le CIVB dans le cadre de son plan Bordeaux demain.
Frank Niedercorn
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