jeudi 13 janvier 2011

Pékin ne parvient pas à ralentir le crédit bancaire - Gabriel Grésillon

Les Echos, no. 20847 - International, jeudi, 13 janvier 2011, p. 7

Alors que les réserves de change s'accumulent, les autorités ne parviennent pas à enrayer la progression des crédits dans l'économie.

Certains trésors sont embarrassants. La Chine a annoncé, mardi, que ses réserves de change, les plus élevées au monde, avaient atteint un nouveau record à la fin de l'année dernière, pour s'établir à 2.850 milliards de dollars. C'est une surprise pour la plupart des économistes, car deux facteurs auraient dû la limiter. D'une part, l'érosion de l'euro au cours de cette période a dévalorisé les réserves de la Chine en devise européenne et, d'autre part, l'excédent commercial de l'empire du Milieu est à la baisse, ce qui devrait limiter les entrées de devises sur le territoire national par le biais des exportateurs. Comme l'a récemment remarqué Yu Yongding, un ancien conseiller de la banque centrale, c'est surtout la politique volontaire de stabilité du taux de change du yuan qui explique cette accumulation des réserves et les problèmes qui en découlent. Pékin a en effet publié une autre statistique importante mardi. Le volume de nouveaux crédits alloués l'année dernière s'est élevé à 7.950 milliards de yuans, soit plus que le plafond de 7.500 que les autorités s'étaient fixé. Ce qui confirme que la banque centrale, malgré deux hausses de taux d'intérêt et six hausses de réserves obligatoires imposées à ses banques, n'est pas parvenue à calmer la machine bancaire chinoise.

Calmer la machine

Le commerce extérieur chinois étant largement excédentaire, les banques sont globalement demandeuses de yuans et vendeuses d'autres monnaies. Une situation de marché normale devrait donc pousser le yuan à la hausse. Dans le cas chinois, c'est la banque centrale qui rééquilibre le marché en rachetant les devises... contre des yuans qu'elle injecte dans l'économie. Richement dotées en monnaie chinoise, les banques commerciales voient donc leurs dépôts augmenter et leur capacité à prêter faire de même. « Si la banque centrale s'en remettait plus aux mécanismes de marché pour la détermination de son taux de change, moins de réserves s'accumuleraient et la masse monétaire augmenterait moins vite », résume un économiste spécialiste de la politique monétaire chinoise.

Il y a pourtant urgence à calmer la machine bancaire, car son exubérance actuelle est une des principales causes de la poussée d'inflation dans le pays. Devant la relative inefficacité des mesures prises jusqu'à présent, la banque centrale innove et invente des techniques de pilotage monétaire inédites. Elle vient d'annoncer qu'elle allait désormais appliquer des réserves obligatoires différenciées, banque par banque, en fonction du comportement de crédit de chacune. Avec le risque évident d'introduire des distorsions sur le marché bancaire.

Gabriel Grésillon

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