Le cousin chinois de Twitter, Sina Weibo, a dépassé la barre des 50 millions d'utilisateurs
La dernière sensation du Web chinois s'appelle Sina Weibo. Lancé le 28 août 2009, ce cousin de Twitter a dépassé, en octobre 2010, la barre des 50 millions d'utilisateurs et des 25 millions de messages quotidiens. La plate-forme de « microblogging » (échange de messages courts) progresse désormais au rythme de 20 millions de nouveaux inscrits tous les deux mois.
Selon un rapport publié par le laboratoire de recherche sur l'opinion publique de l'université Jiaotong de Shanghaï, les sites de microblogging comptent plus de 125 millions d'utilisateurs en Chine - sur un total de 450 millions d'internautes - et devraient poursuivre une croissance qualifiée « d'explosive » jusqu'en 2013.
Comme le veut la règle dans l'empire du Milieu - où Google, Yahoo!, Expedia ou eBay n'ont jamais gardé l'avantage dans leurs catégories -, le principal acteur occidental, Twitter, a loupé la marche, bloqué dès juillet 2009. Le combat se joue donc à huis clos entre les principaux portails chinois : Sohu, Netease, QQ et le leader, Sina.
Outre la censure qui frappe les concurrents étrangers, tandis que les sites chinois sont habitués à faire leur propre ménage contre le politiquement incorrect et la pornographie, et la barrière linguistique, plus efficace encore, ce succès s'explique par une meilleure compréhension de la demande locale. « Sur Twitter, les Occidentaux sont tous commentateurs, mais les Chinois sur Weibo se consacrent davantage à suivre l'actualité de leurs personnalités favorites », explique Cao Di, analyste à Shanghaï pour iResearch, un cabinet spécialisé dans le suivi des tendances du Web chinois.
Dans un récent entretien au magazine australien New Weekly, le patron de Sina, Cao Guowei, se félicitait du succès de sa « stratégie des célébrités ». Les acteurs et animateurs de télévision les plus populaires du pays disposent désormais d'un compte Weibo sur lequel ils s'épanchent sur leur vie, suscitant la curiosité des foules. A ce rythme, l'actrice Yao Chen, dont le « fil » a jusqu'à présent attiré 4,7 millions d'abonnés sur Sina, pourrait s'approcher des 7,7 millions de fans qui valent à la chanteuse américaine Lady Gaga sa première position sur Twitter, et dépasser Barack Obama, suivi par 6 millions de personnes.
Autre particularité locale, les sites de microblogging sont considérés comme un véritable outil d'information, dans un pays où la crédibilité de la presse étatique s'affaisse à mesure que se popularise le Web participatif. D'autant qu'avec 140 sinogrammes, « on peut vraiment écrire un roman », comme le notait l'artiste militant Ai Weiwei lors d'un débat avec le fondateur de Twitter. Sur Sina Weibo, les internautes eux-mêmes décident de l'actualité. Plus de 73 % des internautes considèrent le microblogging comme une source « importante » d'information et 56,5 % « croient en général » ce média, selon un récent sondage publié par Le Quotidien de la jeunesse. Les auteurs de l'étude de l'université Jiaotong relèvent que 22 % des « affaires significatives » dans l'actualité de 2010 ont émergé grâce aux microblogs.
Ce succès n'échappe pas aux responsables de la propagande, qui tentent à leur tour de lancer des plates-formes. Le site du Quotidien du peuple, groupe de presse du comité central du Parti communiste, a ainsi créé un compte Weibo, sur lequel le président, Hu Jintao, a fait son apparition. « Mais les jeunes vont sur les sites de microblogging pour s'amuser et Sina l'a bien compris, relève Cao Di. La presse officielle veut en revanche les utiliser comme outils de relations publiques, ce qui est un peu maladroit. »
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