Les équipementiers mobiles ayant adopté Windows et Android vont se recentrer sur ce dernier, après que Nokia a lié son sort à celui de Microsoft. L'effacement de Nokia pendant un an ouvre un boulevard à la plate-forme de Google.
Windows Phone 7 ou Android ? Ceux qui ne savaient pas encore sur quel pied danser sont désormais fixés. Puisque Nokia a choisi de lier son sort à celui de Microsoft, les autres fabricants de téléphones voient leur salut dans le petit robot vert de Google. Le pin's Android fait d'ailleurs un tabac au Mobile World Congress. Des collectionneurs avides les traquent sur les stands. LG, Samsung, Sony Ericsson ou HTC, même s'ils s'en défendent, vont sans doute favoriser Google plus que Microsoft.
« Personne n'a envie d'adopter le système d'exploitation d'un acteur dominant, ce qui condamne Windows en dehors de Nokia », explique Benoît Flamant, d'IT Asset Management. Android, qui a été vendu sur 67 millions de « smartphones » en 2010, apparaît comme le dernier système d'exploitation réellement ouvert à tous. « Seuls RIM, Nokia et Apple ne font pas d'Android. Quant à Samsung, ils ont créé Bada, mais cela va faire "boum", car on ne peut pas multiplier les systèmes d'exploitation sur le marché », considère Benoît Flamant. Même Google s'attache à réduire la diversité des versions d'Android, qui est la principale critique : bientôt, la plate-forme pour « smartphones » (nommée Gingerbread) et celle pour tablettes (Honeycomb) vont fusionner. Quant au géant des moteurs de recherche, il redouble de séduction : « Nous aimerions que Nokia adopte Android à un moment donné et ce choix demeure possible », déclare le PDG de Google, Eric Schmidt, déçu que Microsoft lui ait été préféré. Stephen Elop, le patron de Nokia, a rejeté catégoriquement cette éventualité. De toute façon, Android n'a pas besoin de Nokia pour s'imposer. Sa part du marché des « smartphones » est passée de 3,9 % à 22,7 % en un an. Chaque jour, 300.000 terminaux Android sont activés, et 27 fabricants ont mis sur le marché 170 modèles au total. L'écosystème s'est considérablement enrichi. Avec 150.000 applications sur Android Marketplace, le petit robot vert se rapproche à grande vitesse des 350.000 apps d'Apple.
Ce raz-de-marée s'explique par la gratuité de la licence et par la latitude laissée aux constructeurs désireux d'adapter ce logiciel. Il est surtout la conséquence de l'inéluctable démocratisation des « smartphones ». Le spécialiste des réseaux mobiles Ericsson prévoit en effet que le nombre d'abonnements au haut débit mobile va passer de 600 millions en 2010 à 5 milliards en 2016. Demain, à part quelques terminaux spécialisés pour les personnes âgées, on ne vendra plus que des mobiles « intelligents » taillés pour Internet. Or, pour faire tomber leur prix à une centaine d'euros, comme cela se fait déjà en Chine, mieux vaut partager les coûts de création et d'enrichissement d'un écosystème.
Un boulevard pour Google
C'est le calcul qu'ont fait les constructeurs asiatiques, mais aussi Sony Ericsson, Motorola et les grands de l'informatique (à part HP). « Ce dont je suis le plus fier, c'est que tout cela est pour les masses, pas pour l'élite », s'est réjoui publiquement Eric Schmidt à propos de la planète Android. Un boulevard s'ouvre à Google, estime un opérateur français : « Si j'étais Samsung, LG ou HTC, j'investirais à fond sur Android cette année. Pendant neuf mois au moins, Nokia va disparaître du marché. Croyez-vous un instant que les acheteurs de terminaux chinois vont vouloir prendre du Symbian ? » D'après cet opérateur, la priorité donnée à Windows condamne le système d'exploitation développé par Nokia, en dépit des promesses de mise à jour faites par Stephen Elop. Or Symbian est populaire en Asie, où Nokia réalise ses plus gros volumes de vente.
Le constructeur finlandais s'apprête donc à vivre une année 2011 terrible, et à enregistrer des reculs importants de part de marché en Orient. « Quant à nous, nous sommes bien obligés d'acheter du Symbian en attendant », avoue le français. La priorité des opérateurs européens est d'endiguer leur dépendance envers Google et Apple. C'est d'ailleurs de ce dernier que viendra la principale menace pour Android cette année.
Que la firme à la pomme décide de sortir un iPhone Nano à 200 euros au lieu de 600 euros, et elle pourra reprendre la main. Apple a déjà prouvé qu'on peut tenir le marché du « smartphone » avec un seul modèle.
Solveig Godeluck
Les étoiles Android à Barcelone
En l'absence d'Apple et de Nokia au Mobile World Congress, Android est la vedette incontestée des nouveaux « smartphones » et tablettes. -LG Optimus 3D : le premier « smartphone » fait pour voir des images en relief sans lunettes et pour filmer en 3D. Il sera commercialisé en mai. -HTC Salsa : avec son bouton Facebook, ce tactile va un cran plus loin dans l'intégration des réseaux sociaux. -Samsung Galaxy S2 : ultra-fin (8,49 mm) et capable de filmer en haute définition, il capitalise sur le succès du Galaxy. -Sony-Ericsson Xperia Play : surnommé le « PSP Phone », son clavier coulissant le transforme en console de jeux. -Les francs-tireurs : ils ne sont pas Android, mais ils séduisent : la tablette Playbook de RIM (BlackBerry), et le tout petit « smartphone » Veer de HP (Palm).
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