Le Point, no. 2003 - Economie, jeudi, 3 février 2011, p. 74,75,76,77,78,79,80
Jean-Michel Decugis, Mélanie Delattre et Christophe Labbe
Exclusif. C'est une ahurissante histoire de milliardaires, de marchands d'art et de propriétaires de chevaux de course. Une brouille familiale qui se transforme en affaire judiciaire et révèle un redoutable système pour gagner plus d'argent et payer moins d'impôts. Une bombe dans le petit cercle des ultrariches, désormais dans le viseur du fisc.
Les voitures de police remontent à toute allure la rue La Boétie et pilent net devant le numéro 57. Au siège de l'UMP, les témoins qui assistent à la scène ont une brève frayeur. Juste le temps de se rendre compte que l'escouade de policiers en civil se dirige en fait vers le portail de l'immeuble voisin. Depuis cent cinq ans, cet hôtel particulier bunkérisé est le fief de la famille Wildenstein. L'une des plus célèbres dynasties de marchands d'art, aujourd'hui au coeur d'un scandale politico-financier. C'est à peine si les enquêteurs jettent un oeil sur les Degas et autres Toulouse-Lautrec qui tapissent les murs. Ils sont venus avec un objectif : récupérer des tableaux volés ou disparus. Quand s'ouvre la lourde porte du coffre-fort, les policiers découvrent un véritable petit musée. Du sol au plafond, sur 20 mètres carrés, sont entassées des toiles de maître et des sculptures. Les policiers repartent les bras chargés d'une trentaine d'oeuvres. Un tableau de l'impressionniste Berthe Morisot, deux dessins de Degas et des bronzes du grand sculpteur animalier Bugatti. Depuis trois semaines, cet incroyable butin dort dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre. Une prise de guerre qui pourrait causer la perte des Wildenstein. Car deux magistrats parisiens sont désormais aux trousses de cette famille que l'on croyait intouchable. Quand, le 17 novembre 2010, le juge Daieff fait perquisitionner une première fois le 57, rue La Boétie, siège de l'Institut Wildenstein, c'est pour trouver la preuve que les « W », comme on les appelle dans le milieu, ont menti sur l'étendue de leur patrimoine. En 2001, à la mort du patriarche, Daniel Wildenstein, ces richissimes collectionneurs - dont on murmure qu'ils possèdent les toiles les plus chères du monde, des Renoir, Monet, Picasso - auraient fraudé le fisc en dissimulant une grande partie de l'héritage. Alors qu'ils font l'inventaire des lieux, les policiers tombent involontairement sur des oeuvres volées ou disparues. Entre alors en scène un deuxième juge, pour recel cette fois. Cette double intrusion de la justice dans les secrets des Wildenstein inquiète les ultrariches, qui ont pris l'habitude de cacher leurs tableaux, leurs chevaux, leurs propriétés dans les paradis fiscaux via des trusts. En tirant les fils de la pelote, c'est un système industriel d'évaporation fiscale qui est mis au jour. Mieux que l'affaire Bettencourt, l'affaire Wildenstein. Une boîte à poison posée sur la table des milliardaires, qui peuvent s'attendre à une pluie de contrôles. Comme dans l'affaire Bettencourt, c'est une brouille familiale qui met le feu aux poudres. Mais, cette fois, dans le rôle de la fauteuse de troubles, une belle-mère excentrique en conflit avec ses deux beaux-fils, qu'elle accuse de l'avoir flouée. Comme dans l'affaire Bettencourt, Bercy, informé d'un soupçon de fraude fiscale, a eu un gros retard à l'allumage. Comme dans l'affaire Bettencourt, les liens avec l'Elysée sont pointés du doigt : Guy, qui a repris l'empire à la mort du patriarche, est l'un des responsables de l'UMP aux Etats-Unis, ami de Nicolas Sarkozy. Installé à New York, il règne sur la famille, ses intermédiaires et obligés. Depuis quatre générations, les W font la loi dans le monde de l'art. L'ascension du clan commence avec Nathan, un Alsacien vendeur de cravates qui, après la défaite de 1870, monte à Paris. Dans une brocante, il repère une petite toile de maître qu'il revend avec un joli bénéfice. Le voilà reconverti en marchand de tableaux. Son filon : les peintres du XVIIIe siècle, alors méprisés, qu'il propose à de riches Américains, ouvrant même une galerie à New York. Sa fortune est faite. Nathan s'offre un hôtel particulier rue La Boétie et une écurie de courses. C'est Georges, le fils, qui installe la famille au sommet. Quand il prend le pouvoir à la mort de son père, cet érudit formé à l'université met en place une organisation redoutablement efficace. « Georges a été le premier à payer des petites mains pour inventorier l'oeuvre complet d'un peintre, avec l'histoire de chaque tableau », raconte Yves Stavridès, auteur de « Marchands d'art » (Plon). Cette botte secrète, qu'on appelle le catalogue raisonné, va permettre aux Wildenstein de pister chaque toile jusqu'à son dernier propriétaire pour être les premiers à toquer à la porte quand il y a une succession. Georges, c'est aussi cette légende noire qui colle au nom des Wildenstein. Pendant l'Occupation, leur galerie n'a pas été confisquée comme bien juif. Les W se sont débrouillés pour la faire « aryaniser » via un prête-nom avec la complicité du marchand d'art officiel de Hitler. Une odeur de soufre qui remonte à la surface avec les dernières perquisitions.
« Une biche dans la jungle ». Aujourd'hui, c'est le fils et le petit-fils de Georges qui sont à leur tour éclaboussés par un scandale depuis que l'on a retrouvé dans leur coffre des oeuvres volées. Les Wildenstein sont soupçonnés de se servir dans les héritages. En gagnant la confiance des collectionneurs, ils se seraient accaparé les pièces maîtresses de leurs successions. Mais les W ont toujours été protégés par l'omerta qui règne dans le milieu de l'art. « Beaucoup de gens les craignent parce qu'ils font la pluie et le beau temps sur le marché », témoigne un galeriste parisien. Ironie du sort, celle qui a osé briser la loi du silence fait partie du clan : la seconde épouse de Daniel, Sylvia, décédée il y a deux mois, était la naïve de la famille. « Une biche dans la jungle », disent ses amis. Un soir de Saint-Valentin dans le Paris des années 50, Daniel Wildenstein, au sommet de sa gloire, tombe fou amoureux de ce jeune mannequin américain d'origine russe, ex-chanteuse de music-hall. « J'avais dîné la veille au restaurant avec lui et des amis. Le lendemain, je reçois un briquet en or avec ce mot : " Pour vous éviter l'ennui des allumettes." En dessous, son nom et son numéro de téléphone», racontait-elle au Point il y a un an et demi, de sa voix rocailleuse teintée d'un fort accent américain. Entre la belle excentrique et l'homme d'affaires redouté, l'idylle va durer quarante ans. C'est la vie facile. Chaque hiver, les Wildenstein migrent de leur appartement de l'avenue Montaigne vers leur ranch au Kenya. Une propriété de 30 000 hectares entretenue par 400 employés qui a servi de décor au film « Out of Africa ». Sylvia peut tout demander à son mari. Un jour qu'elle se plaint de la déco glaciale de l'appartement, qui fait fuir ses copines de bridge, il lui répond : « Je vais te mettre du chauffage. » Le lendemain, on sonne à la porte avec un grand paquet. A l'intérieur, un Bonnard, le « Nu rose à la baignoire », qui lui avait tapé dans l'oeil des années plus tôt. Il travaille, elle dépense... Le conte de fées prend fin à la mort de son mari, le 23 octobre 2001. Alec et Guy, ses deux beaux-fils, vont tenter de la déposséder. La biche se transforme alors en tigresse. « Ce que Sylvia n'a pas supporté, c'est que l'on touche à ses chevaux », explique Jean-Paul Gallorini, son entraîneur. Chez les Wildenstein, les chevaux, c'est sacré. Depuis 1923, la famille possède sa propre écurie, l'une des plus anciennes de l'Hexagone, reconnaissable à sa célèbre casaque bleue. Daniel avait offert une jument à sa femme pour monter sa propre casaque. Sylvia s'était prise au jeu. On la voyait régulièrement sur les champs de courses soutenir ses cracks, écharpe verte au vent, la couleur de son écurie. « Un matin, en ouvrant le Bulletin officiel des courses, j'ai découvert que les chevaux de Sylvia n'étaient plus à son nom », se souvient Gallorini. Quand elle apprend que ses « bébés », comme elle disait, appartiennent désormais à une mystérieuse société Delta Trust, elle entre en guerre.
Pour croiser le fer avec les Wildenstein, elle fait appel à Me Dumont-Beghi. Une avocate protestante qui n'appartient pas à l'establishment. Sa mission : récupérer la part d'héritage soufflée par les deux fils de Daniel. « Je l'ai choisie comme je choisis mes chevaux, au flair », nous avait confié la veuve. L'infatigable fiscaliste enchaîne les procédures, les W répliquent en la faisant condamner pour procédure abusive et en coupant les vivres à sa cliente. Du jour au lendemain, Sylvia est interdite de séjour aux îles Vierges, l'une des villégiatures du couple. Elle est convoquée à la banque pour régler un découvert de 150 000 euros, que ses amis devront l'aider à payer. « Mme Wildenstein a tout perdu, s'est ému Eduardo, son chauffeur, devant les policiers. Récemment, la seule chose qui restait payée par la fondation, c'était la carte d'essence de la voiture dans laquelle je la conduisais, et même cette carte a été retirée. »
Les chevaux et les femmes. En agissant ainsi, les fils Wildenstein cherchent-ils à régler leurs comptes avec leur père honni ? « Il fallait les voir du vivant de Daniel, toujours un mètre derrière le père », se souvient l'entraîneur Jean-Paul Gallorini. Daniel se comportait en monarque absolu. Quand Dassault lui a livré le jet qu'il avait commandé, Daniel l'a fait retapisser en une nuit parce que le bleu de la moquette ne lui convenait pas. Avec ses fils, c'est un tyran. Celui qui en souffre le plus, c'est Guy. Depuis toujours, Daniel préfère l'aîné, Alec. Le flamboyant, le séducteur. Tous les deux partagent la même passion des chevaux et des femmes. Mais l'héritier désigné ne sera jamais intronisé : entre-temps, il a menacé son ex-femme avec une arme dans son appartement de Manhattan. Décrété persona non grata aux Etats-Unis, le voilà disqualifié. Guy le mal-aimé reprend alors le flambeau. L'empire est à lui, pas question d'en laisser la moindre parcelle à Sylvia. Ce 23 octobre 2001, le corps de Daniel est à peine froid que déjà Guy intrigue avec son frère pour sortir la belle-mère du jeu. Quelques jours après le décès, alors qu'elle est sans nouvelles de ses deux beaux-fils, Sylvia reçoit un appel de l'avocat Jean-Luc Chartier, un vieil ami de la famille, par ailleurs président du Polo de Paris, l'un des clubs les huppés de la capitale. Dans un PV d'audition que Le Point révèle, elle raconte la scène : « Chartier m'a convoquée au 57 rue La Boétie et m'a dit qu'il fallait que je signe plein de papiers car Daniel était " mort fauché ", selon ses propres termes, et qu'il devait à l'Etat des millions d'euros ou de francs, je ne sais plus. » Devant les policiers qui l'ont entendue en 2009, elle précise : « Je ne sais pas ce que j'ai signé, mais je me souviens qu'il y avait un document en japonais. Je lui ai demandé ce que c'était. Jean-Luc Chartier m'a répondu qu'il ne savait pas, qu'il ne lisait pas le japonais, mais qu'il fallait signer quand même. » L'avocat a toujours nié cette version des faits. Sylvia, elle, vient de renoncer à sa part d'héritage. En contrepartie, elle peut continuer à occuper gratuitement l'appartement et se voit octroyer une rente de 30 000 euros par mois, une goutte d'eau dans la fortune des Wildenstein. Guy pense avoir raflé la mise. Triomphant, il appelle Chartier pour lui dire que sa belle-mère « a tout avalé », comme le confie son chauffeur à celui de Sylvia, qui rapportera la conversation aux policiers. Pour les deux frères, l'affaire est réglée. Mais, patatras, en 2005, la cour d'appel de Paris réintègre Sylvia dans la succession. Guy et Alec sont condamnés à verser 15 millions d'euros à leur belle-mère en guise d'à-valoir. Une somme qui permettra tout juste à la veuve d'éponger ses dettes. L'affaire ne fait que commencer. Au passage, en refaisant le calcul, les experts nommés par la cour concluent que l'héritage est cent fois plus élevé. Voyant le vent tourner et l'affaire s'ébruiter, les deux frères proposent à Sylvia 100 millions d'euros pour solde de tout compte. Refus ! Pas question de se contenter des miettes de l'empire Wildenstein... Octobre 2008, retour à la case départ, un nouveau jugement annule l'expertise. La fortune de Daniel est ramenée à 43 millions, avec cette formule surréaliste : « L'évasion du patrimoine dans des sociétés étrangères et des trusts est conforme à la tradition familiale de transmission des biens aux héritiers directs. »
Une bonne nouvelle pour tous les milliardaires adeptes de l'optimisation fiscale via des trusts. Grâce à cette astuce, les W ont rendu invisible l'essentiel de leur fortune. En 1998, Daniel ne déclarait au fisc français que 870 francs de revenu par mois. Pourtant, le plus grand marchand d'art de la planète ne cachait pas son train de vie. « Chez lui, il y avait des chefs-d'oeuvre partout, on se serait cru au Louvre », confie au Point François Bayrou, qui l'a côtoyé. Pour dénicher le magot caché des Wildenstein, Me Dumont-Beghi s'est mis en tête de déterrer tous les trusts de la famille. Petit à petit, elle dessine la carte au trésor des Wildenstein. La première croix qu'elle pose sur le papier, c'est pour le Sylvia Trust, immatriculé aux Bahamas. Il recèle dix-neuf Bonnard estimés à plus de 60 millions de dollars. Plus tard, l'avocate découvre deux nouvelles caches - le George Trust et le David Trust - du nom du grand-père et de l'un des petits-fils Wildenstein. Deux nouvelles croix sur la carte. C'est la seconde épouse d'Alec, Liouba, qui lui apporte la clé du coffre. Elle aussi s'est fait rouler à la mort de son mari, en 2007. Par vengeance, la jeune femme décide de livrer les documents de la famille Wildenstein prouvant l'existence d'une cascade de trusts. Autant de cavernes d'Ali Baba où s'entassent pêle-mêle la propriété des îles Vierges, le ranch du Kenya, un hôtel particulier à New York, des centaines de chevaux de course et surtout l'incroyable collection de tableaux. Rien que dans le Delta Trust, on trouve une centaine de toiles de maître, parmi lesquelles des Fragonard, des Picasso, plusieurs Bonnard et un David. Des oeuvres qui étaient parfois gagées auprès des banques pour obtenir de l'argent frais.
Le pigeon, c'est le fisc. «Beaucoup de tableaux ne passent jamais par les galeries ou les salles des ventes. Ils sont vendus de trust à trust et changent de mains sans que personne s'en aperçoive », décrypte un initié, familier des pratiques des marchands d'art. Dans cet immense jeu de bonneteau, le pigeon, c'est le fisc. Exit la TVA, mais aussi les droits de douane si, comme souvent, l'oeuvre est stockée dans un port franc. Une spécialité suisse pour rendre les oeuvres d'art apatrides. « Le port franc de Genève, plaque tournante du business de l'art, est équipé d'une piste d'atterrissage. L'avion privé, c'est le moyen le plus sûr pour les milliardaires de les faire sortir », poursuit notre spécialiste. Daniel Wildenstein est ainsi accusé de s'être servi de son jet privé pour exfiltrer de France la collection d'Anne-Marie Rouart, descendante du peintre Manet, dont l'une des oeuvres vient d'être retrouvée dans le coffre. Interrogé à ce sujet par un juge d'instruction en 1999, le marchand d'art avait balayé l'accusation avec mépris. Un talisman semble avoir protégé les Wildenstein depuis des années. Dès 2006, en marge des plaintes au civil dégainées par Sylvia, un magistrat zélé avait pourtant déposé une requête pour suspicion de fraude fiscale. Pourquoi ne s'est-il rien passé ? Me Dumont-Beghi a sa petite idée. « En 2009, deux ans après son élection, Nicolas Sarkozy a promu Guy commandeur de la Légion d'honneur. S'attaquer à l'ami du président, c'était s'attaquer à l'Elysée. » L'avocate a eu beau inonder Bercy de lettres recommandées, personne n'a bougé : ni les services fiscaux, ni le directeur général des finances publiques, Philippe Parini, un proche de Nicolas Sarkozy, ni le ministre du Budget d'alors, Eric Woerth. Il faudra attendre la nomination de François Baroin pour qu'enfin des agents des Impôts rendent visite au notaire de Daniel Wildenstein, le 21 décembre 2010.
Aujourd'hui acculé, Guy, le dernier représentant de la maison Wildenstein, n'a plus qu'une carte dans sa manche. Convaincre la soeur de Sylvia, seule héritière de sa belle-mère, d'opter pour un arrangement à l'amiable dans le dos de Bercy. Une solution qui permettrait de barboter au fisc des centaines de millions d'euros. « Au moment où la France gratte les fonds de tiroir pour boucler son budget, c'est indécent, s'indigne Me Dumont-Beghi. Il faut en finir avec ces délinquants milliardaires qui mettent l'économie à sac . » Désormais, la justice a la lampe-torche pour faire la lumière sur des pratiques opaques menées par les plus riches dans les paradis fiscaux. Va-t-elle profiter de l'occasion pour assainir un système de flibusterie fiscale ? Ou refermer le coffre sur une vérité qui dérange ?
Des chevaux en or
La casaque bleue des Wildenstein est une légende : la seule à afficher un palmarès de cinq prix de l'Arc-de-Triomphe, un prix d'Amérique et un prix de Diane. Créée en 1923, leur écurie compte aujourd'hui plusieurs centaines de pur-sang, dont 80 à l'entraînement en France. Clin d'oeil à leur activité de marchands d'art, les chevaux de la famille se prénomment Picasso, Aquarelliste ou Peintre Célèbre. Leur écurie est championne en matière d'optimisation fiscale. Ainsi, si leurs cracks continuent à courir en France, terre de cocagne pour les grands propriétaires grâce à un système d'allocations et de primes parmi les plus généreux du monde (2,2 millions d'euros net d'impôts en 2010 pour les Wildenstein), ils sont logés depuis 1992 dans une société offshore, Dayton Investments Ltd, immatriculée en Irlande. Ainsi, quand l'un de leurs étalons se distingue, les Wildenstein le revendent à prix d'or ou le font fructifier comme reproducteur en Irlande, où la centaine de saillies qu'il pourra faire dans l'année - facturées entre 8.0000 et 150.000 euros pièce - ne sont pas taxées.
Le casting du feuilleton Wildenstein
Sylvia Wildenstein
La veuve de Daniel est à l'origine du scandale. Elle accuse ses beaux-fils de l'avoir grugée sur l'héritage. Les plaintes qu'elle a déposées avant sa disparition menacent le clan Wildenstein.
Claude Dumont-Beghi
Elle était la voisine de Sylvia, elle est devenue son avocate. Depuis, cette fiscaliste coriace débobine la pelote des trusts qui abritent la fortune du clan.
Liouba Wildenstein
Flouée à la mort de son mari, la seconde femme d'Alec s'est vengée en révélant des documents sur l'argent de la famille. Elle a porté plainte contre x pour « menaces et tentative d'assassinat ».
Jean-Luc Chartier
Cet avocat conseille les Wildenstein depuis trente ans. Il est accusé par Sylvia de lui avoir forcé la main pour qu'elle renonce à la succession. Il a été promu commandeur de la Légion d'honneur sur le contingent d'Eric Woerth.
Eric Woerth
Alerté à plusieurs reprises sur un soupçon de fraude fiscale concernant la succession des Wildenstein, l'ex-ministre du budget n'a pas bougé. Avant la présidentielle, le trésorier de l'UMP s'est rendu à New York chez Guy.
La dynastie Wildenstein
Nathan (1851-1934) : c'est le fondateur. Cet ancien tailleur juif alsacien monte à Paris, où il fait fortune comme marchand d'art. Georges (1892-1963) : il invente la botte secrète des Wildenstein, une armée de petites mains qui constituent un fonds documentaire sans équivalent sur tous les grands peintres, afin d'être le premier sur les successions. Daniel (1917-2001) : spécialiste de Monet, il fait fructifier le nom des Wildenstein dans les salles des ventes et sur les champs de courses. Sa seconde femme, Sylvia, a déclenché la tempête judiciaire.
Chefs-d'oeuvre sous prête-nom
Ils possèdent des centaines de tableaux, mais personne ne sait exactement lesquels. Les Wildenstein dissimulent leur trésor. Comme un Caravage, « Le joueur de luth », évalué à près de 100 millions d'euros. C'est en pistant l'héritage du patriarche que l'avocate de Sylvia l'a retrouvé, caché au Met de New York, sous la discrète estampille « collection privée ». En 2003 réapparaît le décor de la Laiterie de Marie-Antoinette. Neuf tonnes de marbre offertes à Guy et Alec par leur grand-père. Le cadeau, dissimulé dans un trust, sera donné au Louvre pour payer les droits de succession.
Out of Africa
Sydney Pollack y a tourné son célèbre film. Ce ranch de 30.000 hectares au Kenya, baptisé Ol Jogi, est depuis 1985 la propriété des W, qui y passaient leurs vacances d'hiver. 200 kilomètres de pistes, 55 lacs artificiels, un terrain de golf, une piste de course automobile, 400 employés chargés d'entretenir les terrains de chasse sur lesquels Alec et Guy traquaient le lion : le domaine était aussi démesuré que le train de vie des Wildenstein. Pour desservir la réserve, la famille disposait d'un avion à demeure. Histoire d'impressionner les visiteurs, avait été installée près de la piscine, entre deux cascades, une cage en verre résistant aux balles avec deux tigres à l'intérieur...
Pourquoi les riches peuvent avoir peur
Depuis que la justice a mis son nez dans la fortune des Wildenstein, le système des trusts dans les paradis fiscaux est montré du doigt. Cette pratique, en vogue chez les milliardaires, est utilisée pour régler leur succession sans émietter leur fortune. Un montage qui permet aussi d'alléger ses impôts en toute légalité. Officiellement, le fondateur du trust se dépossède de son patrimoine au profit du trustee, censé redistribuer les revenus du trust aux bénéficiaires désignés. Mais le fondateur peut être tenté de tricher en gardant le contrôle de son patrimoine en sous-main.
870 francs
870 francs Revenu mensuel déclaré au fisc français par Daniel Wildenstein, en 1998.
60 millions d'euros Valeur estimée du Sylvia Trust, le moins bien doté des trusts Wildenstein
2,2 millions d'euros net d'impôts en 2010 : c'est ce que les Wildenstein ont gagné sur les champs de courses en France.
NOTE : Contactés par Le Point, Guy Wildenstein, Eric Woerth et leurs avocats n'ont pas souhaité nous répondre.
Le trésor sulfureux des Wildenstein Saisie. Quand la police perquisitionne le coffre fort familial. Les Wildenstein viennent d'être rattrapés par leur passé. Depuis que les policiers ont perquisitionné dans leur fief, rue La Boétie, trois plaintes ont été déposées pour recel. Et pour cause: le coffre de l'Institut Wildenstein ressemblait à la caverne d'Ali Baba. Les enquêteurs y ont trouvé une trentaine d'oeuvres signalées volées ou disparues : pêle-mêle, plusieurs bronzes de Rembrandt Bugatti,une huile de l'impressionniste Berthe Morisot et deux dessins de Degas. Depuis longtemps, une sale rumeur courait sur les W, comme on les surnomme. La colossale fortune de ces marchands d'art, qui se chiffrerait en milliards, aurait été accumulée grâce à des pratiques parfois douteuses. Lors d'une première perquisition, le 17 novembre, les enquêteurs s'étaient contentés de photographier les oeuvres du coffre dans le cadre d'un inventaire. Stupéfaction : après examen des clichés, ils repèrent plusieurs oeuvres d'origine trouble. De fil en aiguille,les policiers s'intéressent à l'huile de l'impressionniste Berthe Morisot. Cette toile, évaluée à 800 000 euros, avait disparu lors de la succession en 1993 d'Anne-Marie Rouart. Cette descendante des peintres Edouard Manet et Berthe Morisot entretenait des relations de confiance, d'amitié même, avec Daniel Wildenstein. « Avant de partir en vacances, elle lui confiait ses tableaux et ses lingots», se souvient Yves Rouart. Quand elle lègue son incroyable collection à l'Académie des beaux-arts, dont Daniel est trésorier, c'est Guy, le fils du marchand d'art, qu'elle désigne comme exécuteur testamentaire. Yves Rouart, lui, se voit confier tous les « meubles meublants » de l'appartement de Neuilly : en clair, tout le mobilier et les oeuvres accrochées au mur. Mais, au moment de récupérer les toiles, il les trouve au sol, mélangées à d'autres pièces rapatriées de différents coffres. Résultat : les tableaux ne sont plus considérés comme « meubles meublants» et ne rentrent donc plus dans l'héritage. Pour le cousin de l'académicien, « les oeuvres qui étaient au mur ont été volontairement décrochées au moment de l'inventaire ». Une accusation qui vise directement Daniel Wildenstein et François Daulte, le célèbre éditeur d'art suisse, à qui leurs fils Guy et Olivier (l'autre exécuteur testamentaire) ont délégué leur pouvoir. En 1999, deux ans après avoir déposé une première plainte contre X pour « abus de confiance, escroquerie et vol », les soupçons d'Yves Rouart sont en partie confirmés. Lors du décès de François Daulte, vingt-quatre oeuvres disparues de la succession, dont un Corot, sont retrouvées dans le coffre suisse de la famille. Pour éviter un scandale, une tractation à l'amiable est signée entre les deux parties. Mais l'affaire est aujourd'hui relancée après la découverte dans le coffre de l'Institut Wildenstein de « Chaumière en Normandie ». « On est en droit de demander aux Wildenstein où se trouve le reste des pièces disparues », prévient Yves Rouart, défendu par Me Serge Lewisch. Parmi les oeuvres manquantes figurent un Corot, trois Manet, dont la magnifique « Chanteuse de café-concert », estimée à plusieurs millions d'euros Mystère. Dans le cadre de son enquête, la PJ a entendu un célèbre galeriste parisien qui aurait été chargé, il y a quelques années, d'expertiser la « Chaumière en Normandie ». Pour le compte de qui ? L'homme assure qu'il était mandaté par un courtier. Auditionné lui aussi par les policiers, ce dernier aurait affirmé qu'Alec, le frère de Guy, lui avait demandé de trouver un acquéreur pour cette oeuvre signalée. Comment Guy pouvait-il ignorer que le tableau qui dormait dans son coffre avait disparu de la succession dont il était l'exécuteur testamentaire ? Mystère... Le Point a interrogé Guy Wildenstein et son avocat sur ces rebondissements judiciaires, sans obtenir de réponse. Lors de leur descente, les policiers ont également retrouvé plusieurs bronzes de Rembrandt Bugatti et deux dessins de Degas qui appartiendraient aux descendants de Joseph Reinach, célèbre pour avoir défendu la cause de Dreyfus. Après avoir reconnu sur photo un Bugatti et un dessin de Degas qu'il pense lui appartenir, Alexandre Bronstein a déposé une double plainte contre X pour « vol et recel ». « Joseph Reinach, mon aïeul, possédait avant-guerre une imposante collection d'art qui a été spoliée par les nazis », explique Alexandre Bronstein. Bizarrement, certaines toiles volées vont très vite refaire surface : ainsi, un tableau de Monet, « Le givre, temps gris », réapparaît en 1945 à l'occasion d'une vente à Londres après être passé par la galerie Wildenstein. Plus tard, en 1972, lors de la succession de Julie Goujon, fille de Joseph Reinach, de nombreuses oeuvres se volatilisent alors que Daniel Wildenstein est chargé de la rédaction de l'inventaire avec l'expert Durand-Ruel. Parmi les toiles manquantes : un Van Gogh, « Herbes hautes aux papillons », mystérieusement réapparu en septembre 2001 sous l'étiquette « Collection particulière » lors d'une exposition à Chicago, trente ans après sa disparition, juste quand la prescription commence à s'appliquer. « Chez les Wildenstein, les trusts font aussi office d'oubliettes pour les oeuvres récupérées de manière douteuse, raconte un fin connaisseur du milieu de l'art. Quand l'affaire est tassée ou prescrite, les tableaux ressortent comme par magie. » Daniel, le patriarche, n'expliquait-il pas lui-même : « Si demain quelqu'un me vole un tableau, je vais tout de suite porter plainte au commissariat. Mais, plus de trente ans après, le voleur peut être considéré comme son propriétaire » (1) ? Peu regardant sur l'origine des trésors qu'il abritait sous son toit, Guy, l'héritier des Wildenstein, promu commandeur de la Légion d'honneur en 2009 par Nicolas Sarkozy, devra s'expliquer devant le juge sur les soupçons de recel 1. « Le musée disparu », d'Hector Feliciano (Gallimard). Guy Wildenstein, l'ami du président Encombrant. Le marchand d'art a joué les VRP pour Sarkozy aux Etats-Unis. Nous sommes le 7 novembre 2007 à la Maison-Blanche. Nicolas Sarkozy effectue sa première visite officielle aux Etats-Unis et, ce soir-là, comme il est d'usage en pareille occasion, le président français est invité à dîner par George Bush. Ce dernier a fait les choses en grand pour honorer ce Français qui aime tant les Etats-Unis. Dans la délégation de diplomates, de ministres, de chefs d'entreprise et d'artistes qui accompagnent le président français, personne ne s'étonne de la présence de Guy Wildenstein. Tout le monde sait qu'à ce dîner officiel le marchand d'art est là à plusieurs titres. Né à New York, Wildenstein passe l'essentiel de son temps aux Etats-Unis. Il préside l'association des Américains décorés de la Légion d'honneur. Il est depuis longtemps l'un des piliers de la communauté française expatriée : il lui arrive de prêter des oeuvres d'art au consulat pour des expos, il est membre du conseil d'administration du lycée français de New York. Ce n'est pas tout : Guy Wildenstein est aussi, outre-Atlantique, l'un des responsables de l'UMP. Pendant toute la campagne présidentielle, le marchand d'art n'a pas ménagé ses efforts pour faire gagner son champion, Nicolas Sarkozy. Wildenstein a ainsi ouvert son fabuleux carnet d'adresses et son réseau (il connaît toute la gentry américaine) pour faire passer le message que Sarkozy était le meilleur. Il a même invité quelques Français expatriés et fortunés à dîner chez lui, dans son hôtel particulier de la 64e Rue, à Big Apple, lorsque certains lieutenants de Sarkozy étaient de passage. Eric Woerth, le trésorier de campagne, a ainsi eu droit en janvier 2007 à l'un de ces dîners, qui rassemblait une cinquantaine de personnes.« C'était une levée de fonds soft : on ne demandait pas explicitement de l'argent, mais il était entendu qu'on était là pour ça », raconte l'un des participants. Wildenstein a aussi organisé des rencontres pour que Patrick Devedjian ou Michel Barnier puissent expliquer en long et en large le programme de Nicolas Sarkozy. Il a encore donné des interviews pour expliquer à qui voulait l'entendre que le candidat de l'UMP était « un homme extraordinaire qui a une vraie passion pour la France ». Ce soir-là, à la Maison-Blanche, Guy Wildenstein est donc heureux. Il a beaucoup fait pour que son ami Nicolas (les deux hommes se tutoient) soit là. Et il savoure d'autant plus ce moment que, lors de ce dîner, devant les autres, Nicolas lui manifeste toute son amitié. C'est Cécilia qui est à l'origine de leur rencontre. Elle a présenté les deux hommes l'un à l'autre. Guy et Cécilia se connaissent de longue date. Avec douze ans d'écart, ils n'ont certes pas joué ensemble lorsque, enfants, ils fréquentaient les planches de Deauville, où leurs deux familles passaient tous leurs étés. Le père de Cécilia, André Ciganer, était fourreur et la grand-mère de Guy, l'une de ses fidèles clientes. Et les deux familles entretenaient de ces liens amicaux qui, été après été, ne se distendent jamais. Quand Cécilia a proposé à Guy de rencontrer Nicolas - c'était après la défaite d'Edouard Balladur, en 1995, alors que son mari entamait sa traversée du désert,« ils se sont tout de suite entendus », raconte un proche de Guy (ce dernier n'a pas souhaité répondre aux questions du Point). Proche du prince Charles Wildenstein n'est pourtant pas fasciné par les puissants. Des tycoons de l'industrie, des ministres, Guy en croise depuis l'enfance à la maison. Son père fréquentait nombre de ses clients et aimait raconter ses conversations - imaginaires, disent certains - avec le pape Paul VI ou ses bagarres - à coups de poing - avec le chanteur américain Harry Belafonte. Guy, lui, est plus modestement, mais tout à fait réellement, l'ami du prince Charles, avec qui il a joué au polo pendant près de dix ans (le prince de Galles est le parrain de son fils David), et, à ce stade, la carrière politique du nouveau mari de Cécilia ne l'impressionne guère. Guy Wildenstein est en revanche estomaqué par la volonté, le culot et le dynamisme de Sarkozy : c'est son contraire.« Guy est plutôt du genre réservé, discret : il a instantanément été subjugué », raconte un proche. Et ce d'autant que Guy adore depuis toujours la politique. Lui qui vit aux Etats-Unis la plupart du temps, il suit avec passion les débats hexagonaux. Comme s'il s'agissait d'une revanche familiale (son grand-père a longtemps bataillé pour entrer à l'Institut), Guy rêve même depuis plus de vingt ans de décrocher un siège de sénateur des Français de l'étranger (et, depuis la réforme qui crée des circonscriptions à l'étranger à partir de 2012, un siège de député). Par antigaullisme familial, il fréquente et finance (largement, dit-on) depuis longtemps les centristes aux Etats-Unis (il a été candidat à l'Assemblée des Français de l'étranger sous la bannière UDF). Mais la rencontre avec Nicolas Sarkozy change tout. « Je veux ce job » En 1997, il rejoint le RPR alors que Sarkozy termine sa traversée du désert et devient secrétaire général du parti gaulliste. Et il fait les choses en grand : via son avocat, Richard K. Bernstein, il dépose aussi la marque « Majorité présidentielle », on ne sait jamais... Lors de la création de l'UMP en 2002, alors que chiraquiens et sarkozystes étaient à couteaux tirés, il a clairement annoncé la couleur à ceux qui voulaient prendre les rênes de la branche américaine du nouveau parti : « J'ai plus d'argent que vous, plus de temps. Je veux ce job. » De quoi susciter aujourd'hui pas mal de rancoeurs. Certains parmi ceux qui le côtoient à l'Assemblée des Français de l'étranger (dont le rôle est essentiellement consultatif), où Guy Wildenstein a été réélu à l'automne dernier, confient que cela ne l'intéresse en réalité que modérément.« Il participe peu aux débats, vouvoie les participants alors que tout le monde se tutoie et repart vite avec son chauffeur, qui l'attend à l'entrée . » A l'UMP, on ne tarit pourtant pas d'éloges sur Wildenstein. D'abord parce que c'est l'ami du président.« Vous auriez entendu le discours de Nicolas Sarkozy lorsque Wildenstein a été fait commandeur de la Légion d'honneur ! Il y avait du " mon ami Guy " toutes les deux phrases », rapporte un témoin (les services de l'Elysée nous ont confié ne pas avoir archivé ce discours du 9 mars 2009, qui était improvisé). Ensuite parce que les ambitions politiques de Wildenstein ne se résument pas à son amitié pour le président de la République. A en croire Dominique Paillé, ancien conseiller chargé des Français de l'étranger à l'Elysée,« Guy Wildenstein bosse bien ses dossiers en faveur des expatriés. Je l'ai beaucoup vu au moment du débat sur la gratuité des frais de scolarité dans les lycées français à l'étranger, il a très bien défendu son affaire contre le Quai d'Orsay, qui ne voulait pas entendre parler de ça. Et il a gagné la partie. » D'autres louent sa délicatesse depuis que la presse s'intéresse à ses affaires fiscales... Et pour cause : alors que l'élection en 2012 d'un député UMP dans la circonscription d'Amérique du Nord est acquise à la majorité et que le siège revenait naturellement à Guy Wildenstein, celui-ci a accepté de se retirer sans broncher. Responsable des Français de l'étranger à l'UMP, Thierry Mariani siffle d'autant plus d'admiration qu'il a lui-même fait taire ceux qui trouvaient que Wildenstein n'était pas le meilleur candidat en leur détaillant tout ce que l'ami du président a fait en 2007.« Depuis qu'il y a des papiers pas très agréables sur lui dans la presse, il m'a toujours dit qu'il ne voulait pas que cela nuise à Nicolas et au parti. J'en connais beaucoup d'autres, qui ne tutoient pas le président, qui auraient fait de la résistance. » A vrai dire, les responsables de l'UMP ont, eux aussi, bien fait les choses. Ils n'ont pas choisi un second couteau pour remplacer Wildenstein : à la mi-décembre, ils ont désigné Christine Lagarde. Aux législatives de 2012, c'est elle qui portera donc les couleurs de l'UMP. Un choix, vu le pedigree franco-américain de la ministre de l'Economie, qui a fait taire les grincheux. Et permis à l'ami du président de garder la tête haute. Guy Wildenstein voudrait maintenant tourner la page. En chef de file de la dynastie (avec Christina Hansson, une Suédoise, il a trois enfants, mais il veille aussi sur les enfants de son frère Alec), il veut maintenant se concentrer sur la gestion de la fortune familiale. Et sur sa galerie. Il y a fort à faire. Il y a quelques mois, lui et ses associés de la prestigieuse galerie américaine Pace, spécialisée dans l'art moderne et contemporain (elle représente David Hockney ou Rothko), ont « amicalement » mis fin à leur partenariat, qui remontait à plus de quinze ans et avait fait d'eux des acteurs incontournables du marché de l'art. Même si les détails du divorce restent secrets, il se murmure que Pace aurait versé plusieurs dizaines de millions de dollars à Guy Wildenstein pour racheter une partie du stock commun. «Atmosphère d'aquarium » Autres soucis, immobiliers cette fois. Depuis 2008, la famille Wildenstein n'a pas fait que de bonnes affaires dans ce domaine. En 2008, lors de la transformation du mythique Plaza de New York en immeuble d'appartements, Guy Wildenstein a acheté 5 appartements pour la modique somme de 49,5 millions de dollars. Son idée : en faire un seul gigantesque duplex de 1200 mètres carrés. Mais, quelques mois plus tard,« l'atmosphère d'aquarium » qui régnait dans l'immeuble n'étant pas du goût de certains du clan, Guy Wildenstein a vendu l'ensemble. Et perdu beaucoup d'argent. Acheté 21 millions, l'un des appartements, celui de l'architecte Franck Lloyd Wright, vient ainsi d'être revendu, après avoir été mis en vente pendant deux ans, 13 millions de dollars. Et puis, il y a les charities. A la tête de l'American Society of The French Legion of Honor, qui distribue chaque année de 200 000 à 300 000 dollars, Guy Wildenstein doit faire face à certaines critiques. La fondation avait, voilà quelques années, 6 millions de dollars de patrimoine. Après la crise, il n'y a plus que 4 millions... Et puis, il y a surtout ces histoires avec le fisc français... Mais ça, c'est une autre histoire. © 2011 Le Point. Tous droits réservés.
Jean-Michel Decugis, Mélanie Delattre, Christophe Labbé
Romain Gubert
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