Techniquement, Weibo n'est pas autre chose que la version chinoise de Twitter. La différence est que le site de microblogging américain est un outil libre, tandis que Weibo est sous le contrôle des autorités chinoises. Au lieu d'interdire purement et simplement l'outil, elles ont fait le choix de le siniser pour mieux le contrôler, tout comme pour Internet. Résultat : Weibo supplante Twitter en Chine. Fin 2010, il y avait plus de 100 millions de microblogueurs chinois. 2010 a été baptisé l'an I de Weibo ! Aux yeux des internautes, malgré la censure et l'autocensure, la propagation de Weibo constitue une véritable révolution de l'information. Radicalement différent de la presse traditionnelle, le microblog se distingue du blog par son extraordinaire rapidité, ses messages brefs, son autonomie grâce à ses multiples supports : Internet, SMS. En 2010, pour la première fois, les affaires de corruption, les conflits sociaux, les suicides d'ouvriers chez Foxconn ou les immolations des petits propriétaires expulsés ont été rapidement relayés par Weibo auprès du public. Tout en évitant les sujets interdits, les microblogueurs, émetteurs et démultiplicateurs d'informations, ont saisi ce puissant outil pour dénoncer les injustices et défendre les droits des individus. Tout compte fait, le développement d'un outil d'information ne profite pas qu'au pouvoir. Tout comme Internet, le microblog est devenu l'un des plus puissants éclaireurs de la conscience citoyenne durant l'année 2010 et n'en est qu'à ses débuts. Face à cette réalité et à l'exemple de la révolution arabe, il ne serait pas étonnant que les autorités songent à mettre un terme définitif au microblogging en Chine.
Chen Yan
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