Deux mois après des échanges de tirs avec le Nord, Séoul rouvre les portes du dialogue.
Le dégel arrive avant l'heure sur la péninsule coréenne. Huit semaines après avoir échangé des tirs d'obus meurtriers en mer Jaune, Séoul et Pyongyang reprennent langue. Pour la première fois depuis l'attaque menée par l'artillerie du Nord contre l'île de Yeonpyeong le 23 novembre dernier, les deux Corées ont prévu des pourparlers militaires pour éviter un nouveau dérapage. Mardi prochain, dans le village frontière de Panmunjom, où un fragile armistice a mis un terme à la guerre de Corée en 1953, les deux camps tenteront de relancer des relations bilatérales au point mort, sous le regard inquiet de Washington et de Pékin.
Un nouveau chapitre qui pourrait ouvrir la voie à une rencontre entre les ministres de la Défense, puis éventuellement à un sommet intercoréen avec Kim Jong-il, a affirmé, optimiste, Lee Myung-bak, le président sud-coréen. « C'est une chance à saisir pour la Corée du Nord », a déclaré ce partisan d'une ligne dure contre Pyongyang depuis son arrivée aux affaires en 2008. « Si le Nord fait preuve de bonne volonté, nous pouvons avoir un dialogue intercoréen, des échanges économiques et reparler des négociations à six », a ajouté le dirigeant conservateur, surnommé le « traître » par la propagande socialiste.
Séoul, qui s'applique à avancer sur le chemin de la détente, ne croit pas à la sincérité des appels au dialogue lancés depuis le début de l'année par le « royaume ermite » du Nord. Le Sud a posé ses conditions pour un retour à la table des négociations : la dictature doit d'abord reconnaître sa responsabilité dans l'attaque contre Yeonpyeong, ainsi que le torpillage de la corvette Cheonan en mars dernier, qui a envoyé par le fond 46 marins. Des exigences qui augurent mal d'une percée diplomatique, selon les experts. « Il n'y a pas d'appétit pour une relance des négociations à Séoul ou Washington », estime Daniel Pinkston, de l'International Crisis Group. Car Lee refuse de suivre les traces de ses prédécesseurs, Roh Moo-hyun et Kim Dae-jung, qui avaient « acheté » le calme sur la péninsule en offrant une aide économique massive au Nord. « Nous n'ouvrirons pas notre chéquier tant qu'ils ne feront pas des concessions tangibles sur le nucléaire », confie un conseiller du président.
Sites secrets
Cette fermeté est appuyée par les États-Unis, qui s'inquiètent de l'accélération du programme atomique nord-coréen. En novembre, ils ont été pris de court par la découverte d'une usine d'enrichissement d'uranium ultramoderne à Yongbyon. Un site nucléaire secret qui en cache d'autres, selon un nouveau rapport confidentiel rendu au Conseil de sécurité de l'ONU. La Corée du Nord aurait développé à l'abri des regards un ou plusieurs autres centres capables de renforcer son arsenal, affirment les experts de l'ONU. De quoi inciter l'Administration Obama à reprendre les pourparlers à six sur le nucléaire, comme le réclame la Chine. Mais Washington exige au préalable de Pyongyang des gages en matière de dénucléarisation et une amélioration des relations avec Séoul. Le dégel pourrait attendre.
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