Les pays européens semblent très bien placés pour tirer profit de l'explosion de la demande chinoise. Après avoir été particulièrement sanctionnée par la montée en puissance de la concurrence chinoise depuis vingt ans, l'industrie européenne est en mesure de bénéficier d'une source de demande inédite, notamment dans le secteur de la consommation.
Démographie et progression des revenus constituent une source d'augmentation considérable de la classe moyenne dans les pays émergents les plus avancés. Le phénomène, très largement soutenu par la politique gouvernementale, prend des proportions exceptionnelles en Chine, où le revenu moyen approche les 4 000 dollars par habitant (2,5 fois supérieur à celui de l'Inde) et où les caractéristiques démographiques concentrent une très forte proportion d'adultes d'âge mûr à fort pouvoir d'achat relatif.
Nouveaux consommateurs
Malgré des pertes de parts de marché importantes au cours des vingt dernières années, les pays européens conservent une place très largement dominante dans les exportations mondiales de produits manufacturés. Encore peu présentes sur le marché chinois (2 % à 3 % des exportations de l'Union économique et monétaire), les entreprises européennes semblent bien positionnées pour tirer profit de la nouvelle source de demande que constitue celle des nouveaux consommateurs de classe moyenne.
Entre 2001 et 2009, la croissance des exportations des six principaux pays de l'UEM vers la Chine a atteint 20,4 % l'an en moyenne, soit un taux plus de deux fois plus élevé que celui des exportations vers le reste du monde (8,4 %). A supposer que cet écart soit maintenu, la Chine absorberait 9 % des exportations européennes en 2020, soit une part comparable à celle occupée par les débouchés américains en moyenne.
La Chine représente d'ores et déjà bien davantage qu'un seul débouché pour les biens d'équipement ou le transport dont seule l'industrie allemande pourrait tirer profit : entre 2001 et 2009, période des plus difficiles sur le plan concurrentiel, la croissance des exportations de la zone euro vers la Chine s'est en moyenne établie à plus de 20 % par an, à raison de 27 % pour les Pays-Bas, 22 % pour l'Allemagne et l'Espagne, 18 % pour la France ou la Belgique, 16 % pour l'Italie !
A ce rythme-là, la Chine deviendra pour chacun de ces pays le premier marché à l'exportation hors UEM d'ici à 2020, avec un poids comparable à celui des débouchés américains par le passé.
Véronique Riches-Flores, économiste
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