Ces derniers mois, les précipitations ont été quasi inexistantes dans le nord du pays. Les autorités se mobilisent pour tenter de soutenir la production agricole et de limiter les risques inflationnistes.
La sécheresse qui sévit actuellement dans le nord de la Chine risque-t-elle d'avoir de graves répercussions sur la production nationale de blé ? Cette hypothèse, de plus en plus ouvertement avancée, se répercute sur les cours mondiaux, déjà affectés par les inondations sans précédent en Australie et les incendies en Russie au cours de l'été dernier. Hier, un météorologue de la société British Weather Services, Jim Dale, a ajouté à l'inquiétude ambiante, en jugeant qu'il était peut-être « trop tard » pour sauver la production chinoise de blé. Evoquant l'hypothèse de précipitations n'intervenant pas avant le mois de mars, il a estimé que « les dégâts risquent d'être alors déjà faits, si ce n'est pas le cas aujourd'hui ».
En tête des priorités
Dans tout le nord du pays, les précipitations ont en effet été exceptionnellement rares ces derniers mois. Selon l'agence Xinhua, 2,8 millions de personnes seraient actuellement privées d'eau potable. A Pékin, il a fallu attendre le mois de février pour voir les premiers flocons de neige, ce qui ne s'était pas produit depuis six décennies. Les provinces du Hebei, du Shandong, du Shanxi, du Jiangsu ou de l'Anhui, toutes productrices de céréales, sont dans des situations similaires. Et les récentes précipitations ont été si limitées qu'elles ne suffiront pas à résoudre le problème. D'après le ministère de l'Agriculture, environ 36 % des plantations de blé d'hiver seraient en situation de sécheresse.
Le dossier est en tout cas en tête des priorités affichées par les autorités chinoises. Celles-ci sont en effet engagées dans un combat contre l'inflation, dans un pays où les denrées alimentaires représentent un tiers de l'indice des prix. La récente vague de froid dans le Sud, qui a nui aux productions agricoles, complique encore les choses. Le président, Hu Jintao ,et le Premier ministre, Wen Jiabao, ont donc tous deux effectué des tournées dans des zones touchées par la sécheresse. Une enveloppe de 1,4 milliard d'euros a été débloquée. En particulier, une subvention de l'équivalent d'une dizaine de dollars par hectare est proposée aux agriculteurs pour mettre en place des systèmes d'irrigation. Un mécanisme d'incitation à la production de blé est également envisagé, afin d'augmenter les surfaces agricoles consacrées à cette céréale. Il est également probable qu'une partie des stocks, qui représentent environ la moitié d'une année de récoltes, vont être mobilisés. Enfin, la Banque centrale, qui tente actuellement de freiner la propension excessive des banques à octroyer des crédits, a annoncé une exception pour le secteur agricole, promettant, hier, d'encourager les institutions financières à prêter aux agriculteurs.
Gabriel Grésillon
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