Alstom a inauguré vendredi un centre de recherche à Shanghai. Le but est de s'adapter à ce marché devenu incontournable et sur lequel se définissent les normes de demain.
S'adapter au marché chinois pour rester dans la course. C'est pour répondre à cet impératif que la branche d'Alstom spécialisée dans les réseaux électriques a inauguré, vendredi à Shanghai, un centre de recherche et développement spécialisé dans le courant à ultra-haute tension. Le PDG, Patrick Kron, a fait le déplacement pour insister sur l'importance de cet investissement de 47 millions d'euros.
De fait, la Chine est si centrale pour cette industrie qu'y être compétitif semble devenu une condition de survie à long terme. La demande d'électricité devrait plus qu'y doubler d'ici à 2020. Le douzième plan quinquennal prévoit donc un investissement de 2.500 milliards de yuans dans les réseaux (270 milliards d'euros) d'ici à 2015, dont 500 milliards pour les réseaux à ultra-haute tension.
Il y a urgence. Historiquement, le transport électrique était géré par les provinces. D'où l'absence de cohérence du réseau national. Et l'absurdité d'un système dans lequel, selon les mots du représentant en Chine d'un des leaders mondiaux de l'énergie, « on sature le réseau ferroviaire avec des trains bourrés de charbon pour les envoyer dans les zones de consommation d'électricité, plutôt que d'acheminer des électrons, ce qui serait nettement plus logique ».
Vers un « réseau intelligent »
Aujourd'hui le même problème se pose pour l'éolien : d'après une récente étude révélée par le « China Daily », plus de la moitié de l'énergie produite grâce au vent serait ainsi perdue, faute de raccord au réseau.
Au-delà des énormes investissements à venir, la Chine est surtout « en train de définir les normes de demain dans cette industrie », estime Patrick Schuler, qui dirige la stratégie en Chine d'Alstom Grid. D'abord, elle est la première à vouloir transporter, à grande échelle, du courant supérieur à 1.000 kilovolts, ce qui suppose un effort de recherche pour tous les acteurs du secteur.
Ensuite, les stratèges chinois ont fixé l'objectif, à l'horizon 2020, de disposer d'un « réseau intelligent » (« smart grid »). Un terme qui fait référence à la capacité du réseau à limiter au maximum la déperdition d'énergie. Ce qui recouvre plusieurs réalités, comme le fait de gérer un apport d'électricité inconstant en raison du vent (pour les éoliennes) ou de la météo (pour le solaire), ou encore l'optimisation en temps réel du « trafic » électrique, ce qui renvoie au développement de logiciels comme ceux d'Alstom. Bref, il devient impératif de s'adapter et de « devenir chinois en Chine », ajoute Patrick Schuler.
La bataille s'annonce toutefois intense. Grâce à l'acquisition des actifs d'Areva, Alstom n'est certes pas peu fier de s'être fait une petite place, avec ses 12 usines et ses quelque 2.000 salariés en Chine, dans un marché que semblaient s'être tacitement partagé deux géants, ABB et Siemens (au premier le nord du pays, au second le sud). Mais désormais, tous les grands de l'énergie sont là, et multiplient les investissements. China State Grid, qui gère 85 % du réseau du pays, annonce des partenariats tous azimuts, le dernier en date avec l'espagnol Red Electrica. General Electric, plus offensif que jamais, a également signé avec le mastodonte chinois pour coopérer dans la définition des futures normes de « smart grid ».
Gabriel Grésillon
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