L'équipementier de Shenzhen, dont le chiffre d'affaire a crû de 21 % l'an dernier à 10,6 milliards de dollars, commence à se faire connaître en France avec ses terminaux. Il souhaite déployer des réseaux LTE à la norme chinoise.
Connaissez-vous ZTE ? L'idéogramme ne figure pas encore sur ses téléphones, mais l'équipementier chinois affiche désormais sa marque en France. Les trois lettres ornent des clefs 3G, et deux « smartphones » bon marché vendus par Bouygues Telecom, le Link et le Blade. Orange et SFR préfèrent jusqu'à présent apposer leur propre marque sur les mobiles fabriqués par ZTE. De nouveaux « smartphones » devraient être lancés en mai, et une tablette 3G, « Light », après l'été. Orange teste également une nouvelle box construite par le ZTE.
Malgré sa discrétion, l'équipementier chinois détient à présent un peu plus de 5 % du marché français du mobile. Il a enregistré une croissance fulgurante de ses ventes dans l'Hexagone : 1 million de terminaux en 2009, 2 millions en 2010 et probablement 3 millions en 2011. A l'échelle mondiale, c'est le numéro 5 des fabricants de téléphones mobiles. ZTE en a écoulé 90 millions l'année dernière, des volumes en hausse de 50 %. C'est dans les marchés adjacents à la Chine que ZTE réalise ses plus fortes ventes.
En Europe, le fabricant chinois aimerait à présent développer son autre activité, les réseaux. Elle y est encore embryonnaire, alors que son rival et compatriote Huawei a réussi à bien s'implanter. ZTE fournit certes France Télécom, mais uniquement Outremer. Le groupe a également construit l'an dernier en Hongrie un réseau « prêt à l'emploi » pour faire du LTE (la future norme mobile). Il mise sur un effet boule de neige sur le Vieux Continent. ZTE est le numéro deux mondial de l'accès en fibre optique et a enregistré un chiffre d'affaires 2010 de 10,6 milliards de dollars, en hausse de 37 % par an en moyenne depuis cinq ans, et de 21 % en un an. Le bénéfice net a crû de 32 % en un an, à 490 millions de dollars. Le groupe a atteint une taille telle qu'il doit croître dans les marchés matures -or les Etats-Unis sont fermés aux fabricants chinois. L'explosion de la consommation d'Internet mobile devrait l'aider à s'installer sur le marché européen. Le groupe a déjà signé 15 contrats LTE dans le monde. Deux centres de recherche sont implantés en Europe, l'un à Paris pour les services à valeur ajoutée, l'autre à Stockholm, qui se concentre sur l'accès radio.
L'argument technologique
Pour Lin Cheng, qui dirige la région Europe de l'Ouest chez ZTE, la technologie chinoise du TDD (« time division duplex ») devrait se répandre en Europe avec le LTE. Jusqu'à présent c'est le FDD (« frequency division duplex ») qui y règne sans partage. Le TDD est capable de supporter plus de communications mobiles simultanément à coût égal, car les flux sont asymétriques. Le TDD-LTE va pouvoir se déployer dans des bandes de fréquences hautes, proches de 2 Ghz, qui ont justement été réservées en Europe. Lin Cheng est persuadé que China Mobile avec ses 600 millions de clients chinois va avoir un effet d'entraînement sur toute la filière : « Cet opérateur va être obligé de faire construire des terminaux compatibles avec plusieurs normes LTE, parce qu'il a des clients qui voyagent », explique-t-il. Quand le numéro un mondial du mobile propose, les équipementiers disposent... Si les « smartphones » à la norme TDD arrivent en force, cela devrait aider les opérateurs à franchir le pas et à acquérir cette nouvelle technologie. Plusieurs opérateurs y réfléchissent en tout cas, notamment T-Mobile (Deutsche Telekom).
Solveig Godeluck
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