mardi 26 avril 2011

Au gré des allées, pâles copies et autres contrefaçons - Thierry Étienne

Le Figaro, no. 20755 - Le Figaro et vous, mardi, 26 avril 2011, p. 36

Dans les galeries marchandes de Shanghaï, les Rolex de contrefaçon sont cachées dans les arrière-boutiques. On vous en propose de trois qualités à 10, 40 ou 80 euros. Au salon, les copies d'automobiles japonaises ou allemandes sont exposées au vu et au su de tout le monde, y compris des états-majors des constructeurs plagiés. Quand on souhaite produire en Chine, il faut savoir faire preuve d'une certaine souplesse...

Le style de ces automobiles de contrefaçon est souvent grossier, leur qualité toujours médiocre. Mais il faut distinguer les copies non autorisées des anciens modèles dont l'outillage a été racheté. Ainsi, les précédentes Saab 9-5 connaissent une seconde vie tout ce qu'il y a de plus officielle grâce à Baic. Un autre constructeur, BYD, pour Build Your Dreams, a récemment signé une joint-venture avec Daimler AG pour la production d'une voiture électrique sur la base de l'actuelle Classe B. Manifestement, Mercedes ne lui en veut pas d'avoir grossièrement copié le CLK. BYD produit également une FO, copie très fidèle de la Toyota Aygo, et encore la S6, qui mime le Lexus RX.

Cette année, la marque de luxe de Toyota a le privilège de voir son SUV copié une seconde fois par Huanghai avec le Landscape V3. La plupart du temps, le plagiat s'arrête aux apparences. Quand le Lexus RX roule des mécaniques V6 et hybride, son clone chinois se contente de deux 4-cylindres très ordinaires. Mais la ressemblance esthétique, y compris à l'intérieur, est confondante. Et quand on le leur fait remarquer, certains copieurs vous remercient de reconnaître la qualité de leur travail. Comble de l'ironie, BYD a déposé le dessin du S6 auprès de l'Office européen des marques. Il pourrait donc, en théorie, intenter un procès à Toyota-Lexus pour copie illicite ! Les Chinois, eux-mêmes, essuieront-ils un jour l'affront du plagiat ? C'est arrivé cette année avec l'Acumen du constructeur Changfeng. Cette Acumen se présente comme une pâle copie de la Volvo S40, marque récemment tombée dans l'escarcelle du chinois Geely. Ainsi, l'arroseur accusé d'avoir plagié Rolls-Royce se retrouve arrosé.

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