jeudi 28 avril 2011

Les équipementiers auto français veulent se rapprocher des constructeurs chinois

Les Echos, no. 20921 - Industrie, jeudi 28 avril 2011, p. 21

Après un premier contrat avec Geely, Faurecia veut continuer de se développer auprès des constructeurs chinois, promis à une croissance rapide. Le gouvernement souhaite en effet que les marques locales représentent à terme de 40 % à 60 % des ventes en
Chine.

Après avoir largement bénéficié du boom automobile chinois en fournissant les sociétés communes des constructeurs étrangers, les équipementiers français tentent de conquérir les groupes automobiles chinois. « Tout en continuant de travailler avec les joint-ventures internationales, nous voulons démarrer de façon significative avec les constructeurs chinois. Nous visons à la fois les entreprises associées à des groupes étrangers, comme FAW, SAIC, Changan ou Dongfeng et les constructeurs indépendants tels que Chery et Geely », expliquait la semaine dernière Yann Delabrière, PDG de Faurecia, au salon de Shanghai.

Le fabricant de pare-chocs et de systèmes d'échappement est encore peu présent chez ces constructeurs pourtant promis à une croissance rapide. Ils ne représentent que 5 % de son chiffre d'affaires en
Chine. Pour l'instant, le seul contrat significatif a été signé avec Geely en juillet 2010, représentant un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros d'ici à 2013. L'objectif, selon Yann Delabrière, est de porter la part de ces constructeurs à 20-25 % des ventes chinoises à l'horizon de 2015.Valeo affiche les mêmes intentions. « Nous voulons garder le rythme avec nos clients traditionnels étrangers, mais aussi accélérer avec les Chinois et accompagner leur rapide montée en gamme », indiquait il y a quelques mois son PDG, Jacques Aschenbroich. Le groupe, qui fabrique par exemple des embrayages et des démarreurs renforcés pour Chery, réalise pour l'instant 20 % de son chiffre d'affaires dans l'empire du Milieu avec les constructeurs chinois.

Cette offensive se justifie par les perspectives de croissance que représentent ces fabricants, encore inexistants il y a quinze ans. Dans un premier temps, les Chinois se sont associés avec des Occidentaux dans des entreprises communes, mais ils cherchent maintenant à développer leur propre gamme. FAW a ainsi annoncé à Shanghai son intention de lancer 16 voitures de tourisme et véhicules commerciaux fonctionnant avec « des énergies nouvelles » d'ici à 2015. SAIC veut investir 1,3 milliard d'euros dans les véhicules verts. BAIC veut, lui, faire concurrence avec des voitures développées grâce aux brevets achetés à Saab.

Objectif difficile à atteindre


Même si les ambitions affichées par les constructeurs chinois dépassent souvent leurs capacités réelles, ces annonces témoignent de leur importance croissante dans le paysage automobile. « Le gouvernement veut soutenir les marques chinoises de façon à ce qu'elles représentent à terme de 40 à 60 % du marché, explique Larry Wang, consultant chez McKinsey. Il sera difficile pour ces constructeurs d'atteindre l'objectif affiché, parce que les consommateurs préfèrent encore largement les modèles produits par les constructeurs internationaux. Mais, clairement, leur poids va augmenter dans les ventes de véhicules. »

Certains équipementiers profitent déjà bien de cette opportunité, d'autant plus importante que la
Chine ne possède pas pour l'instant de grand fournisseur automobile. C'est le cas de Continental, qui réalise déjà plus de 20 % de ses ventes locales avec les Chinois et notamment FAW, SAIC, Geely, Great Wall ou encore Chery. « Les constructeurs chinois progressent chaque année dans nos ventes, notamment parce que le contenu dans les véhicules augmente », précise Jay Kunkel, patron de l'équipementier allemand en Chine.

De l'avis de tous les équipementiers, ces constructeurs ont une caractéristique commune : ils veulent aller très vite. L'autre différence par rapport aux occidentaux serait dans le partage des tâches entre fournisseurs et constructeurs : « Avec les sociétés communes internationales, nous travaillons sur des plate-formes déjà développées en Europe, tandis que les Chinois sont en phase d'apprentissage et développent actuellement leurs véhicules, explique Yann Delabrière. Geely, par exemple, nous demande de développer presque clefs en main l'intérieur complet du véhicule. »

INGRID FRANCOIS

PHOTO - Visitors look at a SUV by Chinese auto company Geely displayed at the Shanghai Auto Show in Shanghai on April 20, 2011. About 2,000 car and parts makers from 20 countries are participating in the Shanghai auto show, showcasing 75 new car models, 19 of them making their world premieres.

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