mercredi 18 mai 2011

Les relations commerciales se tendent entre l'Europe et la Chine

Les Echos, no. 20935 - International, mercredi 18 mai 2011, p. 9

Alors que Bruxelles a annoncé samedi que l'Union européenne allait taxer les importations de certains papiers en provenance de Chine, Pékin réagit en annonçant des droits de douane sur les importations d'amidon européen.

Oeil pour oeil, dent pour dent. Vexé de la décision prise, samedi, par Bruxelles, d'imposer des droits de douane sur les importations de certains papiers glacés chinois de haute qualité, Pékin vient de réagir en annonçant qu'il allait appliquer des taxes sur les importations d'amidon de pomme de terre en provenance d'Europe. Alors que des taxes anti-dumping s'appliquaient déjà depuis mars sur l'amidon en provenance d'Europe, les autorités chinoises ont précisé qu'elles allaient y ajouter des droits de douane allant de 7,7 % à 11,9 %, en raison des subventions accordées par l'Union européenne à ce secteur.

Nouvelle posture de Bruxelles

Chen Jian, le vice-ministre du Commerce chinois, a beau assurer qu'il ne s'agit pas de représailles, le timing semble trop serré pour être le seul fruit du hasard. Samedi, Bruxelles avait en effet annoncé son intention d'augmenter les droits de douane sur le papier glacé chinois au cours des cinq prochaines années. Le fait que les subventions de l'Etat chinois soient visées constituait une première. La mesure aura, certes, des conséquences économiques faibles, puisque les importations de tels papiers en provenance de Chine se sont élevées autour de 130 millions d'euros en 2009, mais elle semble révélatrice de la nouvelle posture que Bruxelles entend adopter face à Pékin.

En fin d'année dernière, le commissaire européen au Commerce, Karel de Gucht, avait en effet estimé que les autorités chinoises subventionnent « presque tout » et incité les industriels européens à croiser le fer contre cette pratique. Ces derniers mois, les visites en Chine d'officiels européens ont toutes tourné autour du concept de réciprocité. A l'image de Michel Barnier, commissaire au Marché intérieur et aux Services, venu exiger un meilleur traitement pour les banques et les assureurs européens. Quant à Laurent Wauquiez, le ministre français des Affaires européennes, il insistait, lors de son passage à Pékin il y a deux semaines, sur la nécessité pour les Européens de faire bloc face au géant chinois et de « sortir d'une relation tour à tour naïve ou fascinée » pour défendre une approche « offensive » sur l'accès aux marchés publics en Chine. Insistant sur la récente inscription du principe de réciprocité dans la politique commerciale de l'Union, le ministre a prévenu que, en cas d'absence de progrès côté chinois sur l'accès aux marchés publics, la France pousserait à l'exclusion des entreprises chinoises des marchés publics européens.

L'actuelle visite en Chine de Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, contraste toutefois par sa tonalité très consensuelle. Tout juste l'ancien Premier ministre belge a-t-il évoqué le niveau « trop élevé » de l'euro face au yuan et la nécessité de règles commerciales « communes ». Le « China Daily » préfère insister sur les remerciements adressés à la Chine pour son soutien à l'Europe en ces temps de turbulences financières. Et publier, en une, la photo de Herman Van Rompuy visitant un centre d'aide aux handicapés financé par l'Union européenne.

Gabriel Grésillon

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