Le Temps - Suisse, samedi 7 mai 2011
Les câbles Wikileaks montrent comment Berne a fait profil bas pour sauver son traité de libre-échange avec Pékin
Ces temps-ci, outre le lancement d'éventuelles «bilatérales III» avec l'Europe, l'autre grand dessein de la Suisse en matière commerciale est son accord de libre-échange avec la Chine. Entamées à Davos en début d'année, les discussions pourraient se conclure dans 12 à 18 mois. Mais elles ont bien failli ne jamais commencer, révèle un câble diplomatique américain daté du 4 février 2010 (10BERN48).
Dans ce document, le secrétaire d'Etat à l'économie du moment, Jean-Daniel Gerber, s'entretient avec son homologue américain, Robert Hormats, des violations des brevets et droits d'auteur par des sociétés chinoises: «Gerber rapporte que les entreprises suisses continuent d'avoir d'énormes problèmes de propriété intellectuelle avec la Chine, et la Suisse espère qu'elles seront mieux protégées avec le nouveau traité de libre-échange.»
Malgré ce que l'Américain décrit comme un «assaut systématique» de la part des Chinois, la Suisse a refusé de s'associer à la plainte des Etats-Unis et de l'Union européenne sur le sujet auprès de l'OMC. Et ce, précisait Jean-Daniel Gerber selon le câble, «seulement parce que la Chine a menacé de mettre fin au projet de traité de libre-échange si la Suisse participait» à cette plainte.
Contacté, Jean-Daniel Gerber, conteste cette version: la Suisse, selon lui, a simplement préféré régler le problème à travers l'accord de libre-échange avec la Chine et a désormais bon espoir de faire aboutir au moins ce projet de traité.
A la place d'une plainte auprès de l'OMC, Berne s'est contenté de mettre sur pied un «comité d'experts» sino-helvétique en matière de propriété intellectuelle. Une solution similaire avait été trouvée après l'abandon du projet de traité de libre-échange avec les Etats-Unis, remplacé par un vague «Forum de coopération sur le commerce et les investissements». Manière, résume une source qui avait suivi les discussions côté américain, de «positiver l'échec».
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