lundi 13 juin 2011

Lagarde promet à Pékin plus de poids au sein du FMI - Arnaud de La Grange


Le Figaro, no. 20794 - Le Figaro Économie, vendredi 10 juin 2011, p. 22

Le dépôt des candidatures à la direction générale s'achève aujourd'hui.

Le chef de la diplomatie chinoise ne pouvait être plus diplomate en déclarant que « les jeux sont ouverts », avec de « nombreux candidats », pour le poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI). « Nous avons eu une bonne discussion », a ajouté Yang Jiechi, après avoir reçu Christine Lagarde. Il était inenvisageable que les Chinois se prononcent à ce stade, alors que la date de clôture des candidatures pour la direction du FMI se clôture aujourd'hui. La ministre française de l'Économie s'est dite « très satisfaite » de ses entretiens pékinois, « confiante » et « positive ». Elle a rencontré le gouverneur de la Banque centrale, Zhou Xiaochuan, le vice-premier ministre, Wang Qishan, et le ministre des Finances, Xie Xuren. Tous ces grands acteurs chinois connaissent bien Christine Lagarde, qu'ils ont souvent croisée à Davos ou dans les sommets du G20. La candidate a mis en avant « l'amitié profonde » entre les deux pays, rappelant opportunément qu'elle en était à son 26e voyage en Chine. Elle a aussi salué le « mouvement positif » de l'appréciation du yuan.

La Chine porte une double casquette. La sienne propre, de deuxième économie mondiale. Et celle de chef de file des pays émergents, alors que les BRIC (le groupe de pays formé par le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine) ont qualifié d'« obsolète » la règle non écrite attribuant la direction du FMI à un Européen.

Les deux objectifs chinois

Mais ils n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un candidat commun. Le Quotidien du peuple - voix officielle du Parti communiste chinois - a bien écrit qu'il serait souhaitable que le futur patron du FMI soit chinois. Et le Global Times, tout aussi officiel, a un temps avancé des noms de candidats possibles, comme Zhu Min, conseiller spécial auprès de Dominique Strauss-Kahn et plus haut représentant chinois actuel dans l'institution. Mais de manière réaliste, Pékin semble avoir deux objectifs : faire comprendre que c'est la dernière fois que le poste est attribué presque automatiquement à l'Europe et obtenir plus de poids dans le système. La Chine vise un des quatre postes de directeur général adjoint. Christine Lagarde semble avoir donné des assurances, en déclarant qu'il était légitime que le FMI accueille des représentants chinois « au plus haut niveau de sa direction ». En ajoutant qu'il « serait très logique et probablement désirable » que Zhu Min intervienne à ce niveau-là.

« Je pense que Pékin soutiendra la candidature française, surtout s'il n'y a pas d'autres candidats majeurs, avance Shi Yinhong, professeur de relations internationales à l'Université du peuple, la Chine sait qu'il est encore trop tôt pour avoir le premier rôle, pour elle ou un autre émergent, mais elle veut que les réformes avancent. » Et signifier que c'est bien la fin d'une époque.

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