vendredi 24 juin 2011

Les groupes japonais veulent nourrir les Chinois - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20959 - Industrie, jeudi 23 juin 2011, p. 23

Mitsubishi Corp. et deux de ses filiales spécialisées dans la production de viande vont investir plus de 1 milliard d'euros avec le géant chinois d'Etat Cofco dans une coentreprise d'élevage et de transformation de porcs et de volailles.

L'essor de la consommation alimentaire des Chinois suscite l'appétit des industriels japonais. Témoin, l'opération annoncée hier par la plus grande maison de négoce japonaise, Mitsubishi Corp. Avec deux de ses filiales, Itoham Foods et Yonekyu Corp., Mitsubishi Corp. va acquérir 33 % des activités dans la viande du géant chinois de l'agroalimentaire Cofco.

Ensemble, les partenaires prévoient de dépenser dans les cinq ans qui viennent 10 milliards de yens (1,1 milliard d'euros) pour lancer de nouveaux élevages de porcs et de volailles en Chine et bâtir sept usines de transformation de viande. Ils comptent également importer plus de viande de boeuf de l'étranger et monter de nouveaux réseaux de distribution. La nouvelle coentreprise vise un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros en 2017.

En 1998, lorsqu'il inaugurait son premier élevage de porcs et une usine de transformation de viande dans la province du Jiangsu en Chine, le japonais Yonekyu cherchait surtout à profiter des faibles coûts de production locaux pour alimenter le marché nippon. Aujourd'hui, l'objectif de Mitsubishi est tout autre : il s'agit de s'imposer dans une industrie chinoise encore très fragmentée, dominée par des producteurs de petite ou moyenne taille et, surtout, en plein essor. La population chinoise consomme déjà 28 % de la viande mondiale et sa demande devrait encore progresser dans les prochaines années. En moyenne, un Chinois ne mange actuellement que 53 kilos de viande par an quand un Américain en consomme, lui, 125 kilos.

Montée en gamme

En échange de cet accès privilégié au marché chinois, Mitsubishi et ses filiales prévoient d'offrir au groupe d'Etat Cofco les technologies et les procédures de contrôle d'hygiène qui peuvent encore lui manquer : le marché chinois est régulièrement secoué par des scandales d'intoxication alimentaire.

« L'une des missions de Cofco est de fournir des viandes et des produits transformés de plus haute qualité », expliquait, hier, Mitsubishi Corporation, qui avait établi dès 2004 un partenariat avec le groupe chinois, auquel il fournit 5 millions de tonnes de soja par an.

Conscient de leurs limites, les géants de l'agroalimentaire chinois cherchent actuellement tous à monter en gamme en s'associant souvent à des entreprises étrangères bénéficiant de savoir-faire pointus ou de marques reconnues à l'international. S'il a raté en mars dernier la prise de contrôle de Yoplait, le shanghaïen Bright Food laisse ainsi entendre qu'il est toujours à l'affût d'une grosse acquisition en Europe.

Yann Rousseau

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