Le Figaro, no. 20847 - Le Figaro, jeudi 11 août 2011, p. 1
On savait la Chine sans limite en matière de contrefaçon, depuis la découverte d'un Apple Store copié de A à Z. L'empire de la copie signe un nouveau fait d'armes avec de faux grands crus. De plus en plus de vins français, plus ou moins orthodoxes, se vendent dans les grandes surfaces chinoises. Coupés à l'eau sucrée, aux colorants ou encore aux arômes artificiels, ils se retrouvent embouteillés sous l'appellation « Vin de Bordeaux », parfois même sous le nom de grands crus avec des millésimes trentenaires. « Il y a plus de Lafite 1982 en Chine qu'il n'en a été produit en France », explique Romain Vandevoorde, importateur de vin à Pékin. D'autres copies sont plus travaillées. En substituant un vin à un autre, des revendeurs peu scrupuleux peuvent afficher des prix mirobolants, dignes de grands crus classés, pour un bordeaux ordinaire. Dans un pays où la consommation de vin reste l'apanage d'une petite élite, plus avide d'afficher un statut social en buvant des nectars étrangers que de déguster pour le simple plaisir du palais, ces faux vins trompent facilement leur public. Mais la consommation comme la connaissance des vins évoluent vite en Chine. L'empire du Milieu est devenu un des dix premiers pays consommateurs de vin en 2008 et pourrait se classer sixième dès 2014. Le temps pour les producteurs de grands crus de se faire connaître des amateurs pour que les papilles ne s'y trompent plus.
JULIE DESNÉ
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